Guide de lecture SFFF – Découvrir la (ou progresser en) SF militaire

ApophisBien moins monolithique qu’on ne l’imagine souvent, la Science-Fiction militaire rassemble en réalité des romans très différents, qui, à part un cadre qui concerne les forces armées et une intrigue qui met en scène des soldats, ne partagent pas forcément beaucoup de points communs : certains (rares), sont antimilitaristes, certains se déroulent sur Terre et dans un futur proche alors que d’autres nous projettent, des siècles ou des millénaires dans le futur, dans de grands conflits interstellaires, certains mettent l’emphase sur les amiraux à la tête de vastes forces spatiales tandis que d’autres se concentrent sur les Marines ou soldats de base, qui font le sale boulot au sol ou en abordant les astronefs ennemis en apesanteur, et ainsi de suite.

Cependant, par souci de simplicité, je vais traiter toute la SF militaire dans un seul article synthétique, vous signalant pour chaque livre ce qui fait sa singularité ou son intérêt en particulier. 

Quelques définitions

Certains vont vous parler de Space Opera militaire, faisant de la SF militaire une simple variante du Space Opera. Certains vont opposer une Science-Fiction « militariste » (exaltant l’institution militaire, la guerre, la xénophobie, le règlement des problèmes par la violence, etc) et une autre antimilitariste. Certains vont même jusqu’à créer des sous-catégories comme SF militaire « militariste », « épique », « technique », « pacifiste », « parodique », etc. Pour ma part, je préfère rester simple, factuel et éviter toute orientation idéologique : la SF militaire est celle qui met en scène des soldats (au sens large : troupes terrestres aussi bien que spatiales), donc des personnages évoluant dans un cadre qui n’est pas civil mais lié à l’armée (voire à une compagnie de mercenaires). Point.

Et ce d’autant plus que certaines des classifications précédemment évoquées n’ont guère de sens : toute SF militaire ne relève pas du Space Opera (tout simplement parce qu’elle peut ne pas mettre en jeu les contextes multiplanétaires qui sont une des marques de fabrique du genre : si un bouquin montre des soldats sur la Terre du XXIe siècle, c’est bien de la SF militaire, mais en aucun cas du Space Opera militaire), la SF « antimilitariste / pacifiste » est tellement minoritaire qu’en faire un sous-sous-genre à part n’est pas franchement pertinent, certains livres classés en SF militaire dans les taxonomies alternatives précédemment évoquées ne mettent pas en jeu des militaires mais seulement la guerre, les livres de la soi-disant « SF militaire parodique » seraient, au moins pour certains, bien plus efficacement classés dans la SF humoristique, tout simplement, et ainsi de suite.

Dans le même ordre d’idée, ce n’est pas parce que tel livre célèbre montre une guerre que je vais vous en parler dans cet article : s’il n’est pas centré sur des personnages militaires, il ne sera pas évoqué. Exemple typique : La guerre des mondes de H.G. Wells. On pourrait aussi citer les grandes conflagrations du Space Opera de l’âge d’or (E.E. Doc Smith, Edmond Hamilton, A.E. Van Vogt, etc) qui, si elles mettent en scène des flottes de vaisseaux énoooormes dotés d’armes meurtrières, sont centrées sur des personnages qui sont des aventuriers civils ou à la rigueur des paramilitaires. De même (parce qu’on va forcément me poser la question), je ne vais pas évoquer Dan Abnett ou (par exemple) La vie en temps de guerre de Lucius Shepard, parce qu’il s’agit de science-fantasy militaire, pas de SF (dont relève le présent article).

Histoire de démystifier certaines choses, sachez aussi qu’à part en France, où elle est quasiment mise à l’index (bien que les choses aient un peu l’air d’évoluer ces derniers temps, notamment chez Lunes d’encre, qui annonce trois romans classés en SF militaire pour 2018 / 2019), la Science-Fiction martiale est extrêmement populaire dans le monde anglo-saxon, avec un nombre faramineux de publications (plus que pour n’importe quel autre sous-genre de la science-fiction).

Pourquoi est-ce que ça peut m’intéresser ? 

La SF militaire peut vous intéresser si :

  • Vous souhaitez voir de spectaculaires batailles spatiales ou au sol, que ce soit entre humains ou entre ces derniers et des extraterrestres.
  • Vous souhaitez qu’on vous propose une réflexion sur la guerre, la place des forces armées dans une société, l’éthique dans la façon de conduire des opérations militaires, les relations entre gouvernement civil et armée, la propagande, etc.
  • Vous souhaitez voir l’évolution des armées et de leurs équipements ou doctrines dans un futur plus ou moins lointain.
  • Vous souhaitez voir la vie professionnelle ou, parfois, personnelle (voire amoureuse !) de personnages qui ne sont pas des civils mais des militaires, ce qui conduit forcément à une perspective différente et donc potentiellement intéressante.

Qu’est-ce que je dois lire pour découvrir ou me perfectionner dans ce domaine ?

Concernant la définition des profils de lecteurs, je vous renvoie à l’article introductif du guide de lecture (pour vous aider à vous y retrouver, outre un découpage en différentes parties selon le profil de lecteur, j’ai ajouté de 1 à 5 étoiles à côté du titre de chaque roman ou cycle : il ne s’agit pas d’une note mais d’une échelle de difficulté / exigence / ordre de priorité de lecture). Tout d’abord, une remarque préliminaire : certains romans importants en SF militaire n’ont jamais été traduits en français ou bien l’ont été mais ne sont aujourd’hui plus disponibles, que ce soit sous forme papier ou électronique. Si vous voulez vraiment vous investir dans ce sous-genre, la lecture en anglais sera donc une option à envisager (et je vous rappelle que c’est à la portée de la plupart d’entre vous).

Attention, les listes qui suivent sont conçues pour rassembler les livres les mieux adaptés à chaque profil de lecteur et les plus emblématiques de la SF militaire, pas forcément pour être exhaustives à tout prix et recenser n’importe quel livre où on trouve des soldats et des batailles. C’est un parcours conseillé, pas le seul qui existe.

Complet débutant (n’a jamais lu de SF… du tout !) *

Je ne conseillerais pas forcément à quelqu’un qui n’a jamais lu de Science-Fiction de commencer par son volet militaire, et ce pour une raison toute simple : ce sous-genre étant peu populaire dans l’édition française (à part chez l’Atalante, voire chez Bragelonne), il n’est pas forcément très représentatif de l’offre SF en France. Si, malgré tout, vous désirez absolument commencer par de la SF militaire, les textes suivants me paraissent être la porte d’entrée idéale :

Le vieil homme et la guerre – John Scalzi *

old_man_s_warPremier livre d’un cycle en comptant six (mais pouvant se lire de façon isolée), Le vieil homme et la guerre montre, comme son nom l’indique, un monde où les militaires recrutent non pas chez les jeunes, mais au contraire chez les personnes âgées, à qui elle offrent une seconde vie via une technologie avancée. Une nouvelle existence qui se déroulera sur les champs de bataille qui opposent l’humanité à diverses races extraterrestres pour le contrôle des rares planètes extrasolaires habitables. Pourquoi conseiller ce roman à un débutant, à la fois en SF en général et en Science-fiction militaire en particulier ? Parce que les thèmes de fond, la réflexion, les questionnements éthiques, sont profonds et bien traités chez Scalzi, mais sans pour autant sacrifier le côté action et spectaculaire typique de la SF militaire. De plus, l’écriture à la première personne est très immersive, le récit est intéressant et sans temps mort, l’auteur alterne avec brio passages profonds / dramatiques et d’autres plus teintés d’humour ou de légèreté, et le personnage central est extrêmement sympathique. Bref, voilà qui me paraît être une bonne porte d’entrée en SF militaire, voire en science-fiction tout court.

