Fantasy non-médiévale / d’inspiration extra-européenne / aux thématiques sociétales

La Fantasy « du monde d’après » existe en fait depuis avant-hier !

ApophisCes derniers jours, nous sommes un certain nombre de blogueurs et plus généralement de lecteurs réguliers de Fantasy à nous être interrogés sur un billet signé André-François Ruaud, paru sur le blog des Moutons électriques, et que vous pouvez lire ici. De la façon dont ce texte a été rédigé, il est difficile de ne pas se faire la réflexion que son auteur semble non seulement oublier certaines des parutions de sa propre maison (ce que certains intervenants n’ont d’ailleurs pas manqué de faire remarquer aux Moutons sur Twitter, en commentaires de l’article et probablement sur d’autres plates-formes), méconnaître ce que d’autres éditeurs français ont publié ces dernières années en matière de Fantasy post-médiévale et progressiste, et plus généralement n’avoir qu’une idée très floue de ce qui se fait chez les Anglo-Saxons depuis une bonne quinzaine d’années. Monsieur Ruaud n’est cependant que la partie émergée d’une immense partie du lectorat français, persuadée que le genre est resté bloqué au stade médiéval-« fantastique » inspiré par l’Europe et aux préoccupations / aux sociétés féodales, alors que ce n’est plus le cas depuis au moins quinze ans (et souvent plus longtemps).

M’étant moi-même, dans mon essai ou les articles sur lesquels il est basé (dont les plus anciens datent de… 2016), longuement penché sur les pistes de renouvellement de la Fantasy, et proposant depuis des années sur ce blog des critiques de romans de Fantasy d’inspiration extra-européenne, à un stade de développement non-médiéval (le plus souvent post-médiéval) et développant des thématiques sociétales et progressistes avec force, émotion et intelligence, je crois ne pas être trop mal placé pour vous proposer un rapide état des lieux en ces matières.

Étant donné qu’il était, de longue date, dans mes intentions de vous proposer un Guide de lecture complet sur la Fantasy d’inspiration extra-européenne (avec ce niveau de détail) et un autre sur la Fantasy non-médiévale, le présent article se veut succinct et ne donner que quelques exemples ciblés pour démontrer son propos. Les articles détaillés viendront plus tard (en fin d’année pour la Fantasy extra-européenne, par exemple).

« Nouveaux » paradigmes : la Fantasy extra-médiévale

Dans son billet, monsieur Ruaud en appelle à de « nouveaux » paradigmes dans la Fantasy, extra-médiévaux (je supposerai, pour la suite de mon propos, qu’il parle de romans à monde secondaire -imaginaire-, puisque l’Urban Fantasy et une partie de la Fantasy Historique se sont démarqués de la période médiévale depuis longtemps). Sauf qu’en 2020, lesdits paradigmes n’ont absolument rien de nouveau. Pendant des décennies, le genre a plus été inspiré par l’Antiquité, voire la Préhistoire (y compris une époque « oubliée » -comprenez : fictive- de l’Histoire de la Terre) que par le Moyen-âge : on pensera bien entendu à ces deux exemples emblématiques que sont l’âge Hyborien qui sert de cadre aux aventures du Conan de Robert E. Howard ou à l’Afrique de l’an 10 000 avant notre ère qui abrite celles d’Hadon chez Philip José Farmer, mais aussi à des exemples plus récents comme le fort injustement méconnu Qushmarrah (une allégorie de Carthage), pourtant signé par un auteur de référence, Glen Cook. La Fantasy n’a donc jamais été exclusivement ancrée dans un Moyen-âge fantasmé, même si, dans le sillage (notamment) du Seigneur des anneaux, il en est devenu le cadre privilégié.

