Les étoiles sont légion – Kameron Hurley

Frustrant, encore une fois

etoiles_legion_hurleyJe vous ai déjà parlé de Kameron Hurley, et je vous en reparlerai en 2019, lorsque je critiquerai The light brigade. Pour tout dire, je pourrais presque reprendre la conclusion de ma critique d’Elephants and corpses mot pour mot et l’appliquer à Les étoiles sont légion, titre faisant partie de la deuxième vague du lancement d’Albin Michel Imaginaire et sortant le 31 octobre 2018. Car si je devais résumer mon sentiment sur ce roman, j’emploierais le mot « frustrant ». Du worldbuilding à l’intrigue, l’auteure ne va jamais au bout de sa démarche, et, au moins pour le premier, les remerciements nous apprennent que c’est tout à fait intentionnel. Bref, je vais laisser à Kameron Hurley une dernière chance de me convaincre avec sa SF militaire,  mais clairement, si l’impression reste la même, j’irais voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Vous aurez donc compris que je ne vais pas me joindre au concert de louanges émanant des lecteurs de la VO ou de ceux, encore plus précoces que moi, de la VF.

Gilles Dumay présente ce livre comme « un space opera féministe ». Mouais. Déjà, pour moi on est plus sur du Planet Opera, si même on est sur de la SF (malgré la couverture -impeccable- très marquée par le genre signée Manchu). Parce qu’en terme d’ambiance, de décors ou de péripéties, j’ai souvent eu l’impression d’être… dans de la Fantasy. Pas sur des critères taxonomiques (encore que…) mais du fait de l’atmosphère générée et du gros manque d’explications scientifiques. Et pour ce qui est du côté féministe, je dirais que je pense ce roman certes taillé pour un lectorat féminin… mais qu’il risque cependant de le dégoûter en raison de son esthétique très particulière et du véritable viol institutionnalisé qui est un des points clefs de son worldbuilding. Bref, quel que soit l’angle d’analyse, j’en viens toujours à la même conclusion : ce roman en fait toujours trop ou pas assez, et ne trouve jamais le juste milieu, peinant ainsi à me convaincre. Enfin, au moins, voilà qui va un peu revitaliser mon cycle SF biologique

Univers, personnages principaux, bases de l’intrigue *

* Second life syndrome, Riverside, 2005 (<– Ceci est un monument de la musique moderne).

Toute l’intrigue se déroule sur plusieurs vaisseaux-mondes organiques (je vais y revenir) tournant sur des orbites proches (formant la « Ceinture extérieure ») autour d’une étoile orange (classe K), le centre du système étant caché par un « brouillard » (l’auteure aurait pu se fendre du mot « nébuleuse », ça ne coûtait pas plus cher mais on aurait eu l’impression d’être dans de la SF, au moins). L’ensemble (étoile + ceinture) forme ce que l’on appelle la Légion. L’un des astronefs, la Mokshi, est justement venu du cœur mystérieux de cette dernière (aucun vaisseau-monde ne se déplace, normalement), et est donc l’objet des convoitises des deux plus puissantes « familles » de cette civilisation, les Katazyrna et les Bhavaja. En effet, son contrôle pourrait signifier celui de la Légion tout entière.

Les vaisseaux-mondes ont bien quelques éléments métalliques (même si, apparemment, le métal est très rare, et donc précieux), mais pour l’essentiel, ce sont de complexes systèmes organiques, vivants, avec des artères, une circulation de fluide, la faculté de s’auto-régénérer en cas de dommages… mais aussi celle de tomber malade, ce qui semble être le cas de la plupart d’entre eux, à des degrés divers. La matière organique, qu’il s’agisse de celle des humaines (précision importante, ce livre ne comprend pas un seul personnage masculin -au passage, la mise en avant des femmes est récurrente chez cette autrice- ) ou d’autres vaisseaux, est une ressource si précieuse (car rare) que lors des batailles spatiales, que ce soit pour le contrôle de la Mokshi ou de mondes mineurs affiliés ni aux Katazyrna, ni aux Bhavaja, les cadavres sont récupérés et recyclés. Et les mondes capturés servent essentiellement de gisements de matière pour soigner / régénérer le vôtre. Sur un plan bassement matériel, ils ressemblent à des sphères (urbi et orbi, donc) munies de tentacules servant à capter les ressources.