Supériorité – Arthur C. Clarke *

superiorité_clarkeSupériorité est une nouvelle écrite en 1951 par Arthur C. Clarke, un des plus grands auteurs de l’histoire de la science-fiction. Elle décrit comment, de façon a priori paradoxale, le camp le plus avancé technologiquement dans une guerre interstellaire a perdu le conflit justement du fait de ladite avancée.

Court, intelligent et savoureux du fait de son humour sous-jacent, ce texte sur la course aux armements (et sa futilité), mettant en scène un chercheur de la Flotte qui raconte ses malheurs depuis sa cellule, est idéal pour s’initier à la SF militaire en douceur (et sa chute est cocasse !). Il prouve en effet qu’un texte relevant de ce sous-genre n’est pas automatiquement synonyme de carnages, de violence aveugle, d’exaltation d’un militarisme triomphant ou d’un ton noir. Il est disponible soit dans divers recueils de nouvelles sous forme physique, soit dans un package contenant deux autres textes (dont le magistral Les neuf milliards de noms de Dieu, que je vous conseille vivement) sous forme électronique.


Novice (connaît les bases de la Science-Fiction, veut découvrir plus spécifiquement la SF militaire) **

Vous connaissez déjà un peu de SF, mais pas celle à cadre militaire. Si vous souhaitez découvrir ce sous-genre, les romans suivants seront à privilégier, soit parce que ce sont de grands classiques incontournables, soit parce qu’ils sont faciles à lire et constitueront donc une porte d’entrée idéale :

Starship troopers – Robert Heinlein **

starship_troopersSi vous n’avez qu’un seul livre de SF militaire à lire, vous devez absolument choisir celui-ci (et si vous ne devez lire qu’un seul cycle, que ce soit celui d’Honor Harrington 😀  ). Avant tout, si jamais vous avez vu le film de Paul Verhoeven, sachez qu’il n’a pas grand-chose à voir avec le roman, dont il constitue au mieux une parodie, au pire (et c’est mon opinion) une complète trahison. En effet, l’ouvrage d’Heinlein se caractérisait par deux points qu’on ne retrouve pas dans le long-métrage : une profonde réflexion politique sur la place du militaire dans la société (et la nature de celle-ci), et, sur le pur plan science-fictif, par la popularisation des exosquelettes de combat à la Iron Man, pour vous donner une référence plus moderne et que la plupart d’entre vous connaîtra (contrairement à une croyance répandue, c’est E.E. « Doc » Smith qui a inventé le concept, mais c’est Heinlein qui l’a fait connaître au plus grand nombre). Dès lors, combinaison de grande qualité de SF « intelligente » (certains ne seront pas d’accord avec les réponses apportées par l’auteur, mais il a au moins le mérite de poser des questions intéressantes. Au passage, je rappelle qu’il a aussi publié En terre étrangère, bible des communautés hippies et roman progressiste majeur de la contre-culture américaine, une charge violente contre toutes les institutions) et de divertissement / action, et précurseur de la SF militaire mettant en scène des Marines à armures motorisées et bardées d’armements divers, Starship troopers (connu, avant le film, sous le nom d’Étoiles, garde-à-vous ! dans l’édition française) est sans aucun doute la plus incontournable de toutes les lectures possibles en matière de SF militaire, ne serait-ce que du fait du nombre d’œuvres postérieures qu’il a pu influencer.

La stratégie Ender – Orson Scott Card **

ender_cardAutre livre majeur en matière de SF militaire, La stratégie Ender ouvre un très vaste cycle dont aucun autre texte, cependant, n’égale, à mon humble avis, la qualité de celui d’ouverture. Alors que l’humanité se prépare à une seconde guerre contre une espèce extraterrestre insectoïde (la première n’ayant été gagnée que de justesse), les Doryphores, qui possèdent une supériorité numérique écrasante, on tente de former, en orbite terrestre, des enfants et des adolescents au grand potentiel, afin d’en faire des officiers d’exception. L’intrigue suit le plus prometteur d’entre eux, Andrew Wiggin, dit « Ender » (« celui qui termine »), pendant ses années de formation au combat, la stratégie et la tactique, et lors de jeux de guerre en apesanteur ou dans des simulations informatiques. Personnage complexe, à la fois fascinant, touchant et impitoyable dans l’accomplissement de ses objectifs, Ender est en fait manipulé par le commandement. Pourquoi, comment ? Vous le saurez en lisant cet excellent roman, à la fin inoubliable !

La guerre éternelle – Joe Haldeman **

forever_war_haldemanLa guerre éternelle est le troisième livre majeur de la SF militaire, et est également considéré comme le chef-d’oeuvre de sa branche antimilitariste (même si personnellement, je pense que Hardfought de Greg Bear -voir plus loin- le dépasse sur ce plan, et qu’il est plus anti-guerre qu’anti-militaires). Dans un univers où les particularités du voyage interstellaire créent un énorme effet de dilatation temporelle, les quelques secondes de saut entre deux collapsars (ancien nom pour les trous noirs) qui s’écoulent pour les soldats à l’intérieur des vaisseaux peuvent représenter des décennies, voire des siècles, pour le monde extérieur. Nous suivons ainsi le brillant étudiant William Mandella, recruté de force pour combattre les Taurans, responsables de la destruction de vaisseaux humains, de son enrôlement jusqu’à ses 32 ans, alors que sur Terre, durant le même temps subjectif, le calendrier passe de 1997 à… 3143. Clair récit autobiographique et allégorie de la guerre du Viêt Nam, La guerre éternelle est le compte-rendu sarcastique (puis désabusé) narré à la première personne d’un pacifiste projeté dans un univers militaire qui lui est étranger (mais où, pourtant, il s’intégrera paradoxalement fort bien), développant une intrigue qui prouvera la profonde absurdité de la guerre. Considéré comme une réponse à Starship troopers (vue de l’autre côté du spectre politique), ce roman brillant sera pourtant qualifié par Heinlein lui-même de livre suprême sur la guerre future (du moins à l’époque de sa parution : les choses sont sans doute plus compliquées aujourd’hui, avec les Honor Harrington et compagnie). Quoi qu’il en soit, pour qui s’intéresse à la SF militaire, cela reste une lecture incontournable (avec un point très amusant rappelant un peu Arthur C. Clarke et Frank Herbert  : l’évolution des défenses mène à un retour… aux armes blanches !).

Cycle « Honor Harrington » – Tomes 1-3 – David Weber **

mission_basilicHonor Harrington est LE cycle majeur de SF militaire apparu ces trois dernières décennies, et à mon humble avis de toute l’histoire de ce sous-genre. Transposition spatiale des romans militaires navals se déroulant à l’époque Napoléonienne, dans la droite lignée des aventures d’Horatio Hornblower (jusqu’aux initiales !) de C.S. Forester, la saga suit la carrière de Honor Harrington (surnommée la Salamandre) dans la Flotte Royale de Manticore (un équivalent de l’Angleterre) dans la guerre qui oppose le Royaume Stellaire aux Havriens (qui sont bi-classés Français – Soviétiques). Le cycle, déjà énorme (bientôt quatorze tomes, dont la majorité dépassent les 1000 pages), a engendré toute une galaxie de sous-cycles dérivés et de textes courts, nouvelles, voire novellas. S’il est aussi exceptionnel, c’est avant tout grâce à la qualité de ses personnages, de son univers très détaillé (y compris sur le plan technique, où on frôle parfois la Hard SF) et de la description haletante de batailles s’étalant parfois sur une centaine de pages ! Cette saga est vraiment la Rolls de la SF militaire, avec des éléments pouvant plaire à des publics très variés, comme l’a prouvé sans conteste sa récente (re)sortie en poche.

