Foundryside – Robert Jackson Bennett

Peut-être le meilleur système de magie de toute l’histoire de la Fantasy !

foundryside_2Robert Jackson Bennett est un auteur américain de SFFF, d’Horreur et de thriller (certains livres mélangeant d’ailleurs plusieurs de ces aspects). Plutôt prolifique (le roman dont je vous parle aujourd’hui est le huitième en autant d’années), il n’avait jusque là été que peu traduit (une seule fois, et par Eclipse -donc autant dire zéro, vu le peu de sérieux en matière de promotion et de suivi de cette maison-), du moins jusqu’à ce qu’Albin Michel Imaginaire décide de faire de son American Elsewhere un de ses trois titres de lancement, en octobre 2018. Il était jusqu’ici connu pour une trilogie de Fantasy, The divine cities.

Foundryside, le premier tome de la Founders trilogy, relève également de ce genre. Et autant le dire tout de suite, nous avons ici affaire à ce qui est sans doute la sortie anglo-saxonne de l’année, et probablement le meilleur système de magie de toute l’histoire de la Fantasy. Et en plus, l’écriture est excellente, l’intrigue passionnante et les personnages attachants !

Univers

L’action de ce premier tome se déroule exclusivement dans la cité de Tevanne, jadis avant-poste insignifiant, port tropical miteux à l’extrémité d’un ancien empire (dit Occidental, car son nom véritable a été oublié) et désormais plus grande puissance du monde (je vais y revenir). La ville (et son système économique et politique) est inspirée par la République de Venise (et comme son modèle, elle est parcourue de canaux), mais autant le dire tout de suite, nous sommes loin de la cité historique ou de ses équivalents Fantasy que sont Camorr ou Ciudalia. En effet, l’importance de la magie dans son contexte, une sorcellerie qui s’apparente fortement à une allégorie d’une technologie de type Cyberpunk ou Singularité technologique, fait que l’ambiance tire en fait plus vers William Gibson que vers Scott Lynch. Du moins sur ce plan. Mais nous en reparlerons. Signalons aussi que la ville est enclavée entre la mer et des montagnes au pied desquelles poussent des jungles tropicales, qu’elle est régulièrement affectée par la mousson, et que son climat alterne entre deux saisons seulement : chaud et humide d’une part, épouvantablement chaud et humide d’autre part. Enfin, ses habitants typiques ressemblent plus à des dravidiens qu’à des vénitiens, clairement. Bref, le contexte tient autant de la Sérénissime que du Venezuela et de l’Inde, en un sens.

La ville doit sa puissance au fait qu’il y a 80 ans, un millénaire après la disparition des Occidentaux (appelés également Hiérophantes, des gens qui étaient, selon la légende, capables de vider les océans et de faire voler les montagnes), on a retrouvé, dans une grotte proche, des fragments d’un de leurs deux alphabets magiques (voir « Magicbuilding »), des sortes de manuscrits de la Mer Morte arcanes. Même avec cette connaissance extrêmement basique, limitée, les Tevannis (au passage, vu de nettes similitudes, je serais curieux de savoir si ces termes sont liés aux Telvannis de Morrowind) ont bâti un empire, assujettissant tous les peuples des cités et archipels autour de la mer Durazzo (il faut dire que des armes magiques, jusqu’à l’équivalent d’exosquelettes de combat à la Heinlein / Tony Stark, aident beaucoup !).

Ce sont quatre Maisons Marchandes (Dandolo, Candiano, Morsini, Michiel ; seules les deux premières ont un rôle significatif dans le récit) qui se partagent le pouvoir et tout le commerce dans la cité (il en existait jadis des douzaines, mais une compétition féroce a réduit leur nombre, et aucune nouvelle ne peut aujourd’hui émerger sans se faire écraser dans l’œuf). Chacune possède sa propre enclave appelée campo dans la cité de Tevanne, un immense quartier entièrement clos où chaque Maison applique sa propre loi, distincte de celles de ses concurrentes et de celle du reste de la ville (les Commons -quartiers populaires-). Du moins s’il y avait une législation, ou une police, ou des tribunaux, dans le reste de Tevanne ! Car la cité est, à part dans ces enclaves « corporatistes », extrêmement corrompue et rongée par la criminalité la plus dure : c’est le coupe-gorge par excellence. Le ratio s’établit à 80 % de la ville pour ces zones extraterritoriales et 20 % pour les commons.

Entre les campos et les commons, c’est littéralement le jour et la nuit : en gros, les premiers sont la zone verte, ou une enclave protégée de Johannesburg, tandis que le reste est Bagdad ou Mogadiscio. Pour vous donner une idée de la différence, dans les campos l’eau propre est si banale qu’on la gaspille dans des fontaines et des jets d’eau publics décoratifs, tandis que dans les commons, c’est presque un produit de luxe tant l’eau locale est contaminée et rend malade. De fait, les gens préfèrent boire de l’alcool, c’est plus sûr ! De même, alors que les uns ont des égouts, des immeubles qui tiennent debout, des objets enchantés partout qui améliorent leur quotidien, une sécurité féroce, etc, les autres vivent dans les immondices, dans des taudis branlants, pratiquement sans magie et peuvent être égorgés pour un lacet de chaussure. Un des personnages a, sur la différence entre campos et commons, la réflexion suivante : « Tu marches quelques mètres, et tu changes de civilisation ».