J’ai employé le terme « d’humaines », mais on peut avoir des doutes, car nombreuses sont les mutantes parmi elles, sans parler des Sorcières, détentrices de ce qui reste de la connaissance sur les systèmes des vaisseaux, ou d’utérus qui peuvent accoucher de bien autre chose qu’une petite fille de plus. En effet, créer de nouveaux humains ne semble pas être une priorité pour le vaisseau, qui contrôle la biologie de ses passagères, et certains systèmes reproducteurs ont été reprogrammés pour accoucher… d’autre chose. Disons que certaines femmes sont devenues une source de pièces détachées pour les composants organiques du vaisseau, tandis que d’autres donnent naissance à des choses dont la place dans les écosystèmes internes reste à définir, mais qui sont un assez clair hommage à Alien vs Predator : Requiem ou un film similaire. Dans sa dimension « le vaisseau d’abord, les passagers ensuite », ce roman prend donc un contre-pied total de David Zindell dans Inexistence, par exemple.

Nous allons suivre principalement deux personnages en alternance d’un chapitre à l’autre (pas forcément sur une base 1/1, d’ailleurs, on peut enchaîner plusieurs chapitres consacrés à une des femmes avant de revenir à l’autre), Zan et Jayd. La première se réveille, amnésique, et la seconde lui explique qu’elle est sa « sœur » et que Zan est la générale qui a conduit à de multiples reprises les armées Katazyrna à l’assaut de la Mokshi. Ces attaques ont été systématiquement repoussées, et Zan a été la seule à 1/ survivre, 2/ pénétrer dans la Mokshi et 3/ en ressortir. Devant ses échecs, elle a été « recyclée » (on mettra un moment à comprendre ce que cela signifie) avant que Anat, Seigneure (sic) Katazyrna (la mère de Jayd) ne lui redonne une chance (vous remarquerez au passage que plusieurs noms de personnages viennent tout droit des mythologies cananéenne ou égyptienne : Neith, Anat, etc). L’auteure nous fait cependant rapidement comprendre que Jayd et Zan ont un plan pour la Légion, qui ne peut être mené à bien que si la mémoire de la seconde est effacée (apparemment, si elle apprend une certaine vérité, son caractère explosif va tout faire dérailler) et que si la première noue une certaine alliance. Qui va bien se réaliser… mais pas du tout donner les résultats escomptés. Quant à Zan, le peu dont elle se souvient au début (ses souvenirs reviennent peu à peu au cours de l’intrigue) ne l’incite pas à faire confiance à Jayd. Le lecteur découvrira que la vérité est bien plus tortueuse et complexe qu’il ne l’imaginait au début !

Pourquoi ça n’a pas fonctionné sur moi *

* Don’t hate me, Porcupine Tree, 1999.

Avant de parler de ce qui n’a pas vraiment fonctionné, je vais d’abord évoquer ce qui aurait pu, et même dû, le faire : le Worldbuilding.