Et de fait, cela fait déjà longtemps que certains auteurs se sont démarqués de ces deux périodes classiques en Fantasy, pour proposer des univers post-médiévaux, qu’ils soient inspirés par :

  • la Renaissance (citons par exemple Les mensonges de Locke Lamora de Scott Lynch et bien entendu le célèbre Gagner la guerre du non moins fameux Jean-Philippe Jaworski).
  • un XVIIe siècle ayant un fort parfum d’Alexandre Dumas (Les manteaux de gloire de Sébastien de Castell, L’insigne du chancelier de Dave Duncan)
  • l’Ancien Régime (La voie du dragon de Daniel « The Expanse » Hanover / Abraham)
  • la Révolution Française et l’aventure Napoléonienne (La promesse du sang de Brian McClellan ou Les mille noms de Django Wexler)
  • la conquête de l’ouest (La piste des cendres d’Emmanuel Chastellière)
  • la fin du XIXe et ses luttes ouvrières (la « Germinal Fantasy » de l’Olangar de Clément Bouhélier, A little hatred par Joe Abercrombie).
  • le tout début du XXe siècle (Three parts dead de Max Gladstone, City of broken magic de Mirah Bolender)
  • un analogue de… la Seconde Guerre mondiale (War Cry de Brian McClellan)
  • et même une allégorie des années 70 (Titanshade de Dan Stout) !

Et clairement, cette tendance, qui prend de plus en plus d’ampleur (les univers médiévaux sont lentement mais surement en train de devenir l’exception plutôt que la règle), n’a rien de nouveau : une Fantasy à poudre inspirée par l’empire colonial Britannique, se déroulant dans une Inde de Fantasy et mettant en scène des elfes et des orcs comme La souveraine des ombres de Chris Evans date de… 2008 (en VO), et L’insigne du chancelier que je citais plus haut a carrément été publié (en anglais) en… 1998 ! Donc appeler de ses vœux quelque chose qui existe en fait déjà depuis des décennies (et massivement : je n’ai cité que quelques exemples, mais il y en a beaucoup plus) et qui a pris une expansion exponentielle depuis déjà plusieurs années est pour le moins étrange, non ?

Et encore, le meilleur est peut-être à venir : en effet, s’il y a toujours eu des échanges d’idées, de codes, de tropes entre SF et Fantasy (et inversement), la tendance semble se confirmer ces derniers temps, avec notamment une Fantasy à monde imaginaire mettant en jeu le voyage temporel, ce qui fait que rien n’interdit de penser qu’un roman de Fantasy pourrait s’inspirer de deux époques (voire plus, qui sait ?) de notre Histoire à la fois !

« Nouveaux » paradigmes : s’émanciper du Moyen-âge européen

Vu qu’il cite les « chevaliers » et « les politiques féodales », il est visible que le propos de monsieur Ruaud est basé sur une vision de la Fantasy qui non seulement serait toujours, en 2020, quasi-exclusivement productrice d’univers au niveau de développement médiéval (nous venons de voir que ce n’est plus du tout vrai), mais aussi d’inspiration européenne. Là aussi, c’est faux, les contre-exemples ne manquant pas à l’appui de cette réfutation. Sans ordre particulier ni volonté d’être exhaustif (mon futur guide de lecture de la Fantasy « exotique » sera là pour ça), je vous propose un petit florilège de ce que l’édition, qu’elle soit française ou anglo-saxonne, nous a proposé dans le domaine des univers d’inspiration extra-européenne ces dernières années :

Et je suis évidemment très loin d’avoir fait le tour de tout ce qui existe et qui n’est absolument pas inspiré par les chevaliers et les princesses de l’Europe médiévale… Bref, cette fois encore, le constat est clair : le nouveau paradigme que monsieur Ruaud appelle de ses vœux est en fait déjà là… et depuis longtemps. Par exemple, le premier tome de la trilogie de l’Empire de Feist et Wurts a été publié (en VO) en … 1987, et celui du Jeu de la trame un an avant. Nous n’avons donc pas affaire à la Fantasy de demain, mais clairement à celle d’avant-hier !

Monsieur Ruaud continue : il veut que la nouvelle Fantasy du futur dépasse « cette tradition d’élus ». On lui rappellera que la notion d’élu est à l’écrasante majorité présente dans la High Fantasy et le Young Adult initiatique, mais qu’il y a des tas d’autres sous-genres qui n’utilisent pas les codes de ces registres littéraires. Mettre toute la Fantasy dans le même sac que les héritiers de Tolkien est donc d’autant moins pertinent que la part de la High Fantasy dans le genre est en net recul depuis (notamment) l’arrivée du Grimdark, qui se revendique justement haut et fort en opposition avec elle et ses codes.