Toutefois, on peut diviser le cycle en différentes phases, dont certaines seront plus attractives que d’autres pour des débutants en SF militaire ou des gens qui apprécient d’en lire mais sans plus, tandis que d’autres se mériteront et / ou seront réservées aux purs et durs du sous-genre. La première de ces phases, comprenant les tomes 1 à 3, est toutefois, à mon avis, tout à fait susceptible de plaire à tout le monde, sauf les plus irréductibles réfractaires à la Science-Fiction martiale.

Cycle « La flotte perdue » (et dérivés) – Jack Campbell **

indomptable_campbellLa flotte perdue (et ses trois sous-cycles annexes) est l’autre grande saga récente de SF militaire, celle qui est également prise comme référence avec Honor Harrington. Toutefois, à titre personnel et comme de nombreux amoureux de ce sous-genre, je la placerais un cran en-dessous des aventures de la Salamandre. Inspiré par l’Anabase de Xenophon (qui décrit la retraite de mercenaires grecs très profondément enfoncés en territoire perse), le cycle de Jack Campbell montre le lent et périlleux retour d’une armada qui a tenté une frappe de décapitation sur la planète-mère ennemie, qui est tombée dans un piège, et qui tente de rentrer dans son espace d’origine, le tout sur fond de dissensions au sein même du commandement. Vous remarquerez au passage que cinq ans avant la parution du tome 1 de La flotte perdue, David Weber, associé à un autre poids lourd de la SF militaire, John Ringo, a publié le premier roman d’un cycle également inspiré par l’Anabase

Sans atteindre les nombreuses qualités de l’Honorverse de Weber, Jack Campbell propose cependant une histoire nerveuse, empreinte de dramaturgie presque à l’égal d’une épopée héroïque antique, et soulevant de très intéressantes thématiques de fond, principalement via un protagoniste très soigné surgi du passé (il a été retrouvé par la Flotte en état de sommeil cryogénique, pour s’apercevoir que pendant son long sommeil, il est devenu un héros et un symbole de résistance absolue à l’ennemi) et qui est effaré par ce que la guerre a fait des valeurs qui définissaient jadis sa (ou plutôt la) civilisation. Bref, ce cycle a ses qualités propres, et même si je le place assez loin derrière l’oeuvre de Weber, il n’en reste pas moins hautement recommandable en valeur absolue d’une part, et de tout premier plan au sein de la SF militaire d’autre part. Vous pouvez retrouver la critique du tome 1 ici.

Le choix du courage – Tanya Huff **

choix_courage_huffLe choix du courage est le premier tome du cycle La Confédération, qui compte 5 tomes en VO et 3 en VF (la traduction ayant été définitivement stoppée), suivi par une série dérivée comptant pour l’instant deux livres. Dans cet univers, une… Confédération de races ayant dépassé la violence se trouve bien embêtée quand un autre groupement d’espèces, les Autres, agressif et expansionniste, décide de mettre un peu d’ambiance dans ce secteur de la galaxie. Les pacifistes recrutent donc les humains (puis deux autres types d’aliens) afin qu’ils leur servent de troupes de choc. Ou comment sauver sa peau sans se salir les mains. Dans le tome 1, nous suivons le sergent-chef Torin Kerr, commandant en second d’un peloton de Marines mêlant humains et extraterrestres. Ils sont envoyés assurer la sécurité d’une mission devant tenter de recruter une nouvelle espèce dans la guerre contre les Autres. Mais les choses vont très, très mal tourner, et on va se retrouver avec une allégorie de Rorke’s Drift, comme on en croise très souvent en SFF militaire (dans La souveraine des ombresLe trône de Jade ou encore Les Mille noms), en clair les héros, en nombre réduit, retranchés quelque part et assaillis par des forces ennemies très, très, très supérieures sur le plan numérique.

Cette série est un excellent exemple de SF militaire se passant au sol (ou en environnement en micro-gravité dans le tome 2), par opposition à celle centrée sur les affrontements spatiaux qui est très largement majoritaire dans ce sous-genre. Ni anti- ni vraiment pro-militariste, caractérisée par son humour et sa vue des combats à hauteur d’homme (ou plutôt de femme -et d’alien-) plutôt que du haut du pont d’état-major d’un Supercuirassé, ainsi que par une protagoniste fort sympathique (et très badass !), cette saga est très recommandable pour qui est plus attiré par les aventures des Marines que par celles des officiers de la Flotte.

Dogs of war – Adrian Tchaikovsky **

dogs_of_warCe roman sera disponible en français en 2019. Dans cette SF militaire de futur proche (une génération environ), des animaux aux possibilités augmentées par le génie génétique et la cybernétique, les bioformes, sont sur le point de remplacer les soldats humains, et ont rendu obsolètes les robots de combat, trop vulnérables au piratage. Sacrifiables, rapides et peu coûteux à produire en masse, dépourvus de scrupules ou d’éthique, plus adaptables aux situations imprévues que les machines, les bioformes sont les combattants idéaux. L’histoire suit un tout nouveau type d’escouade, formé non pas uniquement de cyber-chiens, mais de quatre bestioles différentes, employées dans une sale petite guerre corporatiste dans le sud du Mexique. Ce sera surtout l’occasion d’entrer dans la tête du cyber-chien Rex, le chef d’escouade, et de le voir, au fil des années, faire tout le chemin allant de l’arme vivante et du chien savant à la personne à part entière.

Si cette SF militaire n’est pas spécialement originale (mais a le mérite de se passer sur Terre et dans 1-3 décennies à peine, montrant qu’il n’y a pas que les contextes de futur lointain et multiplanétaires), elle est revanche très bien faite et crédible, extrapolant l’utilisation bien réelle des animaux par les militaires dans un cadre où les manipulations génétiques et les implants cybernétiques sont une réalité. Ajoutons que, de plus, de nombreux thèmes autres que purement militaires sont abordés, et que l’écriture de l’auteur est très efficace, ce qui achève de faire de Dogs of war un must-read. Pour vous en convaincre, je vous invite à lire ma critique.

Cycle « Frontlines » – Marko Kloos **

terms_of_enlistmentLe cycle Frontlines, publié (dans la langue de Shakespeare) par l’écrivain allemand (installé aux USA) Marko Kloos, est une excellente porte d’entrée en matière de SF militaire si vous lisez l’anglais (et je m’empresse de préciser que le niveau est ici très, très accessible : après tout, ce n’est pas la langue natale de l’auteur, aussi il ne va pas chercher midi à quatorze heures). En effet, d’une part l’action du tome 1, Terms of enlistment, se passe dans moins d’un siècle, en grande partie sur Terre et avec des armements proches de ceux utilisés actuellement, et d’autre part le premier tome est très inspiré par trois grands archétypes du film de SF et / ou de guerre, familiers de la plupart d’entre vous : Aliens, Starship Troopers et (surtout) La chute du Faucon noir. Cette Science-Fiction militaire, si elle n’est originale sur pratiquement aucun point, est en revanche très prenante, fluide et agréable à lire, fort bien rythmée, et ménage quelques scènes absolument formidables. Bref, le lecteur anglophone (ou qui veut se mettre à la fois à la lecture en anglais et à la SF militaire) trouvera difficilement mieux dans cette langue (voire tout court !) pour débuter dans la Science-Fiction qui fait pew pew. Si vous voulez plus de détails sur ce livre, je vous invite à lire ma critique.