Worldbuilding

Pourquoi avoir lu ce livre ? Eh bien parce qu’il faut bien avouer que les vaisseaux organiques sont plutôt rares en SF, et que les vaisseaux-mondes vivants le sont encore plus. Rien que cela, donc, était pour moi un argument de poids. De ce point de vue là, le contrat n’est qu’à moitié rempli : oh, certes, l’auteure décrit les parois de chair palpitante, le cancer qui ronge les bestioles, les artères géantes qui les parcourent, les flots de sang, les océans de fluide bizarre, les mares d’excréments du centre de recyclage du vaisseau, et j’en passe, mais l’essentiel manque : pourquoi – comment – par qui. Si vous lisez ce livre dans l’espoir que Hurley va répondre à ces questions (qui a conçu les vaisseaux, où, avec quelles techniques scientifiques, dans quel but, etc), vous pouvez d’ores et déjà reconsidérer l’idée. Car l’auteure ne répond pas plus à une question que vous allez forcément vous poser : que cache la nébuleuse au centre du système ? Pourquoi l’étoile est-elle orange et pas jaune comme le soleil ? Bref, Kameron Hurley installe un contexte certes, par certains côtés fascinant (mais qui en fait aussi beaucoup pour vous choquer, il faut le savoir), mais elle laisse volontairement tout un tas d’aspects de côté, évacuant complètement la moindre explication (je rappelle que c’est de la SF…) et se contentant de décors en carton-pâte. On est loin de ce qu’ont pu proposer Iain M. Banks dans Le sens du vent ou même Elizabeth Bear dans la nouvelle The deeps of the sky (anthologie Edge of Infinity) en matière de vaisseaux(-mondes ou pas) organiques, des civilisations ou écosystèmes qui s’y développent. Je reste donc sur l’impression de frustration laissée par sa nouvelle Elephants and corpses : ce qui est montré ou suggéré de l’univers est fascinant, mais comme tout n’est pas expliqué, on reste déçu. Et là, c’est encore plus grave, puisque si dans une nouvelle de quelques dizaines de pages, il était compréhensible que tout ne soit pas détaillé, ça l’est déjà bien moins dans un roman qui en fait des centaines.

Un gros manque d’explications, donc, un contexte qui aurait dû être l’occasion de formidables développements science-fictifs mais qui se contente de n’être qu’un décor en carton-pâte. Et justement, j’ai un problème d’une autre nature avec ledit décor : les mondes sont creux (c’est l’Ahnenerbe qui aurait été contente…) et formés de différentes strates comme dans Trames chez Banks (p*tain, Iain, reviens…) ou là-dedans  ( 😀 ), et après un énième recyclage, Zan doit remonter vers les niveaux de surface / de commandement, en traversant des « mondes » tous plus étranges et… organiques les uns que les autres, avec des bestioles ou des reliefs très étranges, comme ces « montagnes » faites d’os ou cette forêt de cristal par exemple (au passage, l’os est le principal matériau de construction dans l’ensemble de ces « bas-fonds », comme les appellent de façon méprisante les privilégiés d’en haut -terme à prendre dans les deux sens-). Or, lors de la remontée, l’odyssée très Orphéenne / Eurydicienne propose des décors et des créatures qui ont un net parfum de (Science-) Fantasy et pas de SF. Et je dis bien « Fantasy » et pas médiéval, comme chez Banks où un niveau des mondes gigognes, dans Trames, pouvait évoquer le Moyen-âge alors que celui du dessus utilisait une technologie futuriste. Moi je veux bien qu’il existe des niveaux inférieurs, mais je peine à voir en quoi la plupart de ce qui est décrit participe au fonctionnement du vaisseau vivant. Chez Robert Reed, par exemple, les océans internes du Grand Vaisseau (qui n’est certes pas organique, lui) ont une vraie signification : ce sont tout simplement ses réservoirs de propergol, mais si grands qu’ils ont la dimension d’une mer (l’astronef étant aussi vaste qu’un empire que Jupiter). Alors certes, nous ne sommes pas dans de la Hard SF, mais quand-même, en terme d’explications et d’atmosphère, il faut avouer que c’est déstabilisant.

Thématiques et atmosphère

Les thématiques sont assénées avec un tel manque de subtilité qu’il est difficile de les manquer (exemple : monter dans l’échelle sociale, c’est littéralement patauger dans la merde et le sang et se hisser à la force des bras pour parvenir au sommet) : la stratification sociale a un pendant physique via les différents niveaux du monde (mais c’est moins bien fait que chez Robert Silverberg –Les monades urbaines– ou même chez Beaulieu / Gaskell –Strata-), les bas-fonds n’étant pas qu’un espace social mais surtout un espace physique, situé à fond de cale, et le monde viole littéralement les femmes en permanence en disposant de leur corps / leur utérus comme bon lui semble, pour faire pousser des pièces de rechange si besoin. On remarquera avec intérêt que la protagoniste, la seule femme qui a un vrai contrôle sur sa destinée dans le bouquin, est aussi la seule qui n’est pas enceinte au cours du récit (seulement dans des souvenirs). Allégorie du contrôle permis sur son corps et son destin à la femme par la contraception ? Hyper-féminisme rejetant intrinsèquement tout ce qui ensemence, que ce soit un homme ou un vaisseau-monde ? On pourra se poser la question.