« Nouveaux » paradigmes : problématiques de société / progressistes

Monsieur Ruaud continue (je cite) : « À une époque de militance écologique, sociale, raciale, féministe et LGBT, la fantasy traditionnelle, attachée aux contes de fées du XVIIIe siècle et aux romans médiévaux, s’éloigne un peu de nos rêves d’enchantement. » (je précise que je ne valide absolument pas le terme raciale, qui rappelle les heures les plus sombres de notre Histoire : je lui préfère, pour ma part, le terme « ethnique »). Et il poursuit, plus loin : « Quand nous aspirons à la reconnaissance des diversités et à l’abolition des privilèges, si la fantasy relevait le défi de la démocratie et créait de nouvelles légendes, plus proches de nos rêves d’aujourd’hui ? ». Déclarations extrêmement surprenantes quand on sait que tout au contraire, les thématiques sociétales et progressistes sont au centre d’une partie significative de la SFF des années 2010 et 2020, comme elles l’ont été, à des degrés divers, mais il est vrai plus en SF qu’en Fantasy, depuis les années soixante. Quiconque suit l’actualité de la Fantasy sait que la réputation de littérature conservatrice, voire, selon certains, réactionnaire que se traîne ce genre littéraire est caduque depuis longtemps.

Une fois encore, quelques exemples rapides :

  • Thématique LGBT : on ne compte plus, littéralement, les romans de Fantasy qui comprennent des personnages LGBT. Citons le cycle Terres de héros de Richard Morgan, À la pointe de l’épée d’Ellen Kushner, Les seigneurs de Bohen d’Estelle Faye, Full fathom five de Max Gladstone dont le protagoniste est transsexuel, The shadow throne de Django Wexler, Shorefall de Robert Jackson Bennett (à venir en français chez AMI), etc, etc, etc. Il y a même un auteur, lui-même non-binaire, qui interroge d’une façon très habile identité et expression de genre : il s’agit de Jy Yang, dans le fabuleux The black tides of Heaven.
  • Thématique écologique : on citera Olangar de Clément Bouhélier (smog, pollution pétrolière), Titanshade de Dan Stout (chasse à la baleine jusqu’à l’extinction), Rivages de Gauthier Guillemin (déforestation), Le seigneur des anneaux (eh oui !), Les sentiers des astres de Stefan Platteau (publié par les Moutons, trololol !), The tangled lands (dont la nouvelle L’alchimiste de Khaim) de Paolo Bacigalupi et Tobias S. Buckell, etc.
  • Reconnaissance des diversités : eh bien c’est simple, les romans où il n’y a que des personnages caucasiens (particulièrement au niveau du / de la protagoniste) sont clairement devenus l’exception plutôt que la règle. Il y a même des romans, comme The rage of dragons, ou Le sorcier de Terremer d’Ursula Le Guin, où aucun personnage n’est blanc !
  • Féminisme, place de la femme dans la société : citons notamment L’alchimie de la pierre d’Ekaterina Sedia, Chien du heaume de Justine Niogret, Le prieuré de l’oranger de Samantha Shannon, Le chant des cavalières de Jeanne Mariem Corrèze, Les mille noms de Django Wexler (où un personnage féminin est obligé de se travestir pour s’engager dans l’armée), le prodigieusement riche (et dur) The traitor Baru Cormorant de Seth Dickinson (où la nation au centre de l’intrigue reconnait que les femmes sont supérieures aux hommes dans certains domaines, mais les réduit aussi à ces rôles).
  • Abolition des privilèges et autres grands thèmes de société : citons le combat social et syndical du décidément prodigieux Olangar, la place de métis, des colons et des peuples conquis dans La piste des cendres d’Emmanuel Chastellière, le militarisme (The rage of dragons), la révolte anti-secteur financier toxique dans Orconomics de J. Zachary Pike, ou encore la décolonisation dans La piste des cendres (à nouveau), ou l’oppression coloniale dans La souveraine des ombres ou Soul of the world.