L’économie de la ville repose sur plusieurs piliers : d’abord, les objets magiques (et les designs des scrivings ou des définitions des Lexiques -voir plus loin-, qui sont les biens les plus précieux -à part toute relique Occidentale, bien sûr-), qui font l’objet d’une véritable industrie, ensuite le travail forcé, des légions d’esclaves produisant notamment du café, du sucre, etc, bref des produits de luxe dans des plantations situées notamment dans un archipel proche. Les propriétés en question pouvant aussi servir de centres d’essai discrets (et commodément isolés) pour des expériences médicales et magiques (une des protagonistes en a d’ailleurs fait les frais dans le passé). Les Maisons Marchandes sont immensément, inimaginablement riches : la fille d’un de leurs dirigeants dispose ainsi d’une luxueuse robe de soie différente pour… chaque jour de l’année ! Le plus pathétiquement drôle est finalement que les pionniers des scrivings, dont un des personnages, Orso, étaient persuadés, par leur biais, de mettre fin à la pauvreté et à l’esclavage : bravo, c’est réussi ! Comme le dit l’un d’entre eux : « Même dans la plus illustre des cités, des enfants crèvent de faim chaque jour ».

Les Maisons Marchandes sont en général rivales, mais leur lutte s’arrête à l’espionnage et au sabotage industriel. Si elles sont confrontées à un adversaire extérieur à Tevanne coriace, elles sont tout à fait susceptibles de s’entraider pour le vaincre (là aussi, un des protagonistes raconte comment cela lui est arrivé).

Magicbuilding : Scriving defies reality *

* You don’t fool me, Queen, 1996.

Alors là, accrochez-vous, c’est du lourd, du très, très lourd. Pas parce que ce serait difficile à comprendre, mais parce que c’est aussi brillant qu’original, et que ça ridiculise ceux qui étaient jusqu’à aujourd’hui des références dans le domaine, à savoir Brandon Sanderson ou Brent Weeks. Je précise que je vais synthétiser, simplifier et passer certaines choses sous silence, car la découverte du système de magie fait, à mon sens, partie du plaisir de lecture généré par ce roman, et que ce serait dommage de tout dévoiler.

A la base, le principe est plutôt simple, et semblable à celui développé par Ursula Le Guin dans le cycle de Terremer : l’essence de toute chose (le feu, l’air, la gravité, le mouvement, l’amplification, etc) est incarnée, synthétisée, dans un symbole. Chez Le Guin, c’est un mot, tandis qu’ici, c’est un sigil, une sorte de glyphe ou de rune, appelé scriving (par souci de simplicité, plutôt que d’employer scriving, scrived objects, etc, je vais parler de Calligraphie, de Glyphes et d’objets runiques / magiques, même si il ne s’agit en aucun cas, à mon sens, des meilleures traductions possibles : je cherche ici la simplicité, pas l’élégance ou la justesse). Précisons qu’il existe deux alphabets : celui de la Terre, le plus simple, qui, en gros, représente les lois de la Nature, physiques, la réalité, et celui de Dieu, qui représente le moyen de contraindre ou changer la réalité, de faire des entorses aux lois physiques, etc. Comme les analogies mathématiques et informatiques sont finalement très présentes dans le récit, même si c’est de la Fantasy, on peut dire que le second est un meta-langage permettant de ré-interpréter le premier, ou des codes de commande en mode administrateur agissant sur le code standard, le système d’exploitation de l’univers, formé par le langage de la Terre. Les sigils communs sont le langage de la Création, les Occidentaux sont le langage avec lequel Dieu a parlé à la Création.

Dernière précision, les Tevannis n’ont retrouvé que des fragments du premier langage, pas de celui de Dieu, qui était la chasse gardée des Hiérophantes et probablement la source de leur pouvoir immense. Avec lui, ils sont réputés avoir créé un Dieu artificiel, une entité incorporelle mais dotée d’une intelligence égale ou supérieure à celle de l’homme (hum… ailleurs, on appelle ça une IA, et Mr Simmons appelle même ça une IU ^^).

Bref, avec leurs fragments de Calligraphie magique, les pionniers Tevannis se sont mis à inscrire des glyphes sur des objets. Le problème étant que le savoir dont ils disposaient ne créait que des effets d’une intensité limitée, et que la place sur un objet portable, voire un véhicule, était limitée, ce qui limitait ce qu’il était possible de graver. Et le pire était qu’un objet Calligraphié chauffait, parfois beaucoup trop pour la sécurité de son porteur : lui donner trop de « signification » était donc dangereux, car plus il y avait de glyphes dessus, plus il chauffait (la Réalité est une chose bornée, difficile à convaincre). Les scrivers (calligraphes ? scribes ? mages runiques ? enchanteurs ?) ont alors eu une idée : puisque la place est limitée et que plus il y a de runes, plus ça chauffe, on allait créer de nouveaux glyphes, qui représenteraient en un seul signe toute une suite logique d’autres symboles et relations / instructions entre eux. C’est un peu comme, en informatique, une macro : presser une seule touche déclenche en réalité tout une séquence bien précise d’autres commandes.