Un aspect est plus clair, en revanche, et c’est le transhumanisme, l’apparition de formes différentes de l’humanité, ce qui passe ici par la production de l’utérus des femmes. Je préfère prévenir tout de suite les lectrices qui seraient tentées par le marketing insistant sur le féminisme de cette oeuvre : attention, vous vous engagez dans quelque chose dont certains passages nécessitent de ne pas avoir mangé de couscous à midi et d’avoir le cœur bien accroché (et devinez ce que j’ai mangé ces deux derniers jours ?). Mr Kingsbury peut finir ses jours en paix, son héritière est là ! En même temps, un livre qui commence par « je me rappelle avoir jeté une enfant » (dans le sens : aux ordures, au recyclage)… L’auteure s’en est donnée à cœur joie dans le registre « organique », parfois jusqu’à visiblement faire exprès de choquer un peu pour rien, sans que cela apporte un vrai plus à l’intrigue ou au worldbuilding.

Signalons aussi que je suis resté un peu dubitatif devant le traitement de certaines thématiques : Hurley a l’air de professer qu’occulter des souvenirs traumatiques est une meilleure solution que de les affronter et se reconstruire, voire se réinventer (sauf la fin, à la rigueur, qui viendrait démentir cette assertion), que la connaissance (y compris scientifique) conduit forcément à la folie (cf les Sorcières : un symptôme Lovecraftien, comme les tentacules des vaisseaux ?), et que les échanges de personnel / culturels entre vaisseaux-mondes, la perte de leur « autonomie », signerait le début de leur fin (une position anti-mondialiste ?). Il y a aussi une sorte d’acceptation…j’allais dire résignée, mais non, elle est en fait volontaire, de ce système dystopique, où les désirs et besoins de l’individu (de progéniture, par exemple), s’effacent devant ceux du Tout, en l’occurrence le vaisseau-monde. Car l’auteure insiste à plusieurs reprises sur le fait que les matériaux constitutifs organiques, que ce soit ceux de l’astronef ou de ses « passagères » (si on peut les appeler comme ça : je les qualifierais plus d’imprimantes 3D organiques mobiles, personnellement, dans ce contexte)… sont les mêmes.

Intrigue et narration

Le gros point noir (à part le Worldbuilding, ce qu’il promettait et le peu qu’on obtient au final) a été pour moi la narration et l’intrigue. Premier point, Hurley utilise le vieux coup de l’amnésique (ou de la mémoire effacée intentionnellement, on s’en fout), qu’on croise souvent en SFF, et qui est la fausse bonne idée, le plus souvent. Alors certes, ça permet de donner des informations sur le monde au lecteur sans recourir au Candide ou, pire, à l’infâme « mais mon cher, vous n’êtes pourtant sans savoir que … », mais pour moi, son utilisation n’est, le plus souvent (comme exception, on peut éventuellement citer le premier tome des Princes d’Ambre, Zelazny n’étant tout de même pas le dernier des écrivaillons), que la marque d’auteurs en devenir et pourrait être avantageusement remplacée par plus d’habileté et de raclage de soupière. Comme dans toutes les narrations de ce type, donc, nous avons droit aux grands classiques, à savoir les souvenirs qui remontent petit à petit, avec une chronologie plus ou moins bien contrôlée par l’auteur (là, ce n’est pas terrible-terrible), les doutes de l’amnésique sur le statut ami / ennemi de tel ou tel personnage qui tente de lui faire croire que « mais avant, nous étions potes, par contre méfie-toi de celle là », et j’en passe.

Le problème, c’est qu’ici, c’est fait d’une façon effroyablement tortueuse. Adjectif qu’on peut d’ailleurs également appliquer à l’intrigue, qui est d’une abominable complexité, en fait telle que je ne suis pas certain d’avoir compris le comment, même si je saisis relativement bien le pourquoi. De plus, la narration abuse des fausses-pistes (tel jeu de souvenirs fait penser que X est une ennemie, alors que le jeu suivant remet en question cela, avant que x+2 ne remette tout en question à nouveau, et ainsi de suite), de cliffhangers faciles pour donner un sentiment de nervosité, mais se vautre par contre sur deux points capitaux : la fin (autant le déroulement de l’intrigue est lent, autant sa conclusion est franchement précipitée) et LE combat, torché en deux traits de plume, à la Estelle Faye. Et je rappelle qu’à la fin, vous n’en savez pas plus sur certains points qu’au début.