Bref, une fois encore, pourquoi souhaiter une « révolution » de la Fantasy qui a en fait clairement déjà eu lieu ?

En conclusion, je ne sais pas quel était le but de Monsieur Ruaud en écrivant son article, mais je viens de vous démontrer que si appeler de ses vœux plus de romans post-médiévaux / extra-européens / engagés, progressistes et intelligents est une noble intention, en revanche le fait que son texte puisse très facilement être interprété comme l’affirmation qu’une telle Fantasy 2.0 n’existe pas encore et reste à inventer (et écrire) ne peut que soulever, comme cela a été le cas, des interrogations chez les blogueurs et lecteurs de Fantasy. Bref, pour résumer en une phrase lapidaire, nul besoin d’inventer les paradigmes de la Fantasy de demain quand ce sont en réalité ceux d’hier, voire d’avant-hier…

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73 réflexions sur “Fantasy non-médiévale / d’inspiration extra-européenne / aux thématiques sociétales

  1. Je savais qu’il y avait de la diversité, mais là waouh ❤ Eh bien félicitations, grâce à toi ma wish-list vient de prendre un fantastique coup de pied au cul XD J'ai hâte de mettre la main sur ces titres, et sur les nouveaux qui s'en inspirent :3

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    • Merci ! Et encore, je suis loin d’avoir mis tout ce qui existe, il sort des romans originaux quasiment chaque semaine. J’ai vu passer un bouquin de Fantasy à monde secondaire inspiré par la colonisation / l’esclavage dans les Indes occidentales danoises, par exemple. Autant dire qu’on est très loin du médiéval-fantastique standard !

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    • Très bon article, merci.
      Au début, je ne comprenait pas trop de quoi on parlait et je me suis demandé si un jour j’arriverai à en écrire. Et puis après l’explication de texte, en réalité mon roman coche presque toutes les cases naturellement… Lgbt – écologie- diversité – abolition des privilèges – féminisme – pas d’élu – des peuples inspiration hindous – japonais – européén – de la poudre et des armes à feu…

      Je suis rassuré sur ma capacité à m’émancipé de la fantasy classique. ^^

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  2. Une fort belle réponse, posée et méthodique. Les édito du blog des moutons ont souvent l’air de tenir de la posture mais sont tellement en décalage que c’est devenu un running gag.

    J’apprends au passage que The Poppy War sort en français, je suis curieux de le lire.

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  3. Pourquoi la Fantasy devrait-elle être contaminée par tous les délires sociétaux de la bienpensance ?….Bientôt, écriture inclusive dans tous les livres et mise à l’index puis autodafé …

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  4. Article parfait qui a finalement été publié hier à ce que je vois :p je le lis ce matin avec grand plaisir et je vais m’empresser de le partager. Merci de t’être collé à l’exercice pour remettre l’église au milieu du village, comme on dit (mais sans vouloir paraître trop médiévale, ce qui serait un comble 😉(oui il est tôt, mon humour est nul, j’assume.)

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  5. Un super article, basé sur un autre dont la teneur reste surprenante. J’avoue que, lisant tes chroniques et celles de quelques autres, la réflexion de départ semble tellement incongrue que j’ai peine à imaginer la fantasy en train de stagner. Merci à toi pour la synthèse des possibilités!

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  6. Et si André François Ruaud voulait dire que ce n’était pas encore suffisant du côté des auteurs français ? Et qu’il l’avait mal exprimé ?

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    • Je trouve au contraire que les autrices et auteurs français font un boulot de qualité dans ce domaine. Je pense avoir donné assez d’exemples d’auteurs francophones pour s’en convaincre. Donc même sous cet angle là, son billet n’aurait guère de sens.