Amateur (a une bonne base en Science-Fiction en général et a déjà lu un peu de SF militaire) ***

Si vous souhaitez aller au-delà des livres incontournables ou de base, je vous suggère les lectures suivantes :

Cycle « Honor Harrington » – Tomes 4-5 – David Weber ***

HH_4Si les tomes 1-3 du cycle Honor Harrington présentent tous une part plus ou moins importante de batailles (ce à quoi l’amateur moyen de SF militaire aspire, à la base), les tomes 4 et 5, en revanche, montrent très peu d’action, et se concentrent plus sur la vie personnelle, voire amoureuse, de la protagoniste. Ce qui pourra, donc, déstabiliser certains lecteurs, voire, si je me fie aux retours suite à la sortie récente en poche chez l’Atalante du cycle, en inciter une partie à abandonner la saga. Je préfère donc prévenir que pour ces profils de lecteurs, les tomes 4-5 constituent un « trou d’air », et que l’action ne fera son retour qu’au tome 6, ce qui fait que seuls les plus motivés dans la découverte de ce cycle fondamental en SF militaire atteindront ou dépasseront ce stade. Pour autant, je tiens à préciser que, pour moi, tous aspects confondus, les tomes 4 et 5 se placent parmi les meilleurs de la saga. Et que la SF militaire met, avant tout, le lecteur en présence de personnages qui vivent non pas dans un cadre civil, mais régi par l’Armée, ce qui ne les empêche pourtant pas d’aimer, de souffrir, etc. Ils restent humains, seul leur cadre de vie / professionnel est différent. Balayer d’un revers de la main ces deux tomes « parce qu’il n’y a pas de combats » me paraît donc un peu réducteur, et se couper d’une dimension entière du sous-genre. Après, chacun ses goûts, je ne critique pas.

Forteresse des étoiles –  C.J. Cherryh ***

forteresse_des_etoilesForteresse des étoiles est le premier tome (dans l’ordre de parution, pas dans la chronologie interne) du cycle Les guerres de la compagnie, qui s’inscrit lui-même dans un énorme meta-cycle (27 romans !) se déroulant dans un univers commun, celui de l’Alliance-Union. Si toute la saga ne relève pas de la SF militaire, c’est le cas des guerres de la compagnie et du cycle Les Guerres Mri. Mais revenons à Forteresse des étoiles, prix Hugo 1982 et considéré comme un des tout meilleurs livres de science-fiction de tous les temps, excusez du peu ! Le roman est centré autour d’une station spatiale du système de Tau Ceti, orbitant autour de la planète Pell, un point de transit entre la Terre et l’Au-delà (les colonies spatiales), en 2352 et 2353, à la fin de la longue guerre de la Compagnie (la corporation qui est à l’origine de la colonisation de l’espace par les terriens). Des convois entiers de réfugiés de stations prises par l’ennemi, l’Union, affluent vers Pell, à un point tel que ses ressources limitées sont lourdement sollicitées. Alors que certains envisagent de négocier avec l’Union et que la Terre ne fait pas beaucoup d’efforts pour approvisionner la flotte de la Compagnie, un commandant a mis au point un plan de la dernière chance pour renverser la situation. Et vu que Pell et sa station constituent désormais la principale base logistique de la Compagnie, l’importance du système ne fait que croître, aussi bien aux yeux de cette dernière qu’à ceux de l’ennemi… pour le plus grand malheur de ses habitants ! Car certains sont prêts à tout pour mener leurs plans à bien, y compris à l’impensable et l’horrible !

Aussi sidérant que cela puisse paraître, ce roman fondamental n’est plus que difficilement trouvable en français. Il serait bon que nos chers éditeurs se penchent sur la question ! Cette absence de réédition récente ou de disponibilité d’une version électronique en VF peut en partie expliquer le fait que sur le strict plan de la SF militaire, il ait été éclipsé, ces dernières années, par des cycles comme ceux de Honor Harrington ou de la Flotte perdue. Il faut aussi dire que ses vingt premières pages, qui sont un déballage très abrupt et dense d’informations, peuvent être un frein pour celui qui a encore peu de lectures en SF derrière lui, ce qui fait que je ne le conseille pas pour débuter dans le domaine mais plutôt à des gens qui ont déjà une certaine expérience et ne seront pas effarouchés (et tentés d’abandonner) facilement.

Cycle « Vorkosigan » – Lois McMaster Bujold ***

cordelia_vorkosiganLa saga Vorkosigan est un cycle de romans et de nouvelles commencé en 1986 et toujours en cours en 2018. Il a reçu cinq prix Hugo, ce qui est un exploit inégalé. Il oppose symboliquement la planète Beta, riche, moderne, avancée, égalitariste et progressiste, à Barrayar, un monde à la société à l’esprit féodal, pauvre, hautement militariste et hiérarchisée, et met en scène plusieurs personnages de la famille Vorkosigan, dont Cordélia (la mère) et Miles (le fils), ce dernier étant issu de parents originaires des deux mondes. Il est atteint de nanisme et a des os fragiles (c’est le résultat d’un attentat au gaz empoisonné alors que sa mère était enceinte : l’administration d’un médicament, hélas tératogène, a été nécessaire), mais c’est surtout un génie sur le plan militaire.

SF militaire, certes, mais aux multiples aspects : romance, intrigues politiques, etc. Côté flamboyant, presque de cape & d’épée spatial (l’auteure parle de « Sword & Spaceships »), worldbuilding pointu, personnages fouillés et attachants, rien ne manque pour faire de cette énorme saga un incontournable de la SF martiale en particulier et de la science-fiction en général. Notez également que le cycle est facilement disponible en français sous la forme d’une intégrale en plusieurs volumes.

Cycle « Lazare en guerre » – Jamie Sawyer ***

artefact_sawyerS’il n’atteint pas le niveau d’Honor Harrington ou de La flotte perdue, le cycle Lazare en guerre est très probablement une des sorties majeures en SF militaire en français de ces dernières années. Mêlant une technologie à la Avatar à une ambiance ou des éléments de worldbuilding qui ne dépareilleraient pas dans Aliens, Warhammer 40 000 (les Tyranides) ou  Apocalypse Now, cette saga combine les profondes thématiques de la SF « intelligente » au côté spectaculaire et pyrotechnique de la SF de divertissement, surtout dans le tome 1. Le tome 2, la novella qui sert de tome 2.5 et le tome 3 sont peut-être plus orientés action que réflexion, mais néanmoins l’ensemble forme un cycle de SF militaire de grande qualité et à l’ambiance unique, plus sombre que chez David Weber ou Jack Campbell. Et si vous êtes un fan d’Aliens et d’Avatar, c’est un must-read ! (Et puis de toute façon une série de bouquins qui cite votre serviteur en quatrième de couverture ou dans les rabats est à posséder absolument, non ?).

Cycle « De haut bord » – H. Paul Honsinger ***

honsinger_vol1_def.inddSi David Weber s’est inspiré de C.S. Forester, H. Paul Honsinger, lui, a en partie basé son cycle de SF militaire (De haut bord) sur les aventures d’Aubrey et Maturin (en partie adaptées au cinéma dans le film Master and commander) lors des guerres navales Napoléoniennes, écrites par Patrick O’Brian. La particularité est que l’ambiance tire aussi vers les techno-thrillers sous-marins à la Clancy / DiMercurio, ce qui constitue une combinaison à la fois différente et dépaysante par rapport aux cycles signés Weber ou Campbell. Si, au niveau de l’écriture, on est sur quelque chose qui présente plus de défauts que ces références, chacun de ces romans reste très prenant et une lecture tout à fait valable. Seuls quelques petits points de crispation peuvent éventuellement tenir certains profils de lecteurs éloignés de cette trilogie (bientôt en 4+ volumes  😀  ) : l’absence des femmes au combat (et son explication) et des références un peu lourdes à Star Trek ou aux maîtres en matière de littérature militaire (SF ou pas). Néanmoins, son ambiance sympathique et son nombre limité de tomes (d’une taille raisonnable, qui plus est) n’en font pas une mauvaise lecture pour qui veut aller au-delà des cycles incontournables / de base, justement. Pour plus de détails, je vous invite à consulter mes critiques :  tome 1tome 2 et tome 3.