A ce stade là, on était extrêmement satisfait : des effets de plus grande puissance, des objets qui chauffaient moins, plus de possibilités pour graver ce nouveau langage condensé (précisons d’ailleurs que chaque maison a le sien, divisé en runes de différents tiers -le mot anglais, pas le « tiers » français-). Mais restait alors un « léger » problème : les « enchantements » appliqués n’étaient pas vraiment permanents, en réalité. Ils ne pouvaient s’exercer que dans un rayon limité autour de la fonderie (d’où le nom du roman et du cycle, au passage) où l’objet runique avait été créé. Pour résoudre le problème, et augmenter encore les possibilités de « compression » (au sens informatique du terme), on a créé des Lexiques, qui sont à la fois des bibliothèques donnant les définitions des signes condensés dont j’ai donné un exemple plus haut et des amplificateurs permettant à un objet de fonctionner dans un très large rayon autour d’eux. Et attention, là, on parle de vrais monstres : des cylindres de plus de trente mètres de long portés au rouge ! (collection d’assertions à propos de la physique, ils constituent une violation géante de la Réalité, et donc il y a un dégagement de chaleur). Les Lexiques sont si prodigieusement complexes que seul un génie ou un fou (voire les deux à la fois…) peut les mettre au point.

Bon, à ce stade, vous savez comment un objet magique est créé, mais pas comment il marche : en fait, c’est très simple. Les glyphes lui donnent un esprit (limité, simple, borné, et surtout, surtout, pas conscient de lui-même : une fois encore, on peut faire une analogie pertinente avec l’IA faible), que les règles inscrites dans d’autres séquences de glyphes vont persuader (c’est le mot clef : l’auteur a déclaré avoir construit tout son système de magie autour de la notion de dialogue, d’argumentaire) que les lois de la physique ne le concernent plus, ou différemment, que la réalité a changé. Par exemple que la gravité que l’objet ressent est dirigée vers le haut et pas vers le bas, et avec une force six fois supérieure. Le truc intéressant étant aussi que si vous êtes capables de discuter avec elles (et deux des personnages le sont), vous pouvez débattre avec, rendre confuses ou duper les commandes qui persuadent les objets qu’ils sont autre chose.

Vous êtes perdu, vous ne visualisez pas ? En fait, c’est extrêmement simple ! A Tevanne, il y a des carrosses sans chevaux, qui avancent tout seuls. Pourquoi ? Parce que les glyphes qui sont inscrits sur les roues convainquent ces dernières qu’elles ne sont pas sur un sol plat, mais au sommet d’une côte très inclinée. Et donc, naturellement, elles vont se mettre à rouler toutes seules, comme si elles descendaient cette pente qui n’existe pas ! L’auteur va donner de nombreux exemples de son système de magie, établissant à chaque fois de façon très simple et limpide la façon dont il marche, ce qui fait que c’est aisément compréhensible par absolument n’importe qui (même si ceux d’entre vous qui ont un bon niveau en physique vont vite relever des choses subtiles, comme un équivalent magique de l’intrication quantique, par exemple). Petit florilège : un mur extrêmement résistant parce qu’on fait croire à toutes les briques séparées qu’elles ne forment en fait qu’un seul objet, des menottes impossibles à forcer car on a inscrit en elles un désir absolu de ne jamais se séparer de l’autre partie qui les forme (sauf si on utilise le mot de passe approprié), un dispositif d’enregistrement à cylindre de cire dont l’aiguille a l’impression de danser en rythme avec un partenaire qui se trouve être le dispositif d’écoute (le micro, quoi !), des carreaux d’arbalète extrêmement rapides et meurtriers parce qu’on les a convaincus qu’ils ont atteint la vitesse terminale parce qu’ils seraient en chute libre depuis des milliers de mètres, des poutres de bois extrêmement résistantes parce qu’on les a persuadées qu’elles étaient en pierre, etc.

Un point amusant est que les objets magiques sont totalement névrosés : ils sont littéralement obsédés par le fait de faire ce pour quoi ils ont été conçus (c’est même un peu le principe, d’ailleurs : si on veut qu’un objet fasse quelque chose, on crée en lui le désir de l’accomplir), et ressassent sans arrêt ces pensées. De plus, ils sont quelque peu… limités. Pour ne pas dire stupides. Pour quelqu’un qui est capable de communiquer avec eux, il est facile (mais long, fastidieux) de les convaincre que les règles ont changé, et donc de leur jouer un tour en les convainquant de faire exactement l’inverse de ce qu’ils sont supposés faire en réalité. Ou bien, de façon plus amusante encore, de faire des choses complètement inattendues mais qui servent les intérêts de celui qui cherche à les « pirater », en quelque sorte (encore une analogie informatique !). Par exemple, un des personnages tente à un moment de convaincre une porte magique de s’ouvrir : après l’avoir persuadée qu’une clef spécifique n’est finalement pas nécessaire, il se voit répondre que de toute façon, elle ne s’ouvrira qu’à une heure bien précise, ce qui n’arrange évidemment pas notre personnage pressé de commettre son effraction. Il tente donc de l’embobiner en lui disant « Mais comment, vous ne le saviez pas ? La durée des heures a été changée, elle est de 1.37 secondes maintenant ! ». Ce qui fait qu’au bout d’un court instant, la porte, « reprogrammée », en quelque sorte, s’ouvre bel et bien !