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  7. Je suis assez dubitative en effet sur le propos de cet édito. Dire que la fantasy est resté bloqué au Moyen âge, aux élus et aux prophéties, c ‘est vraiment le genre de stéréotype qui m’énerve ! Merci pour tous les exemples que tu cites. Pour ma part j’ai enchaîné récemment des romans de Nnedi Okorafor et N K Jémisin : en terme de diversité et de féminisme c’est quand même quelque chose ! 😉

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  8. Très bel article ! J’adore les romans qui se passent hors du cadre médiéval fantastique ou qui traitent de thématiques sociales actuelles (du coup je me note plein de choses). J’ajoute la trilogie de l’Empire de Janny Wurts et Raymond Feist, qui se passe dans un univers inspiré de l’Est-Asie (très Japon mais avec d’autres éléments culturels) et qui aborde beaucoup la place des femmes et les problématiques de l’esclavage.

    Je suis de plus tout à fait d’accord : c’est une posture surprenante (et, la preuve en est, difficilement tenable) que de maintenir que la fantasy est restée bloquée dans ce type de contexte médiéval et à des scénarii qui tournent autour des élus/avec des personnages où le manque de diversité est criant. On dirait les propos de personnes qui n’ont qu’une idée très superficielle de la fantasy ou n’en ont pas assez lu pour prendre conscience de la diversité réelle du genre.

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    • Merci ! Pour moi, la trilogie de l’empire est une des oeuvres les plus réussies de la Fantasy des dernières décennies, et je m’étonne toujours qu’elle ne soit pas plus connue.

      Oui, c’est le sentiment que cela donne, en effet.

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  9. Merci pour cette mise au point nécessaire ! Cet édito était très très maladroit, et + une posture pour se positionner comme « progressistes » et réclamer leur part du débat dans ces domaines là.
    De chercher à passer tout d’un coup pour « les gentils ». Sauf qu’il n’y a pas besoin de chercher à se faire passer pour quoi que ce soit et de tenir des discours à la ramasse qui ont 20 ans de retard au moins, ce sont les actes qui comptent (publications de jeunes autrices, d’auteurices racisé(e)s, d’ouvrages traitant de thématiques lgbti, d’ouvrages de fantasy traitant des thématiques citées).
    Enfin bref, difficile de vraiment décrypter les intentions de Ruaud mais ce qui est sûr c’est qu’il a manqué son coup et a laissé perplexe pas mal de monde.

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  10. C’est marrant, mais je lis le court message d’André-François Ruaud de manière un peu différente. Stricto sensu, oui, il a écrit une grosse connerie. Mais en déportant un peu le regard, on peut lire cela de manière un peu différente.
    J’y vois ainsi un peu une complainte que ce qui marche, ce qui fait du chiffre, ben c’est la fantasy traditionnelle façon GoT. Et au bout d’un moment, pour un gros lecteur, ça saoule. Les romans qui explorent des pistes différentes restent un marché de niche qui attirera celles et ceux que la thématique intéressent ou qui veulent lire quelque chose d’estampillé fantasy mais qui sort des sentiers battus.

    Après, je dois concéder que j’ai du mal à voir ce qui distingue la fantasy du roman non fantasy dans bien des cas. Certains récits se rapprochent du roman historique. Les catégories perdent en pertinence. Et à moins de se lancer dans une taxonomie de genres, avec sous-genres et sous-sous-genres, on n’en finit plus ! Cela reste du récit fictionnel, point.

    Pour revenir au message d’André-François Rouaud, la fantasy militante (tout comme la SF, mais la SF, c’est dans son ADN) qu’il appelle de ses voeux existe déjà. Et cela donne, à mon goût, le plus souvent lieu à des ouvrages particulièrement pénibles à lire, assez souvent moralisateurs. Tout devient assez vite manichéen.

    C’est d’ailleurs en tant que lecteur un de mes critères : avoir un monde tout en nuances, sans vrais méchants, ni vrais gentils. Pour ça, j’ai bien aimé Abercrombie justement.

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    • Vous voulez dire une Fantasy à genres, sous-genres et sous-sous-genres comme celle là ? 😉

      Guide de l’imaginaire

      Sinon, le prochain guide de lecture à paraître sur ce blog (avant la fin du mois si tout va bien) est justement consacré à la Dark Fantasy, et parlera donc évidemment d’Abercrombie.