Valiant dust – Richard Baker ***

valiant_dustValiant dust est le premier tome d’un cycle de SF militaire appelé Breaker of empires (le second est attendu en VO fin octobre 2018). Il a certes quelques (finalement vagues et superficielles) ressemblances avec du David Weber, mais il est, si on y regarde de plus près, beaucoup plus inspiré par les grands empires coloniaux des XIXe et XXe siècles que par l’épopée navale de l’époque Napoléonienne à la C.S. Forester. Si forte analogie navale il y a, elle est ici plus avec des croiseurs de la Première Guerre mondiale qu’avec les sous-marins de Honsinger ou les navires à voiles du début du XIXe de Weber.

La riche géopolitique et les thématiques coloniales / impérialistes sont sans doute le gros point fort du tome 1. Pourtant, certains choix faits au niveau du personnage principal, le fort côté romantique et jet-set d’une partie du récit, ainsi que quelques petites incohérences sur le plan militaire, risquent de poser problème aux fans les plus hardcore de SF militaire. Même si globalement, Valiant Dust est un bon roman, certes loin d’Honor Harrington ou de La flotte perdue, mais qui a des arguments à faire valoir avec les livres du niveau en-dessous de celui de ces références, comme le cycle De haut bord de H. Paul Honsinger (celui de Richard Baker concentre nombre de points positifs trouvés chez Honsinger, mais sans les défauts qui ont pu agacer certains lecteurs : dans Valiant Dust, non seulement les femmes prennent part au combat, mais elles y ont un rôle de tout premier plan ! ). Si vous souhaitez avoir plus de détails sur ce roman, lisez ma critique.

The last good man – Linda Nagata ***

last_good_man_nagataCes dernières années, Linda Nagata, papesse du Nanopunk, s’est plutôt réorientée vers de la SF militaire se passant dans un futur très proche, un segment à mon avis trop négligé de ce sous-genre. Outre son cycle Red, on vous conseillera, si vous êtes anglophone, de jeter un coup d’oeil au one-shot The last good man, qui propose une anticipation très solide de la guerre de demain (une à trois décennies, à vue de nez), dominée par les sociétés militaires privées et des drones semi-autonomes pilotés par IA, de conception « maison » et fabriqués par imprimantes 3D. Nous suivons True Brighton, ex-soldat de 49 ans désormais directrice des opérations de ReqOps, société engagée pour libérer une otage dans les vestiges du Califat, désormais dominé par des seigneurs de la guerre. La mission ne sera toutefois pas au cœur du roman, mais un prétexte à la fois pour déterrer les sombres secrets du passé de plusieurs membres de l’équipe et surtout un alibi pour examiner les changements de paradigme militaire entraînés par la robotisation, les imprimantes 3D et les armements intelligents autonomes. Si vous cherchez une SF de futur proche réaliste, bien écrite et à l’intrigue et aux protagonistes bien conçus et finis, vous trouverez votre bonheur avec The last good man. Pour plus de détails, voyez ma critique.

Le Faucheur – David Gunn ***

le_faucheur_gunnAvec le cycle Les Aux’, dont Le faucheur est le premier tome, on change de dimension : loin des contextes ou des personnages fouillés, de l’écriture qui essaye un minimum d’être soignée, des intrigues qui tentent au moins de paraître subtiles, on est ici dans du bourrinage pur et dur. Le héros est une grosse brute, le contexte est dessiné à très grands traits grossiers, l’intrigue ne casse pas trois pattes à un canard, le style est brut de décoffrage, et j’en passe. Mais bon, après tout, hein, l’auteur est présenté comme un baroudeur, un espion qui « dort avec un fusil à pompe sous son oreiller », et explique qu’il a écrit son livre alors qu’il vomissait tripes et boyaux. Tout un programme ! Vous allez donc me dire : mais quel intérêt, alors ? Eh bien d’une part, c’est bourrin et ça ne vole pas haut, mais c’est sympathique (et puis ici, nous ne sommes pas vraiment chez les élitistes cosmiques, hein), et puis surtout, mais alors surtout, le héros, Sven (qui n’est humain qu’à 98.2 %), a un flingue intelligent (une sorte de version avec IA Banksienne du pistolet du Judge Dredd) qui est LE joyau du cycle et sans doute l’objet doté d’une personnalité le plus réussi de toute l’histoire de la SFFF, devant Stormbringer et ex aequo avec les vaisseaux de Iain M. Banks. Bref, si l’odeur de la testostérone et du vomi ne vous fait pas peur, foncez, d’autant plus que l' »objet » est souvent en promotion numérique chez Bragelonne (on se demande bien pourquoi !).


Vétéran (cherche à aller encore plus loin en SF militaire) ****

Si vous cherchez des livres de SF militaire qui sortent encore plus des sentiers battus (du moins en France), je vous conseille les lectures suivantes :

Cycle « Honor Harrington » – Tomes 6-8 – David Weber ****

aux_mains_ennemi_weberBon, bon, bon. Si vous avez lu les cinq premiers tomes d’Honor Harrington, que vous avez passé l’obstacle des tomes 4-5 qui posent problème à certains fans hardcore de SF militaire, vous méritez bien votre titre de « vétéran ». Alors je vais en rassurer tout de suite certains, les tomes 6-8 reviennent à de l’action pure et dure, militaire pour le 6 et le 7, militaro-carcérale pour le 8. En effet (et ce n’est pas un spoiler : c’est dit explicitement dans le titre du tome 7), Honor Harrington va être capturée par les Havriens, et être débarquée sur une planète-prison. Toute l’intrigue du tome 8 montrera de quelle façon elle s’empare de la taule et s’échappe alors que des vaisseaux de combat de SerSec rôdent en orbite. Sachez, pour finir, que sur le plan de la lecture et financier, le cycle devient plus exigeant à partir de ce stade : alors que les tomes 1-5 existaient en un seul volume en version physique, à partir du tome 6 (et pour quasiment tous les romans des sous-cycles dérivés), c’est systématiquement en deux volumes (ils font plus de mille pages !).

Cycle « Hammer’s Slammers » – David Drake ****

Hammer_s_slammersTrès peu connu en France, le cycle de romans et (à l’origine) de textes courts Hammer’s Slammers est pourtant une référence incontournable de la SF militaire dans le monde anglo-saxon. Et ce pour une raison simple : il en explore une branche particulièrement marginale, qui concerne non pas seulement la partie terrestre (par opposition à spatiale) des opérations, mais encore plus spécifiquement des forces de blindés. Car si les combats spatiaux se taillent la part du lion dans ce sous-genre, les finalement rares livres privilégiant ceux se déroulant au sol (ou mettant en scène des Marines abordant des vaisseaux ennemis ou des épaves extraterrestres mystérieuses, peu importe) mettent quasi-systématiquement en jeu des fantassins (à la rigueur munis d’armures motorisées, à la Starship Troopers) mais quasiment jamais des tankistes.

Les tanks (à coussin d’air, dotés de réacteurs à fusion, de canons à plasma et d’une IA) et la technologie en général sont décrits avec précision, ce qui, en plus de l’amateur de SF militaire dans son ensemble et de blindés en particulier, fera le bonheur du lecteur à tendance Hard SF. Au final, si vous lisez l’anglais (les différents textes s’inscrivant dans cet univers sont facilement disponibles en édition électronique sous forme d’une intégrale en plusieurs volumes) et que vous cherchez une SF militaire qui sort des sentiers battus et fait référence dans son domaine, vous trouverez difficilement mieux (au passage, voilà qui me permet de réhabiliter David Drake, dont les plus fidèles adeptes de l’Apophisme parmi vous se souviennent peut-être que je l’avais légèrement étrillé lors de ma critique d’un de ses bouquins de Fantasy). Sachez aussi que ce cycle met une emphase particulière sur les horreurs et la futilité de la guerre.