Bref, l’auteur recrée toute une technologie moderne, voire futuriste (chalumeau, lampes électriques, armes avancées -vibro-lames, par exemple-, chauffage, ascenseurs, exosquelettes de combat, dispositifs anti-gravité, lasso-canne de Daredevil, etc) par l’application d’un système extrêmement facile à comprendre mais néanmoins doté d’immenses possibilités. Alors je le précise tout de suite : il ajoute tout au long du roman de nouvelles couches d’explications, mais ce n’est jamais indigeste car c’est fait très progressivement et de façon toujours très claire. Je n’ai jamais été perdu.

Une conclusion s’impose : c’est, à l’extrême minimum, comparable à ce qu’ont proposé ceux qui étaient jusque là les deux références en matière de Magicbuilding, à savoir Brandon Sanderson et Brent Weeks. Et, à mon humble avis, dans l’élégance du système, dans la façon dont un postulat de départ ultra-simple (la Réalité -avec un grand « R »- ne compte pas, si vous pouvez changer l’esprit d’un objet, il croira n’importe quelle réalité -avec un petit « r »- que vous choisirez et se comportera en adéquation avec ce nouveau paradigme physique) entraîne une énorme avalanche de fascinantes conséquences, le système de magie de Bennett est supérieur à ceux de ces précurseurs. Je pense même que nous sommes là en présence de la meilleure magie jamais créée en Fantasy ! 

Une Fantasy au parfum de SF 

Cette Fantasy a, si on l’examine attentivement et avec suffisamment de lectures derrière soi, un fort parfum de SF. Et ce n’est sûrement pas un hasard : en effet, si le fait, pour la Fantasy, d’aller chercher des tropes ou des idées dans la science-fiction n’est pas spécialement nouveau, cette tendance est toutefois en nette accélération ou expansion ces dernières années, d’après ce que je constate. De plus, qu’il s’agisse d’une propriété émergente de l’inspiration vénitienne avouée par l’auteur ou d’une surcouche qu’il a construit délibérément par-dessus cette dernière, il n’en reste pas moins que vous pourriez sans problème remplacer les Maisons Marchandes par des Corporations de Cyberpunk, les objets magiques tels qu’ils sont décrits par leurs équivalents cybertechnologiques, un des personnages par un cyborg (et un autre par R… mais j’ai failli trop en dire !), la Montagne des Candiano par une arcologie dotée d’une IA, etc. Et les trois-quarts des personnages par ces Shadowrunners, ces Blade Runners qui constituent l’essence du cyberpunk : des marginaux, des Indépendants doués avec la technologie, faisant le sale boulot des corpos mais ayant pour but ultime de renverser le système.

Mais plus que ça, c’est le système de magie (et donc, vu son importance à la fois dans le Worldbuilding et l’intrigue, finalement le bouquin tout entier) qui rapproche le plus ce roman de la SF : toutes les explications données évoquent plus un livre de Hard SF (dans le côté réaliste plus que dans la difficulté de lecture pour le lecteur lambda prêtée à ce sous-genre, d’ailleurs) que de Fantasy (et c’était d’ailleurs aussi le cas dans Le prisme noir de Brent Weeks), certains thèmes traités évoquent très clairement la Singularité et le Transhumanisme, et globalement, l’amateur de SF se sentira particulièrement à l’aise dans cette Fantasy là, ce qui n’est pas forcément le cas avec tous les livres du genre. Et je dirais même plus : même le puriste de la Hard SF (oui, Feyd, c’est de toi -ou de moi- que je parle !), celui qui regarde d’habitude la Fantasy comme quelque chose de vaguement répugnant ou risible, va non seulement être intéressé par ce livre, mais mieux que ça, il va l’adorer, l’encenser, le vénérer ! 

Et l’amateur de Fantasy pur et dur ? Peut-il être rebuté par cette forte inspiration SF (inspiration, hein, pas mélange : ce n’est en rien de la Science-Fantasy !) ? Je dirais que non, personnellement. Ça a beau tirer une partie de sa substance de la science-fiction, l’ambiance n’en reste pas moins incontestablement Fantasy, et donc il n’y a aucune raison que les amateurs du genre se sentent déstabilisés car projetés dans un paradigme littéraire qui n’est pas le leur. Et puis comme nous allons le voir, l’univers / le système de magie sont loin d’être les seuls atouts de ce livre !