Et franchement, c’est dommage, parce que les personnages principaux ne sont pas vilains du tout (un peu trop marqués par Dune, à mon avis, dans le registre « grandes familles rivales », même si dans ce cas là, on serait plutôt dans du Harkonnen vs Harkonnen), l’humanité de l’une compensant l’hyper-machiavélisme de l’autre (et non, je ne vous dirais pas qui représente quoi !). Je suis certain que des tas de gens vont avoir beaucoup d’empathie pour elles et vivre intensément leur histoire tragique (mais à la morale d’une beauté surprenante, un peu en mode Adrian Tchaikovsky : les dernières lignes changent la couleur émotionnelle des 400 pages précédentes. Au passage, cette fin rappelle Terre et Fondation d’Asimov, dans la façon de refuser de répondre à une question par une des deux alternatives proposées mais plutôt d’en inventer une autre, changeant ainsi complètement le paradigme), même si, pour ma part, elles m’ont laissé quasi-complètement indifférent. Je pense qu’une narration moins convolutée aurait donné à ce livre, qui n’est finalement sauvé, en un sens, que par son worldbuilding très original et son ton très glauque, une tout autre aura. On signalera tout de même que cette narration se fait à la première personne du singulier, ce qui est à mon avis toujours un bon point pour renforcer l’immersion du lecteur.

Pour terminer, je voudrais relativiser l’intégralité de ce que je viens de vous expliquer depuis le début de cette critique : certains des défauts que je pointe n’en seront que pour moi ou pour les lecteurs ayant des critères ou une sensibilité identique, et pourront ne pas poser problème à d’autres profils, qui iront même jusqu’à les qualifier non pas de problèmes, mais tout au contraire de forces. A chacun d’entre vous de voir, en fonction des éléments fournis, si Les étoiles sont légion a des éléments pour vous séduire… ou pas.

En conclusion

Planet opera se déroulant au sein d’une flotte de vaisseaux-mondes vivants et ne mettant en scène que des personnages féminins, Les étoiles sont légion se caractérise par un worldbuilding et un côté très explicite dans le registre organique qui ne laisseront pas indifférent, et qui tranchent avec ce que la SF propose habituellement. Sur le plan de la singularité, ce roman gagne donc son pari, mais c’est un peu le seul, à mon sens. Narration convolutée et maladroite, côté explicite, donc, un peu provocateur gratuitement et qui ne plaira clairement pas à tous les profils de lecteur, worldbuilding qui pose beaucoup de questions et ne répond… à aucune, ambiance qui frôle parfois nettement plus la Fantasy que la SF, thématiques assénées sans aucune subtilité à coups d’incarnations physiques de questions philosophiques ou sociétales profondes, nombreux sont les points qui pourront potentiellement poser problème à différents profils de lecteur. Si Anatèm était, jusque là, pour moi le plus grand risque du lancement d’Albin Michel Imaginaire, la lecture de ce roman de Kameron Hurley m’a fait reconsidérer cette position, tant il a, à mon avis, tout pour recevoir une réception globalement mitigée du lecteur de SF lambda.

Pour aller plus loin

Retrouvez sur le blog les critiques des autres titres du lancement d’Albin Michel Imaginaire : American ElsewhereMage de bataille (tome 1), Anatèm (tome 1), Anatèm (tome 2).

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de FeydRautha sur L’épaule d’Orion, celle de Lutin sur Albedo, de Blackwolf sur Blog-o-livre (sur la VO), de Gromovar (VO), d’Alias (VO), de Yogo, de Célindanaé sur Au Pays des Cave Trolls, du Chroniqueur, d’Herbefol, du Chien critique, de Lune, d’Anudar, de Lorhkan, des Lectures de Sophie, d’Uranie, de Vive la SFFF !,

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67 réflexions sur “Les étoiles sont légion – Kameron Hurley

  1. Ah oui, donc elle a gardé son féminisme en mode gros bourrin trash, donc j’ai bien fait de m’abstenir… J’ai hâte de lire ton avis sur mirror empire, ça va être rigolo.