Cycle « Bolo » – Keith Laumer ****

bolo_laumerAussi méconnu ou oublié que Hammer’s Slammer en France, le cycle Bolo, initialement créé par Keith Laumer puis repris par de nombreux et célèbres autres écrivains (dont David Weber, S.M. Stirling ou William R. Forstchen) dans diverses anthologies, est pourtant une référence absolue en SF militaire dans le lectorat anglo-saxon. Sa particularité est de mettre en vedette des tanks géants (de 150 à… 32000 tonnes !), de plus en plus intelligents / autonomes au fur et à mesure de la vaste durée que couvre la saga (de nos jours au 118e siècle !), et dotés d’un armement tel qu’à partir d’un certain stade, un seul d’entre eux peut garder ou au contraire prendre une planète entière ! Le point de vue adopté dans la narration est même celui du Tank, ce qui ne fait que renforcer la singularité de la chose. Si ce cycle est bien moins subtil, sans doute, que certains des livres ou sagas évoqués dans cet article, il ravira en revanche l’amateur d’artillerie lourde, de GURPS Ogre ou encore des Cybertanks aperçus dans les films Terminator ou le long-métrage Avalon. Et le défilé d’horribles ennemis extraterrestres est juste hallucinant : une vingtaine d’espèces !

Cycle « Childe / Dorsai » – Gordon R. Dickson ****

dorsaiTroisième cycle fameux dans le monde anglo-saxon et en grande partie oublié chez nous, et connu sous les noms de Childe ou de Dorsai, cette saga inachevée, écrite par Gordon R. Dickson et partiellement traduite en français (mais les exemplaires dans la langue de Molière seront très ardus et chers à dénicher, contrairement aux éditions électroniques en VO), commence par un roman qui est réputé être à l’officier ce que Starship Troopers est au troufion de base. Dans un univers où la race humaine s’est séparée en différentes cultures ultra-spécialisées, les Dorsai produisent les meilleurs soldats. Leur monde étant pauvre en ressources et l’échange d’expertises étant la règle, ils louent leur services aux gouvernements d’autres planètes. Nous suivons Donal, général de génie, capable de prendre jusqu’aux place-fortes réputées invincibles.

Le tome 2 est un prélude à Dorsai !, le 3 se passe à la même époque que ce dernier, le 4 s’insère entre le 2 et le 1 (et est le deuxième dans la chronologie interne du cycle), tandis que les autres sont majoritairement des recueils de nouvelles. Une particularité, sur le plan militaire, est l’utilisation, devant le développement de contre-mesures de plus en plus évoluées, d’armes « primitives » mais particulièrement fiables, à projectiles le plus souvent. On est donc loin des armements extrêmement évolués croisés dans d’autres ouvrages de SF militaire.

Le dragon ne dort jamais – Glen Cook ****

dragon_cookCela va peut-être surprendre certains d’entre vous, mais Glen Cook écrit aussi de la science-fiction ! Sans grande surprise, avec l’auteur de La compagnie noire, son roman Le dragon ne dort jamais s’inscrit dans le sous-genre militaire. Les humains contrôlent un vaste volume spatial, conquis grâce à la mise au point d’une arme terrible, les Vaisseaux (avec un grand « V »). Certes, il y a aussi dans cet univers des vaisseaux (avec un petit « v »), mais rien de comparable à ceux-là : de leur taille (des centaines de kilomètres de long) à leurs protections (les champs de force les plus efficaces de l’univers connu) et leurs armes en passant par leur vitesse et par tout un tas de systèmes réservant de très désagréables surprises à leurs adversaires, ils constituent une force aussi invincible que crainte. Depuis leur mise au point, 4000 ans auparavant, ils maintiennent un contrôle absolu sur leur territoire et écrasent systématiquement toute invasion extraterrestre avec une terrifiante facilité. Et lorsqu’on sait qu’il y a 32 Vaisseaux, on comprend mieux que leur tyrannie soit absolue et que, malgré quatre millénaires de tentatives, nul n’ait pu la briser. Outre les noms des vaisseaux (modelés sur ceux des Légions) et des titres militaires ou politiques, c’est plus généralement tout le contexte qui est une transposition de l’Empire Romain dans l’espace.

Si le contexte et l’élément-clef (les Vaisseaux) sont fascinants, les combats seront un peu succincts pour remporter l’adhésion du pur et dur de la SF militaire, et le roman se révèle ardu parce que l’auteur ne vous facilite pas la lecture en ne vous livrant que trèèèès progressivement les clefs pour comprendre son univers, et parce que l’intrigue (dans tous les sens du terme) est tellement profonde qu’on finit par s’y perdre (sauf pour le strict aspect militaire). Mais il n’en reste pas moins que ça reste passionnant de bout en bout, et la solidité et une certaine originalité de l’univers ne peuvent, à mon sens, que remporter l’adhésion, au moins en partie. Et puis bordel, c’est du Glen Cook dans l’espaaaace avec des vaisseaux géants ! 😀  Pour plus de détails, voir ma critique.

Armor – John Steakley ****

armor_steakleyJohn Steakley a déclaré avoir été frustré par la brièveté des combats à proprement parler dans Starship Troopers, et a donc écrit son propre roman en conséquence. Il s’en inspire d’ailleurs lourdement (armures de combat, ennemi insectoïde, attaque de la Terre et spécifiquement de l’Amérique du sud, univers où la Flotte est toute-puissante, etc). Cependant, il est très loin de proposer la réflexion politique et sur la nature des sociétés du livre de Robert Heinlein, et sur le plan littéraire, il est loin d’approcher le niveau de cet auteur (le style est très fluctuant, parfois intéressant, parfois assez basique). Théoriquement, c’est de la SF militaire, mais d’une part, une moitié du livre ne met en jeu aucun soldat (des déserteurs devenus pirates, à la rigueur, et encore, d’assez loin), 40 % ne montre quasiment aucun combat (mais à l’inverse, certaines autres sections montrent cent pages de combats quasi-non-stop !), et surtout, les codes du genre ne sont pas là : les tactiques présentées sont pipi-caca (lorsque tout ne se résume pas à « taaaaapeeeer ! »), la description technique des armements brille par son absence, et on sent que l’auteur n’a qu’une connaissance très basique du milieu. Bref, on est très loin d’Heinlein ou de David Weber, d’autant plus que l’univers décrit… ben ne l’est pas, justement, tout ça reste bien trop flou.

Le passage fréquent d’un protagoniste à un deuxième, et d’une narration à la troisième vers une autre à la première personne peuvent aussi perturber, comme des fluctuations dans le style ou la profusion de scènes à l’utilité discutable (ce qui entraîne des fluctuations de rythme également). Enfin, on pourra déplorer que le liant entre les deux « sous-livres », entre les deux parties de l’histoire, mette autant de temps à se dévoiler complètement (si on ne l’a pas deviné avant). Pourtant, il y a quelques points très positifs là-dedans, principalement l’immersion dans les combats et surtout la psychologie très développée des personnages et son utilisation dans l’intrigue. Au final, donc, si je suis personnellement resté déçu par ce qui est présenté comme un livre important dans la SF militaire (volet terrestre), pour un puriste qui voudrait à tout prix lire tous les livres importants dans le sous-genre qui nous occupe aujourd’hui, cela va rester un passage obligé. Pour plus de détails, je vous invite à lire ma critique.