Genres, Ressemblances

Mais avant cela, un point sur les sous-genres auxquels appartient Foundryside, ainsi que sur les ressemblances que l’on peut dégager avec d’autres œuvres. J’ai déjà mentionné une ressemblance avec le système de magie de Terremer, ainsi qu’un petit aspect Gunpowder Fantasy, qui est cependant tout à fait anecdotique puisque quand vous disposez d’équivalents magiques d’armes technologiquement avancées, un mousquet n’est pas vraiment intéressant. On mentionnera aussi un aspect Hard Fantasy, notamment dans l’industrialisation de la magie (qui rappelle d’ailleurs très fortement l’illustre Nom du vent !). Mais surtout, on insistera sur le fait qu’il s’agit d’une Dark Fantasy mais où l’humour est très présent, notamment dans les dialogues (formidables). Quelque chose de semblable à du Joe Abercrombie dans l’esprit même si pas vraiment dans la lettre. Enfin, l’aspect Fantasy criminelle est également extrêmement présent, puisque l’héroïne est une cambrioleuse et que les MacGuffin sont finalement une série de casses (et plus encore, même le système de magie est une arnaque à la Réalité !). On remarquera, au passage, que ces derniers temps, la Fantasy « de casse » est plutôt à la mode, donnant une nouvelle strate ou sous-sous-genre à une Fantasy de crapules qui s’est révélée très dynamique et prolifique depuis quelques années. Je croise ces derniers mois souvent des romans (en VO) dont la quatrième parle de machin ou de machine préparant un casse, ce qui fait qu’en bon obsédé de la taxonomie, je serais presque tenté de faire péter ma propre classification : la Heist Fantasy

Dernier point taxonomique, mais qui a son importance : même si c’est inspiré par Venise et que c’est de la Dark Fantasy / de la Fantasy criminelle, ça ne ressemble en rien à du Jaworski et peu à du Scott Lynch. Les noms et prénoms ont beau être à consonance italienne (Nicolo, Pietro, etc), on à beau manier la rapière et le stylet, ça n’a rien à voir avec du Cape & épée non plus. En fait, dans l’utilisation de gadgets magiques imitant la technologie moderne, ça ressemblerait plus à du Clockpunk (Steampunk de la Renaissance), voire parfois à James Bond ou… Iron Man ! Ou même à un bouquin du cycle de la Culture, parfois : quand Clef « pirate » une porte magique, j’ai vraiment l’impression que c’est Iain M. Banks qui montre un drone Culturien qui essaye d’embobiner un ordinateur ou un extraterrestre un peu « limité »  😀 Pour l’anecdote, on notera aussi que quelques scènes ont, visuellement, un fort parfum d’Inception, et que les combats sont vraiment très spectaculaires. Et puisqu’on parle de castagne, cela me fait penser que quelque part, Clef présente de vagues ressemblances avec un des meilleurs objets intelligents jamais créés en SFFF (et pourtant, dans un roman par ailleurs assez limité…), à savoir le légendaire flingue de Sven dans Le faucheur de David Gunn. Ainsi qu’avec ces programmes / personnages hackers universels qui sont assez récurrents chez Peter Hamilton.

Pour terminer dans le registre des ressemblances, je mentionnerais Max Gladstone (sur un plan bien précis : les dieux et la manière de, hum, travailler dessus) Dan Simmons (disons que les IA et même son IU ne sont pas très loin) et Sean Williams (ce livre me rappelle Reconstitué dans la manière de prendre une technologie -ici une forme de magie- et d’en exploiter minutieusement les conséquences et ramifications, même les plus obscures ou inattendues, et ce de façon brillante).

Intrigue, personnages

Tout commence avec Sancia, la toute petite vingtaine (mais qui a déjà bien vécu et est presque burinée), une jeune femme venue des plantations seulement quelques années auparavant et au passé si traumatique qu’elle l’a en grande partie enfoui. C’est la meilleure des cambrioleuses de la cité, en partie grâce au fait qu’elle dispose d’une étrange empathie (qui sera expliquée plus tard par l’auteur) avec les objets : elle peut littéralement revivre ce qu’ils ont vécu et sentir leur moindre mécanisme ou leur plus petite particularité (et c’est très pratique, vu qu’il est beaucoup plus facile de crocheter une serrure lorsque vous pouvez visualiser la façon dont ses mécanismes répondent), et elle entend « parler » les scrivings (sans toutefois comprendre ce qu’ils racontent). Cependant, cette sensibilité empathique rend aussi certaines choses très compliquées, comme le fait de manger (surtout de la viande : vous ressentez l’abattage de l’animal…) ou de toucher une autre personne (vous êtes submergée par des émotions trop puissantes pour vous), ce qui n’aide ni à se socialiser, ni à avoir des relations amoureuses.