    Tu m’as fait rire avec ton couscous XD

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  2. J’étais justement en train de m’interroger sur la pertinence de l’utilisation du terme « féministe », concernant le bouquin, sur le fofo du Bélial. Ta critique présente à ce sujet des éléments intéressants, de quoi me faire réfléchir jusqu’à la sortie du livre.

    Sinon: « torché en deux traits de plume, à la Estelle Faye ». J’ai bien rigolé.

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  3. Pour tout te dire, je l’ai fini hier et je ne sais toujours pas quoi en penser.
    Le côté organique et gore au début ça va et puis après, l’auteur en fait trop et quand c’est trop c’est tropico euh pardon trop. J’en ai eu marre et entre le manque d’explication et ça j’ai eu du mal à entrer dans le récit. L’histoire ensuite est légère alors que l’univers était prometteur. J’ai aimé la fin par contre. Enfin, maintenant, il va falloir écrire une chronique avec tout ça.

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      • oui j’ai l’impression. J’avoue être d’autant plus déçue que je ne m’attendais pas à cela au vu de ce qu’en disait les autres avis. En plus le fait qu’il n’y ait que des femmes n’apporte pas grand chose. La majorité subissent plus qu’autre chose. Je ne sais pas trop je pense que je suis passée à côté ou alors que ce n’était pas pour moi. En gros je suis perplexe

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  4. Je suis en plein dedans, mais je kiffe énormément (en même le gore et l’organique avec ce genre d’aspects c’est mon kiff), est-ce que j’ai un problème ?
    En tout cas, très bonne chronique, qui apporte des nuances à ce qui a été dit (et ce que je dirai probablement). Je trouve ça vraiment cool que personne n’ait les mêmes avis ou regards, ça permet de créer des vrais échanges 🙂

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    • Merci. Oui, la multiplicité des angles d’analyse ou des ressentis est une grande force de la blogosphère. Même si je ne suis pas forcément d’accord avec certaines critiques sur tel ou tel livre, j’y trouve toujours quelque chose que je n’avais pas vu de la même façon (voire pas vu du tout) et qui m’enrichit.

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    • Il est vraiment très particulier en terme de ton et d’univers. C’est ce qui fait sa singularité, mais je ne dirais pas pour autant que cela fait sa force. En tout cas clairement pas pour tous les profils de lecteurs.

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  5. Ping : American Elsewhere – Robert Jackson Bennett | Le culte d'Apophis

  6. Ping : Mage de bataille – tome 1 – Peter A. Flannery | Le culte d'Apophis

  7. Ping : Anatèm – tome 1 – Neal Stephenson | Le culte d'Apophis

  8. Ping : Les Etoiles sont Légion – Kameron Hurley – L'épaule d'Orion

  9. Pour ma part je suis juste frustrée. Je m’attendais à de la SF, à un space opéra organique et j’ai lu de la Fantasy.
    Je ne retrouve pas les defauts que tu cites… je trouve que c’est bon. L idée originelle, l’histoire, la construction mais ce n’est pas mon truc.

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  10. Moi je l’ai trouvé vraiment impressionnant, mais c’est vrai que le côté organique est bien bien trash. C’est un roman qui tranche beaucoup avec ce qui se fait en SFF ces temps et, du coup, je suis passé à côté de pas mal des défauts que tu cites – mais qui sont par ailleurs pertinents.

    Et +1 pour « Second Life Syndrome » (même si, pour moi, le meilleur Riverside reste « Anno Domini High Definition »).

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  11. Dommage, je comptais l’ajouter à ma PàL…
    Au fait, j’ai pensé à un truc, tu pourrais faire un format du style « L’œil d’Apophis » où tu ferais des mini-critiques des livres que tu n’as finalement pas chroniqués (« Tigane », « The traitor god »…). Je ne sais vraiment pas si c’est une bonne idée, mais ça pourrait marcher.