Expert (cherche à s’attaquer aux livres les plus exigeants en SF militaire ou à des cycles nécessitant la lecture préalable d’autres cycles) *****

Les romans suivants sont les plus exigeants pour qui cherche à découvrir la SF militaire, et ce pour différentes raisons :

Hardfought – Greg Bear *****

hardfought_bearHardfought est un roman court à la fois très ambitieux, très exigeant et prodigieusement intéressant, montrant le combat interminable et absurde dans lequel sont englués les humains et une race extrêmement ancienne, les Senexi. Car aussi ahurissant que cela puisse paraître, les deux civilisations sont en guerre depuis trente ou quarante mille ans, mais n’ont jamais tenté de communiquer entre elles. Un postulat qui rappelle évidemment La guerre éternelle de Joe Haldeman, sauf qu’ici nous sommes sur quelque chose d’encore plus pointu, dystopique et intelligent. Et clairement, ce texte est tellement hardcore qu’il ne se destinera certainement pas à tous les publics. Paradoxalement, si les parties qui se déroulent chez les Senexi sont franchement compréhensibles dès le début (et le peu de zones d’ombre s’éclaircit rapidement), en revanche les premières scènes vues côté humain sont à la limite de l’incompréhensible, tant elles emploient un vocabulaire et des concepts nouveaux ou étranges, que le lecteur a peine à suivre. Il ne s’agit en aucun cas d’un défaut de style de la part de l’auteur, mais de la manifestation de changements très profonds dans la psyché et la société humaine qui ne se dévoileront que peu à peu au cours de ce roman court. Néanmoins, c’est le genre de texte dont le niveau d’exigence va être tel qu’on le réservera aux lecteurs les plus aguerris, ceux qui ne poussent pas des cris d’orfraie quand ils ne « comprennent rien » d’emblée, ceux qui savent que dans ce genre de livre haut de gamme, la compréhension se mérite et se gagne au fur et à mesure du texte. Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’on voit le niveau extraordinaire de développement et de subtilité des thématiques développées dans la suite de la novella. Bref, ce quasi-remake de La guerre éternelle (mais en mieux !) impressionne par son intelligence dans le traitement de ses thématiques et par la profonde réflexion qu’il entraîne. Si vous voulez en savoir plus à son sujet,  je vous invite à lire ma critique.

Cycle « Honor Harrington » – Tomes 9+ – David Weber *****

HH_11_2Si vous êtes arrivé jusqu’au tome 9 d’Honor Harrington, félicitations, vous êtes un pur de chez les purs, un dur, un tatoué parmi les fans de SF militaire. Votre abnégation à dépenser des sommes folles et à engloutir des milliers de pages mérite des louanges ! Malheureusement, j’ai une mauvaise nouvelle : les tomes 9 et 10, trop verbeux, mettant trop l’accent sur le volet politique au détriment de l’aspect militaire, sont (à mon avis) les deux plus mauvais du cycle. Argh, allez-vous me dire. La bonne nouvelle, par contre, est qu’une fois ce nouvel obstacle passé, le tome 11 (ma critique) est un des plus impressionnants feux d’artifice de toute l’histoire de la SF militaire, et que les tomes suivants ne sont pas dégueulasses non plus. Bref, avant d’aboutir à cette apothéose de gloire martiale, il va vous falloir du temps, des sous et de la volonté, mais grande est la récompense au bout de la route !

Cycle « Saganami » – David Weber *****

Saganami_2Ce cycle dérivé de la saga principale d’Honor Harrington ne peut se lire (pleinement se comprendre, disons) que si vous avez terminé le tome 10 de cette dernière, Plaies d’honneur. Il prend certains des personnages (pas si) secondaires du cycle principal, en ajoute de nouveaux, fait faire à la Salamandre quelques apparitions remarquées, et vous projette dans un nouveau coin de la galaxie, où Manticore a des intérêts et où le Royaume Stellaire va se tailler un véritable empire (et non, ce n’est pas impérialiste : ce sont des planètes indépendantes qui vont demander l’adhésion à une forme futuriste de Commonwealth). Ce sous-cycle retrouve la fraîcheur et les longs combats (des dizaines de pages !) qui faisaient le charme des débuts de la saga, et qui se sont perdus dans les tomes 9-10. De plus, il participe à introduire le changement de paradigme, d’ennemi, entre deux époques de la saga Honor Harrington prise dans son ensemble (cycle principal + dérivés). Il est donc intéressant, mais il nécessitera que vous ayez lu une grosse partie du cycle principal pour être pleinement apprécié, voire compris, ce qui ne le réservera donc qu’aux plus hardcore des amateurs de SF militaire parmi vous. Si vous voulez en savoir plus à son sujet, je vous suggère de lire mes critiques : tome 1tome 2 et tome 3. Pour ceux qui ne suivent pas le blog et sont arrivés ici par hasard, l’autre sous-cycle dérivé, La couronne des esclaves, est beaucoup moins militaire et plus orienté rebelles, terroristes, espionnage, opérations sous faux pavillon et black-ops. Je ne le conseille donc qu’à celui qui veut vraiment tout lire dans l’Honorverse, pas forcément à l’amateur de SF martiale.

Cycle « Polity » – Neal Asher *****

the_soldier_v2_asherL’énorme cycle Polity de Neal Asher, composé de différents sous-cycles et de stand-alone, n’est pas entièrement de la SF militaire, mais certains de ses romans en sont, et de toute façon l’action et les combats sont omniprésents. Et autant le dire, c’est vraiment à une science-fiction martiale de très, très haute volée à laquelle nous avons affaire : entre l’intensité des combats, leur omniprésence et la précision presque Hard SF dans la description des armements et défenses, on est clairement sur quelque chose qui, sur ce plan, rivalise avec David Weber, sauf sans doute sur le plan des personnages et de certains points du worldbuilding (bien que celui de Neal Asher soit également très bon dans son propre registre). En plus, l’écriture d’Asher est très fluide, prenante et percutante, à tel point que John Scalzi a parlé à son propos de « shoot d’adrénaline directement dans le cerveau » !

Vous allez donc vous demander pourquoi j’ai mis ce cycle dans la catégorie réservée aux plus motivés et experts en SF militaire, et pas dans les livres à lire en premier. Les raisons en sont multiples : d’abord, il faut vraiment être un gros adepte des combats à répétition et particulièrement violents. Même moi j’ai presque fait une overdose à la lecture du dernier roman en date, c’est tout dire ! Ensuite, il faut non seulement être un vrai fanatique de SF militaire pour lire certains des romans du cycle, mais aussi avoir une très forte affinité pour la Hard SF. Et enfin, il faut être capable de lire en anglais (je signale d’ailleurs que celui employé par l’auteur ne présente pas de difficulté particulière), l’écrasante majorité des seize romans (au moment où je rédige ces lignes) n’ayant pas été traduits. Donc a + b + c = une SF militaire certes de très haute volée, mais qui ne sera, du fait, réservée qu’à une mince frange du lectorat. Alors qu’avec David Weber, et pour des raisons différentes, on est sur le pinacle de ce que la science-fiction militaire a à offrir ! Pour vous en convaincre, lisez (c’est un ordre !) mes critiques de The soldier ou de Prador Moon.