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      • Toutafayyyyyyyyyyy 🙂
        Ça ne m’empêche pas de venir par moment sur votre blog que je trouve captivant. Je trouve les critiques bien faites et honnêtes.
        Je me suis fait la remarque au bout de quelques articles : tiens, voilà un gros lecteur de SF/Fantasy qui sait encore garder une fraîcheur appréciable.
        Pour tout cela merci 🙂

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  11. Ping : Brèves de comptoir #235 « Encres & Calames

  12. Très bon article !
    D’ailleurs point sémantique, dans les milieux militants français, c’est le terme « racisé » qui est utilisé aujourd’hui qui rapporte à plus que la simple ethnie, mais permet aussi d’intégrer cet aspect historique et surtout que c’est quelque chose qui a été créé et qu’on a assigné à un groupe de personnes.

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  13. Bel article !

    Je rajouterais même certains « classiques » des années 80 qui entrent très bien dans les catégories comme par exemple les Nightrunner ou les Valdemar qui sont en plein dedans pour le LGBT+ (on pourrait même citer les Anne Rice la dedans vu que c’est techniquement de l’urban fnatasy).

    La belle trilogie La Rose du Prophète de Weiss et Hickman a bien marqué ma jeunesse, niveau non médiéval.

    Comme quoi même sans sortir des sentiers battus on peut aller voir ailleurs

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  14. Merci pour l’article :). On pourrait d’ailleurs même s’interroger sur le terme « médiéval » de la Fantasy tant on est souvent dans une image d’épinal, héritée de la sclérose des « dark ages » colorée d’une touche, plus ou moins visible, de l’ambiance jeu de rôle. La fantasy française me parait d’ailleurs – pour ce que j’en ai lu – plus soucieuse d’une forme de réalisme historique. Là aussi, il y a un renouveau d’ailleurs.

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    • Pas vraiment, ou alors seulement dans le cadre de la Fantasy française, ou si l’on prend en compte le fait que cette attitude, qui existait déjà, a tendance à devenir systématique. Parce qu’un auteur comme Guy Gavriel Kay fait de la Fantasy à monde secondaire MAIS avec un très fort réalisme Historique depuis… un quart de siècle.

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      • Oui, mon point de vue est nécessairement limité par mes lectures en Fantasy. Ce n’est pas la première fois que je vois le nom de Kay : il va falloir que je franchisse le cap. Ma réflexion m’est inspirée par mes dernières lectures : omniprésence de la violence où l’on tue, torture, mutile, sans sourciller ; un mode de réflexion et consommation plus proche de celui des 30 glorieuses, et des magiciens hérités des classes de perso à la D&D.
        Je vais élargir mon panel 😉

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  15. Un édito à côté de la plaque, qui surfe sur le thème du confinement actuel mais oublie un large pan de la fantasy, comme tu l’as démontré.
    Incompréhensible de la part du patron d’un des principaux éditeurs du genre en France !

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  16. Oui il existe de slivres LGBT, féministe etc. Mais en tant que fille, je galère à trouver des livres de fantasy avec des personnages féminins qui soient principaux et pas seulement des love interest ou des princesses à sauver. Alors oui ils existent mais ils restent comme la dit qqun d’autre dans les commentaires un marché de niches. Des livres que seuls les personnes qui les auront cherché ou lisent bp de fantasy liront. Et c’est triste.
    En disant que ce type de livres existe déjà alors qu’ils sont une minorité c’est nier tout le travail auctorial et éditorial qui reste à faire pour avoir une fantasy qui créé réellement des sociétés autre, en dehors du patriarcat et du post-colonialisme.

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    • Franchement, je ne saisis pas du tout comment, en 2020, vous pouvez « galérer » à trouver des livres de Fantasy avec des personnages féminins forts et / ou des protagonistes féminins. C’est très, très, mais alors très loin de manquer dans le paysage éditorial actuel, qu’il soit francophone ou anglo-saxon. Donc je ne vois pas en quoi il s’agirait d’un marché « de niche ». Et pour ce qui est des livres proposant un modèle de société autre / contestant le modèle existant, outre le fait qu’il y en a des tonnes en SF, ils ne sont pas aussi rares ou « restant à écrire / publier » en Fantasy que vous le prétendez. Plusieurs sorties récentes, comme Le prieuré de l’oranger ou Le chant des cavalières, relèvent de ce registre.