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    • J’y ai pensé, c’est une idée qui a pour l’instant été mise de côté mais qui pourrait effectivement se concrétiser un jour. Par contre, ni Tigane ni The traitor god n’ont été abandonnés, juste repoussés. Les abandons, c’est par exemple Void Star, Medusa Uploaded ou Station : la chute.

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        • Non. J’en ai lu une plus ou moins grosse partie (les deux tiers pour Void Star, moins de dix pages pour Medusa Uploaded, un quart, de mémoire, pour Station : La chute), et je n’ai pas été convaincu, pas au point d’y sacrifier plus de temps, en tout cas. Car le temps de lecture est pour moi un facteur critique. Pour ce qui est d’un avis qui serait difficile à exprimer, en gros, depuis que le blog existe, je n’ai été dubitatif à ce point qu’une ou deux fois, même si j’ai réussi à écrire une critique qui tenait la route dans chaque cas (sur Arachnae de Charlotte Bousquet, par exemple).

          Sinon, c’est rare que je laisse tomber suite aux avis d’autres blogueurs, non pas que je ne leur fasse pas confiance, mais j’aime en général me faire ma propre opinion sur un livre. La seule exception étant les critiques de FeydRautha, vu à quel point nos goûts et ressentis sont proches dans 99% des cas. Donc si lui m’assure que c’est à éviter, je l’écoute sans hésitation.

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  12. L’univers m’intéresse tout de même beaucoup (je n’ai jamais lu de SF avec des vaisseaux organiques ><). J'espère juste ne pas trop être déçue par la fin ^^!
    Merci pour la chronique 🙂

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  13. Ping : Clivant ! - Albin Michel Imaginaire

  14. J’ai le même ressenti que toi sur ce roman, je vais donc pouvoir faire mon billet en oubliant le pourquoi en renvoyant sur ta critique, et me concentrer sur l’essentiel, ma mauvaise foi. J’en salive d’avance (le couscous doit y être pour beaucoup aussi !)

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  15. Ouh! tu me fais peur…. et je n’ai lu qu’en diagonale car c’est ma prochaine lecture. Mais, je ne suis pas une hyper-féministe, juste une femme qui veut une réelle égalite et pas un combat contre les hommes. Il y a de la place pour tous, et l’affrontement l’un contre l’autre ou la position l’un ou l’autre, me déplaisent.

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      • « Féminin, oui, féministe non. »
        Là j’avoue avoir du mal à te suivre. J’ai rarement lu un roman plus féministe. Les femmes mises en scènes dans ce livre sont le produit de leur environnement, si la majorité te semble apathique (ça se discute, mais disons que oui), c’est bien je crois ce que leur reproche Kameron Hurley : cette incapacité à être « brutales ». C’est un roman de rébellion avec un message révolutionnaire très fort me semble-t-il. Je ne suis pas un spécialiste du féminisme, loin de là, mais je travaille dans un environnement où il n’y a que des femmes et ce livre j’ai réussi à le faire lire à des collègues, femmes donc, qui me disaient « ne jamais lire de science-fiction », « n’y connaître rien » (toutes ont eu un exemplaire de ton guide, je te rassure) et qui reviennent en me disant « il est trop bien ce livre ».
        Certains (des hommes dans 90% des cas, me semble-t-il) sont sceptiques sur le fait qu’il n’y ait pas de personnages masculins dans ce livre et donc que ça ne pourrait pas être féministe pour cette raison (sourire ironique), je crois exactement le contraire : c’est un miroir tendu aux hommes et notamment à la façon dont beaucoup ne voient pas les femmes, c’est à dire minimisent instinctivement / ataviquement tout leur apport (à l’entreprise, à la société, à la science, aux arts, etc).
        Les étoiles sont légion a un imaginaire proprement (ah ah ah) féminin, tout y est menstrues, sécrétions, accouchements, fausse-couche (voire pire). Je trouve hyper-intéressant précisément que Kameron ait placé cet imaginaire organique dans un monde de space opera et non dans un monde de fantasy. Ça lui permet de décrire une société future et non une société autre / magique. Elle se place dans la continuité des Ursula Le Guin, Joanna Russ, Pamela Sargent… Et elle apporte à cette héritage une dimension punk qui était me semble-t-il jusque là absente.
        Eva a réalisé une interview de Kameron Hurley qu’il reste à traduire. On est dessus.