Son receleur, Sark, l’a engagée pour dérober un objet dans un coffre situé dans les locaux de la toute nouvelle Garde côtière (Waterwatch). Celle-ci est une tentative menée par Gregor Dandolo, un ancien soldat légendaire (ou maudit, ça dépend à qui vous posez la question) et héritier d’une des quatre Maisons Marchandes, d’apporter une vraie police dans les Commons, les quartiers défavorisés de Tevanne. Comme vous vous en doutez, elle va réussir son coup, mais contrairement à ses habitudes, elle va faire preuve de curiosité envers le contenu de la boite volée (alors qu’elle était jusque là très appréciée par ses commanditaires pour sa capacité à faire exactement ce qu’on lui demandait, ni plus, ni moins). Qui s’avère être une clé, qui s’appelle (en français dans le texte)… Clef. Un objet intelligent. Comme tous les objets magiques, allez-vous me dire. Sauf que lui est hautement intelligent et surtout conscient de lui-même, bref, c’est l’équivalent en SF d’une intelligence artificielle générale / intelligente-consciente. Ou la même différence qu’entre ce que Banks appelait un Mental et un « simple » noyau IA bête comme ses pieds.

Sancia va se rendre compte que cet objet d’une puissance hors-normes pourrait être très dangereux dans les mains du mystérieux commanditaire du casse, quel qu’il soit. Elle va aussi se poser des questions sur le soi-disant propriétaire de l’objet, une certaine Bérénice. Elle va, enfin, être traquée par Gregor Dandolo, parce qu’en commettant son casse, elle a fait cramer la moitié du front de mer, et que le projet d’apporter police et justice aux quartiers pauvres est du coup compromis.

Alors je ne vais pas en dire beaucoup plus, pour ne pas gâcher des tas de rebondissements et de surprises,  mais je peux en revanche vous assurer que cette intrigue est véritablement excellente, très rythmée, sans temps mort ni remplissage ou longueurs, assez peu prévisible, invariablement prenante et intéressante, et surtout que les enjeux montent sans cesse : du simple fait de sauver sa peau lorsque tout le monde veut s’emparer de Clef, l’intrigue va se transformer en lutte de pouvoir entre les Maisons Marchandes, puis en autre chose de beaucoup plus ambitieux. Bref, sur ce plan, c’est vraiment un sans-faute, et du très haut de gamme. 

Les personnages sont également hautement intéressants : ils sont complexes (bien qu’idéaliste, voulant apporter une vraie justice -tribunaux, police, etc- à Tevanne, Gregor recourt par exemple à une grande violence pour atteindre ses buts, et fait même preuve d’un certain sadisme : bien qu’il ait un quasi-lasso-canne de Daredevil, il ressemble au moins autant au Punisher), bien construits (ils ont leurs failles, leurs blessures, leurs doutes, leur croix à porter), et plus le roman avance, plus on découvre que certains ne sont pas du tout ce que l’on croyait. Dans certains cas, c’est assez prévisible, mais dans d’autres, pas du tout ! (le véritable antagoniste de l’intrigue est d’ailleurs loin d’être évident, tant il se cache derrière tout un tas de paravents et de fausses-pistes). Plusieurs ont été mutilés (Sark étant le cas le plus extrême : il ne fait pas bon contrarier les Morsini !), et la motivation de certains d’entre eux est d’accumuler assez d’argent pour se faire « réparer » par un chirurgien.

En plus d’être soignés, ces protagonistes sont également hautement attachants, et ce pour n’importe quel public ou quasiment. Sancia correspondra à un certain stéréotype de la jeune héroïne qui en a bavé mais reste digne et courageuse, mais sans sombrer dans le cliché sans intérêt pour autant. Clef est, malgré son statut d’objet, un des meilleurs personnages du récit (on remarquera d’ailleurs que mine de rien, les personnages-objets sont en nombre étonnamment élevé dans ce dernier), talonné par Orso, son mauvais caractère, son langage outrancier, son génie, mais sa relation touchante avec Estelle (et, dans un genre différent, avec Bérénice). Qui s’avère d’ailleurs être elle aussi un excellent personnage. Bref, pas grand-chose de négatif à dire non plus sur les personnages, chaque lecteur pourra en trouver un auquel il s’attachera (voire tous !). 

Ecriture

J’ai déjà parlé de pas mal d’aspects (construction du monde et du système de magie, rythme et personnages, etc), mais j’ajouterais que le style de l’auteur est à la fois fluide et agréable, et que les dialogues sont vraiment savoureux. De plus, Bennett se maintient sur le fil du rasoir entre différents genres de Fantasy, de la Dark à la presque-humoristique par moments, voire dans différents registres, du très ambitieux (équivalent Fantasy du Transhumanisme, des IA, etc) au plus léger. Son récit est totalement maîtrisé, ce qui n’était vraiment pas évident vu qu’il y a beaucoup de points à expliquer (voire parfois à contredire !) sur le plan du Magicbuilding et qu’il n’a donc pas dû être évident de ne donner, à un stade précis de l’intrigue, que les informations juste nécessaires au lecteur et pertinentes, sans trahir soi-même certains secrets ou révélations sur le monde ou sa magie. Bref, chapeau !

J’ajouterais qu’il y a certes des rebondissements et révélations, qui s’enchaînent avec régularité, mais qu’en fait ce diable d’auteur nous a très souvent donné des tas d’indices pour deviner, mais que le lecteur (à moins que je ne sois particulièrement obtus…) ne voit rien sur le moment, les pièces ne se mettant en place dans son esprit qu’après la révélation (c’est le mode « Ah, le salaud ! »).