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  17. J’avoue en être restée…dans l’incompréhension totale en lisant cet édito étrange. Je me suis même dit que qu’un troll était passé par là tellement ça m’a semblé à côté de la plaque et mal formulé.
    D’ailleurs, même en le relisant, je me fais encore la même remarque. Bref. Comme quoi, tout le monde peut écrire des conneries. ^^

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  18. Très intéressant, mille mercis ! La seule chose qui m’étonne est que le billet en question, chez moi, affiche comme autrice Mérédith Debaque et non André-François Ruaut (et la signature est assez vague: « L’équipe des Moutons électriques »).

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  19. Je l’ai déjà dit sur Twitter, mais encore merci pour ce fabuleux article qui explore toutes les diversités de la fantasy, au-delà du contexte médiéval européen. C’est un vrai plaisir de voir les dizaines d’autres contextes et thématiques qui existent, et cela en fait beaucoup à découvrir. Ta réponse à ce fameux billet est imbattable – et impeccable.

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    • Qui soit de la vraie Fantasy et pas de la Science-Fantasy ET avec un monde secondaire ? Non. Soit parce que ce que je connais se passe dans notre univers (les bouquins de Glynn Stewart, par exemple), soit parce que je n’ai pas lu les romans en question et que donc, je me garderai bien de les conseiller, soit parce qu’il s’agit de contextes de Jeu de rôle et pas de romans (comme Spelljammer, par exemple).

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  20. C’est amusant comme remarque quand on constate que d’une part la fantasy urbaine cartonne et qu’il n’y a jamais eu autant de diversité dans la fantasy que de nos jours. Cette diversité a même atteint les strates que je qualifierais de « populaires » (les lectures pour monsieur et madame tout le monde qu’on retrouve dans n’importe quelle surface de vente qui vende des livres sans être spécialiste dans le domaine (les supermarchés notamment)), ce n’est clairement plus de la lecture de « niche », c’est un phénomène qui est en marche depuis longtemps et qui a déjà parcouru beaucoup de chemin jusqu’au supermarché !
    Soit le monsieur qui a écrit ce message a hiberné pendant 20 ans, soit il ne vit pas dans notre monde…

    En tout cas, merci pour ce tour d’horizon de la diversité. J’ai pioché quelques inspirations lecture au passage ^^

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  21. Waaaaa, il pleut des idées lectures à foison ^^ j’adore, et la couverture de la prochaine critique à venir me fait battre d’amour mon petit coeur, dis moi qu’une date en français est prévue ??????

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    • Pour le Kacen Callender ? Pas à ma connaissance, non (ce qui ne veut certainement pas dire que ça ne va pas se faire un jour). Mais je peux te dire qu’en matière de fantasy engagée (anticolonialiste, anti-esclavage, anti-raciste, etc) et extra-européenne, c’est un livre de tout premier plan. Critique à venir demain, après-demain au pire 😉

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  22. Article très intéressant après lequel, encore une fois, ma wish list s’agrandit!
    Mais juste pour information Apophis, on ne dit pas transsexuel mais transgenre. Une personne trans ne se définit pas par ses parties génitales (comme le mot « sexuel » le suggère) mais par son identité de genre. Et le terme race est toujours d’actualité, utilisé (notamment par les militants racisés) pour parler du caractère social, systémique et historique du racisme.
    Bonne continuation !

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  23. Assez incompréhensible, ce communiqué… Cela fait déjà un certain temps que le médiéval ne représente qu’une portion minime de mes lectures fantasy (et en général, ce sont les plus oubliables).
    Un grand merci pour cet article et les recommandations qui le parsèment, je vais certainement puiser dedans. Et je serai très intéressée par ces guides de lecture à venir !

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  24. Ping : Apophis Box – Août 2021 | Le culte d'Apophis

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