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        • Aaaaah, oui, ça doit être ça, l’auteure voudrait que les femmes soient plus « brutales », veut faire un roman de rébellion des femmes contre le système qui les oppresse (ici le Vaisseau-monde, et ce jusque dans leur utérus), et donc pour ce faire, elle montre 99% de femmes passives ne mettant jamais en cause ledit système. Donc je maintiens ce que j’ai affirmé (et oui, merci, j’ai très bien compris le livre, ce qu’il était supposé être / ce qu’il aurait pu être et ce qu’il est en réalité, la discordance entre les deux étant d’ailleurs un de mes problèmes avec ce bouquin et ce qu’écrit Hurley en général, comme précisé dans l’intro), ce n’est ni vraiment révolutionnaire, ni féministe, c’est même presque une incitation à accepter passivement le système (mais bon là, c’est mon côté anarchiste qui s’insurge). Mais oui, c’est « organiquement féminin ».

          Si Hurley voulait montrer un peuple de femmes badass renversant / refusant un système oppressif, pourquoi ne pas l’avoir fait ? De la façon dont tu tournes ton commentaire, on a l’impression que l’histoire a « échappé » à l’autrice et qu’elle se désole de l’impression de passivité qu’elle donne via le comportement des personnages secondaires. Surtout que là, tu es gentil, mais j’ai déjà deux autres retours de blogueurs ayant eu des sentiments plutôt négatifs sur ce livre, plus celui de Yogo qui est mitigé. Et puisque tu viens me citer des avis féminins à l’appui de ta thèse, aux dernières nouvelles, Célindanaé est de sexe féminin, et elle aussi peine à y voir du féminisme. Et j’ajoute, pour finir, que personnellement, je me contrefiche de l’absence de persos masculins, pour moi c’est plus un gadget marketing pour faire parler du livre que quelque chose qui ajoute / retranche quoi que ce soit à l’éventuel aspect féministe du bouquin.

          Je terminerai par la remarque suivante : même sans prendre en compte les aspects féministe ou SF / Fantasy du bouquin, celui-ci a d’autres défauts (exposés dans ma critique), notamment en terme de narration, d’intrigue, et dans la façon qu’a l’autrice de ne répondre à quasiment AUCUNE question.

          Pour le reste, je vais te rappeler « gentiment » que j’applique des règles très strictes sur les interventions des auteurs ou éditeurs des livres critiqués sur ce blog (https://lecultedapophis.com/bienvenue-au-sein-de-mon-culte/). Ici, c’est un espace de discussion entre acheteurs potentiels / lecteurs, donc merci d’en tenir compte à l’avenir.

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          • La façon dont Gilles parle de ce bouquin continue de m’étonner.

            En tant que lecteur potentiel, je m’interroge sur les raisons qui ont poussé l’auteure à proposer un casting entièrement féminin, sur la pertinence de l’utilisation du terme « féministe » et je m’attire un « sourire ironique » avant d’apprendre que mes questionnements relèvent probablement de « ma façon de ne pas voire/minimiser le rôle des femmes » ?

            Je veux juste savoir si je vais lire un livre intelligent, comme l’est Poumon vert, si je vais lire un livre dans lequel les femmes sont actives, présentes à tous les niveaux (Confederation, Honor Harrington).

            Et ton « pour moi c’est plus un gadget marketing pour faire parler du livre » montre bien que ces interrogations, sans que je préjuge la qualité globale du roman, sont tout à fait recevables.

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            • Non, rien à voir avec Honor Harrington, car dans le bouquin de Hurley, en gros il y a deux femmes actives parmi des océans de zombies acceptant passivement leur sort. Pour le reste, non, ça ne me paraît pas aussi intelligent que Poumon vert, parce que Hurley continue dans la droite ligne de son « féminisme en mode gros bourrin trash » de ses livres précédents, comme le disait très justement l’Ours Inculte plus haut dans le fil.

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