Le petit coup de théâtre de la fin, bien que prévisible, n’en reste pas moins fort sympathique, voire même jouissif : sacré Orso !

Thématiques

Il y a énormément de thèmes qui sont abordés, mine de rien : l’hyper-capitalisme (et la déshumanisation du prolétaire qu’il entraîne), les dangers de la technologie (ici d’une magie qui en tient lieu), l’industrialisation, le travail forcé et l’esclavage, la place de la femme dans une société industrielle (Estelle et Claudia se plaignent de ne pouvoir accéder à certaines fonctions en raison du fait qu’elles ne sont pas du bon sexe et uniquement pour cela), l’évolution future de l’homme, la place des Intelligences Artificielles dans une société capable de les fabriquer, l’éthique en matière de recherche scientifique, etc. Et puis bien sûr le combat pour renverser un système injuste.

En conclusion

Je n’irais pas par quatre chemins : nous avons, si nous combinons tous les aspects de ce roman, sans aucun doute affaire à un nouveau classique en puissance, et, je n’hésite pas à le dire, au meilleur système de magie de toute l’histoire de la Fantasy. Rien de moins. Chaque élément de ce livre, qu’il s’agisse du Magicbuilding, des personnages, des dialogues, du style ou de l’intrigue, contribue à créer une expérience de lecture aussi fascinante qu’agréable et prenante, quelque chose qui, bien qu’incontestablement Fantasy (nul mélange des genres ou confusion ici) a pourtant su tirer le meilleur de la Science-Fiction, qu’elle soit Hard, Transhumaniste ou Cyberpunk. Bref, vous feriez une énorme erreur de ne pas lire ce livre, tant il est taillé pour plaire, sur un plan ou un autre, à chacune et chacun d’entre vous ou quasiment. Et autant dire que je vais attendre le tome 2 avec une KOLOSSALE impatience, comme diraient nos amis teutons (PS : et cette suite n’est pas mal du tout 😉 ).

Niveau d’anglais : vraiment aucune difficulté.

Probabilité de traduction : acheté par Albin Michel Imaginaire (source).

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce livre, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lianne (VO), celle du Chroniqueur (VO), de Gromovar, de FeydRautha, du Nocher des livres, de Lutin, d’Aelinel, de Célindanaé, de l’Ours inculte, de Sometimes a book, de Tachan, de Boudicca, d’Elhyandra, de Symphonie, de Feygirl,

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74 réflexions sur “Foundryside – Robert Jackson Bennett

  1. Je suis en train de lire sa trilogie Divine City qui est aussi un beau mélange de genres qui me rappelle pas mal Craft Sequence sur ce point la, avec bien plus d’accent sur l’opposition entre fantasy et science tout en restant dans de la vrai fantasy.

    Divine City traitait aussi de ce genre de thèmes, l’auteur doit bien les apprécier. Même si dans celle ci de trilogie c’est la technologie qui apporte la liberté aux humains au contraire de la magie des dieux qui les oblige à rester leurs esclaves pour en profiter.

    Celui ci me tente bien, j’adore les systèmes de magie complexes et bien fait, je le lirais sans doute après avoir terminé le dernier tome de cette trilogie qu’il me reste à lire.

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  2. Tu as lis a une de ses vitesses ^^

    Je n’ai fais que survoler ton article car je comptais vraiment lire ce livre, surtout après avoir lu une interview de l’auteur très intéressante, mais maintenant j’ai encore plus hâte de le découvrir. Maintenant reste la grande question attendre la VF ou je me jette sur le VO.

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    • Eh bien écoute, j’étais bloqué sur Void Star depuis des jours, sans parvenir à avancer tant le rythme est lent et le propos nébuleux. Du coup, j’ai fait une « pause » et je me suis lancé là-dedans, et j’ai tellement été happé que je l’ai lu en deux jours (et deux GROSSES insomnies).

      Après, pour la question VO / VF, tout dépend si tu veux soutenir l’éditeur français ou pas et si tu veux attendre des mois et des mois avant que la VF soit disponible.

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  3. Ah ben je voyais défiler les critiques élogieuses des anglo-saxons et j’avais déjà mis le bouquin sous mon radar, mais là tu confirmes de manière définitive.

    Je vais peut-être attendre la VF quand même, ça travaillera ma patience (et effectivement il est cool ce site que tu mets en source, je note)

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    • Merci. C’est clair que ce roman est absolument hors-normes, que ce soit dans le recyclage de thèmes SF dans de la pure Fantasy ou dans un système de magie bluffant d’élégance et de possibilités immenses à partir d’un postulat de départ hyper-simple.

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        • Ta remarque est très juste, et ce d’autant plus qu’avec la Flintlock Fantasy et l’Arcanepunk, l’évolution de la Fantasy depuis quelques années est profonde et foudroyante. On s’en rend peu compte en France pour le moment, parce qu’il y a eu peu de traductions de ce genre de Fantasy novatrice, mais pourtant après des décennies d’immobilisme, le genre est reparti de l’avant depuis peu.

