Skinner box – Carole Johnstone

Une brillante nouvelle, entre Peter Watts et Frank Herbert

skinner_boxCarole Johnstone est une autrice écossaise, qui a obtenu le British Fantasy Award de la meilleure nouvelle en 2014. Déjà publiée par une dizaine d’éditeurs, elle nous propose aujourd’hui gratuitement (en anglais) une novelette (ou nouvelle longue, dans la terminologie française) sur cette page du site de Tor, une maison avec laquelle elle souhaitait travailler depuis longtemps.

Je ne lis pas tous les textes gratuits que Tor propose, faute de temps ou, parfois, de motivation si le résumé en 2-3 lignes donné par l’éditeur au début ne m’inspire pas. Mais en général, si je commence une nouvelle, je la termine. Celle-ci a cependant failli être l’exception : ses prémices ne me semblaient pas très réalistes, et l’info dump vraiment maladroit. Heureusement pour moi (et pour vous !), j’ai continué, et bien m’en a pris, car Skinner Box est au final un texte brillant, quelque part au carrefour entre certaines œuvres de Frank Herbert et surtout Peter Watts. Si vous êtes anglophone, je vous conseille donc vivement de lire cette novelette, dont j’espère sincèrement qu’elle sera traduite (je suis même prêt à m’en charger moi-même, avis aux éditeurs amateurs !).

Avertissement préalable : c’est un texte dur, avec de la violence, la mention de viols conjugaux et beaucoup de sexe. Âmes sensibles s’abstenir.

Base de l’intrigue, personnages

L’action se passe dans un futur proche mais indéterminé, dans un petit vaisseau (appartenant à une corporation) qui est en train de rentrer d’une mission dans les parages de Jupiter. Il y a trois personnes à bord : Mas, un ingénieur, Don, un biologiste, et sa femme Evie, qui fait des expériences avec quelque chose dans une boîte de Skinner (la nature de ladite chose ne se dévoilant qu’après un petit moment). Don viole sa femme, la bat et la rabaisse en permanence. Elle couche tous les jours avec Mas, et a désormais des fantasmes dans lesquels elle tue son très « sympathique » époux. Et… je n’en dirai pas plus. Moins vous en saurez, mieux ce sera, même si avec le peu que je vous ai expliqué, vous devriez déjà pouvoir vous bâtir une image mentale de ce texte.

Ressenti et analyse

Oui mais voilà, vous allez voir certaines choses venir, vous allez commencer (surtout si vous êtes un lecteur ne serait-ce que moyennement expérimenté) à bâtir certaines hypothèses, qui se révéleront souvent exactes. Donc le gros twist de l’autrice va se dégonfler comme un ballon crevé, pas vrai ? Eh bien non. Car ce texte est conçu comme un système de tromperies, de manipulations (du lecteur, des personnages) et de révélations imbriquées qui va vous laisser pantois d’admiration et forcément réussir à vous surprendre à un moment ou un autre (et parfois même d’un paragraphe à l’autre !). Quelle audace, quel talent ! Bref, à part un déballage d’informations en effet pas terrible, et une fin qui, à mon goût, aurait dû intervenir quelques paragraphes plus tôt, rien à redire, c’est du très, très lourd (il suffit de voir avec quels auteurs j’ai comparé Johnstone, pourtant inconnue sous nos latitudes). J’aurais aimé vous en dire plus sur les thématiques ou les tropes SF utilisés, mais à moins de vous gâcher votre lecture (ce qui serait franchement criminel, même pour un être à l’alignement Chaotique mauvais comme moi), c’est bien entendu impossible. Rendez-vous dans les commentaires de cet article ! On peut toutefois mentionner une évidente thématique féministe (viol conjugal, femme battue).

Niveau d’anglais : facile.

Probabilité de traduction : allo, allo, monsieur Erwann Perchoc, dites-moi, dites-moi, que vous allez traduire ce texte !

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10 réflexions sur “Skinner box – Carole Johnstone

  1. En effet, c’est bien. L’info dump ne m’a pas gêné plus que ça. C’est suffisamment court pour être supportable. Je mettrai toutefois un bémol qui est que cela ressemble en effet beaucoup à un certain roman de Frank Herbert. Et le titre vend pas mal la mèche.

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