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          • Oui, je trouve d’ailleurs ça incroyable que le genre soit resté immobile ou presque pendant des années, je m’en rends compte pendant mes recherches pour mon mémoire, où j’ai vraiment l’impression que les choses ne bougeaient presque pas pendant les années 80-90, et que ça a seulement commencé à partir des années 2000…
            En tout cas, j’apprécie vraiment de voir que ce n’est pas qu’une impression que je me fais !

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  4. Ok ok, je prends ! 😀 Ça fait franchement envie, et si en plus une traduction est à venir, je vais d’autant plus me régaler. Je le mets tout en haut de ma liste, merci 🙂

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  5. En fait, nous pouvons cesser la lecture de ta critique après le sous-titre, non?
    Car honnêtement avec un tel argument venant de toi, tu te doutes que tu m’as déjà convaincue… La description du système magique me fait quand même penser à l’Âme de l’empereur de Sanderson, justement, avec les glyphes appliquées sur des objets pour les renforcer ou même changer leur « destination ».
    Autrement je suis très curieuse de découvrir cette fantasy que tu associes avec tant de références et d’influences SF, c’est prometteur et alléchant. Pour ce qui est de la maîtrise narrative, le gars avec 8 bouquins derri!re lui doit commencer à avoir une expérience certaine.
    Bref, je suis preneuse, comme tu le sais depuis le sous-titre, mais attendrai la traduction future chez AMI/
    Merci Apo 🙂

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  6. Super critique et encore merci de mettre le niveau d’anglais requis. C’est une vraie notion par rapport à mon niveau.
    Au passage, j’avais une question : après avoir lu tes critiques j’achète régulièrement les livres dont tu as parlé et qui sont à mon goût. Le truc c’est que je le fais souvent plusieurs mois après tes critiques et donc je ne les achète pas en suivant tes liens pour participer au site que tu gères. Est-il possible de te faire un don autrement pour te remercier du travail que tu fais ?

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    • Eh bien écoute, l’intention est louable, et je t’en remercie, mais je ne souhaite pas, pour diverses raisons, passer par Tipeee ou autre site du même genre. Je te dirais même que le fait que quelqu’un prenne la peine de commenter, de lire mon travail, de lire et surtout d’apprécier un livre que je conseille est la plus grande des récompenses qu’on puisse me donner 😉

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  7. Ok, dans ce cas je commenterai plus souvent, jusqu’à présent je me contentais de lire les critiques en regardant également les commentaires ;). C’est grâce à ton site que j’ai découvert l’ours inculte et je trouve qu’avec vos styles différents, vous mettez en valeurs des romans souvent très intéressant. Et même, j’ai pris note de certains titres SF (l’oeuf du dragon par exemple) alors que je n’en lis quasiment jamais. Encore merci pour ton travail et à bientôt !

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  8. Très tentant, je vais aller voir le début en anglais …
    En revanche, j’aime moins la nouvelle mise en forme du blog, mais les égouts et les douleurs, ça ne se discute pas…

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  9. Cela faisait quelques temps que je n’étais pas venu te rendre visite et j’aime beaucoup la nouvelle charte graphique. 😉

    Pour ce qui est du livre, ce n’est pas mon univers mais sait on jamais, tu sais vendre les livres que tu as aimé.

    😉

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    • Oui, comme je le précise dans la critique, une partie (et j’insiste là-dessus) de la forme est Vénitienne. Mais sur le fond, c’est une autre histoire, on est clairement dans une transposition du Cyberpunk dans de la Fantasy.

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  32. Bonjour,
    Pour ma part, j’y ai vu des ressemblances lointaines avec l’univers des Salauds Gentilshommes : l’onomastique à connotation italienne, une cité entre magie et technologie provenant d’une mystérieuse civilisation antérieure et disparue, riches familles et factions antagonistes, une héroïne sortie des bas-fonds et vivant de rapines comme ceux de la bande de Lamora.
    Si ce n’est que la saga initiatique de Scott Lynch est une épopée beaucoup plus richement dépeinte, grâce notamment à un point de vue omniscient qui permet de formidables descriptions de la cité et de sa société.
    C’est ce qui m’a manqué dans le livre de R.J. Bennett, où le récit se déroule sous la forme d’un feuilleton fantastique très (trop) massivement dialogué. S’il est vrai que le système des objets enluminés est génial, un certain nombre d’aspects m’ont laissé sceptique : des tours et ressorts narratifs pas très crédibles (personnages virtuels qui parlent à l’intérieur de la protagoniste, une « Clef » qui parle avec des termes d’argot ; un méchant caricatural ; enfin des rebondissements et exploits quelque peu « grand-guignolesques » qui me donnent l’impression de lire une fantasy de wu xia pian (ces films de combat chinois où les héros volent et font des tours de magie). Eblouissant… mais on n’y croit pas une seconde.
    Enfin je pinaille, car je me suis quand même laissé porter. M2F

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