Pour aller encore plus loin

Les titres que je viens de vous présenter me paraissent être les plus indispensables en matière de SF militaire, et l’ordre dans lequel je les ai classés le plus logique et graduel pour découvrir le genre. Toutefois, à partir du moment où vous avez lu au moins un des livres de la catégorie « Novice » (et où, donc, vous avez pris contact en douceur avec ce sous-genre), il y a d’autres romans ou cycles (le plus souvent en anglais) que vous pourriez vouloir découvrir (liste évidemment non-exhaustive et sans ordre particulier) :

  • Cycle RCN, par David Drake (autre adaptation des aventures d’Aubrey et Maturin, mais en douze tomes !).
  • Un grand nombre de romans signés John Ringo (parfois en collaboration) relèvent de la SF militaire (vous savez, l’auteur aux sept millions de livres vendus, traduit en sept langues… mais pas en français).
  • Cycle Star Carrier, par Ian Douglas.
  • Cycle Central Corps, par Elizabeth Bonesteel (trilogie qui sera critiquée sur ce blog, probablement en 2019).
  • Série d’anthologies Man-Kzin Wars par Larry Niven.
  • Cycle Ark royal par Christopher Nuttall.
  • La paille dans l’œil de Dieu par Larry Niven et Jerry Pournelle.
  • Cycle Takeshi Kovacs par Richard Morgan, en particulier Anges déchus.
  • Cycle The machineries of Empire, par Yoon Ha Lee (2 tomes / 3 achetés par Lunes d’encre au moment où je rédige ces lignes).
  • Une forme de guerre, par Iain M. Banks.
  • Dragon déchu, par Peter F. Hamilton.
  • De nombreux cycles signés Timothy Zahn : Cobra, Blackcollar, Conquerors.
  • Anthologies Infinity Wars, War and space – recent combat, Armored, etc.

89 réflexions sur “Guide de lecture SFFF – Découvrir la (ou progresser en) SF militaire

  1. Ping : Guide de lecture SFFF – Concept et point de départ | Le culte d'Apophis

  2. Contente de voir que je connais tout jusqu’au niveau 4.
    En fait en dehors de trois oubliés j’avais déjà tout vu passer et quasiment tout était dans ma PAL ou ma Wish.

    Je pense que je vais tenter un John Ringo, C.J. Cherryh ou le Cycle RCN et David Drake ensuite (trop de choix, pas assez de temps lol).

    C’est vrai que quand on parle de SF militaire il y a plein de monde qui sont découragés ou dégoûtés rien que par le nom. Personnellement j’ai commencé à en lire bien avant de savoir que c’était un sous genre particulier et maintenant j’adore, donc je ne peux que conseiller à ceux qui hésitent de tenter =)

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  3. Hardfought, je n’ai pas été complètement séduit. La scène finale est monumentale mais avant d’y arriver, je n’étais pas complètement convaincu. Je crois que je vais me laisser séduire par Le Dragon ne dort jamais, The Last good man, et La forteresse des étoiles.

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  4. Très complet, je ne connais même pas « hardfought » ! Merci de l’info.
    Par ailleurs avez-vous lu les vieilleries du genre « Hammer’s Slammers », « Bolo » ou « Dorsai » ou ne sont-ce que des références ? Perso je trouve que ça a trop vieilli.

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    • De tous les romans ou cycles évoqués dans l’article, ces trois là et la saga Vorkosigan sont les seuls que je n’ai pas eu l’occasion de lire personnellement, au moins en partie. Mais Hammer’s Slammers et Vorkosigan sont prévus, à terme. Pour Bolo, c’est possible, j’aime beaucoup le concept du tank géant intelligent. Pour Dorsai, on verra, mais c’est assez peu probable. Trop de livres, trop peu de temps, vous connaissez la chanson.

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  5. En ce qui concerne les francophones on ne conseillera jamais assez des œuvres de PJ Herault comme la trilogie Gurvan ou le Raid Infernal. C’est l’un des rares auteurs français à avoir écrit de la SF militaire. Certaines de ces œuvres ont été rééditées chez Critic récemment. Donc c’est trouvable. Chez Herault la SF militaire se double souvent d’une réflexion quasi anti-militariste.

    >Dans les français, je ne vois rien d’autre d’incontournable.

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  6. Tiens j’en ai lu un certain nombre et jusqu’au niveau « expert », j’en déduis que j’ai une certaine appétence pour la sf militaire… Je n’avais pas réalisé. Je vais donc noter avec soin les références que je ne connaissais pas, plusieurs d’entre elles me font de l’oeil (la flotte perdue, tchaikovski, huff…). Article très intéressant.

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    • Un des trois est Dogs of war, les deux autres sont les deux premiers volumes de la trilogie de Yoon Ha Lee (le tome 1 paraîtra le 1er novembre sous le nom Le gambit du renard).

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    • Je pense qu’Une forme de guerre ne convient pas au sous-genre SF militaire tel que délimité dans l’introduction de l’article: « s’il n’est pas centré sur des personnages militaires, il ne sera pas évoqué ». Pour développer, on peut dire que si le roman est bourré d’action, la guerre Culture/Idiran est vraiment en toile de fond, jamais décrite. Il n’y a pas de POV sur des soldats ou de séquences dans un environnement militaire, ou très à la marge (l’épopée lyrique de quelques pages des soldats Idirans sur la planète gelée est centrée sur leur survie..). Il y a des considérations sur la guerre, venant de la Culture ou du héros, Borza, ex-espion Idiran se retrouvant embarqué avec une bande pirates, mais le « contexte militaire » n’est pas l’objet du livre.

      Je conseille bien sûr la lecture de Iain Banks, sachant que le roman en question est un gros morceau, un peu éprouvant et d’une noirceur affirmée !

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      • Moi je veux bien que tu t’appuies sur ce que je raconte pour contredire les uns ou les autres, mais encore faudrait-il le faire correctement. L’article dit aussi que les mercenaires fonctionnent autant que les militaires « officiels », et avec Horza (et son équipage), on est pile dans ce cas. Idem pour les troupes auxiliaires des Idirans. De plus, les scènes centrées sur les soldats sont moins à la marge que tu le décris : toute la longue séquence sur la planète de la Sérénité les met en jeu (sans parler du début du roman). Enfin, l’article précise également que le statut des personnages (soldat ou mercenaire, donc) est plus important que le fait qu’il y ait une guerre ou non (ce qui sous-entend : que les combats soient explicitement montrés ou pas). Parce que sinon, eh bien Honor Harrington 4 n’est pas de la SF militaire, ce qui serait tout de même un comble, non ? Et là, en plus, il y a bien une guerre, même si, effectivement, à part quelques scènes, elle sert plus de toile de fond qu’elle n’est décrite longuement ou avec précision (sauf dans la postface : si ce n’est pas une description ultra-complète de la guerre Idirane, jusqu’au chiffre précis des pertes en orbitales, planètes, etc, moi je ne sais pas ce que c’est).

        Après, il est certain que ce roman de Banks n’est certainement pas le plus représentatif de la SF militaire (c’est d’ailleurs pour ça que je l’ai ajouté dans la partie « Pour aller plus loin », pas dans les lectures conseillées en priorité), et qu’il ne se réduit pas à ce sous-genre là d’autre part. Mais quoi qu’il en soit, c’est bien de la SF militaire.

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  7. Depuis le temps que « Le faucheur » me fait de l’oeil, je crois qu’il va falloir que je cède. Cela tombe bien… Ma PàL diminue ces temps-ci donc je devrais pouvoir envisager de nouvelles acquisitions…

    Sinon, j’aurais volontiers évoqué « Wang » de Pierre Bordage dans cette liste.

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  8. J’ai commencé par « Le dragon ne dort jamais » et maintenant que j’ai lu cet article, je comprends mieux pourquoi j’ai passé la semaine à me taper la tête contre mon bureau. Alors en plus, je vois que « Polity » est à cinq étoiles… Mes débuts dans la SF militaire sont un vrai parcours du combattant :p

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    • Oui, Le dragon ne dort jamais est un poil compliqué pour débuter la SF militaire. Pour ce qui est de Polity, tout dépend à la fois du niveau d’anglais et de l’affinité pour la Hard SF en plus d’une SF militaire particulièrement hardcore. Mais à la base, c’est nettement plus facile à lire, au niveau du style et de l’intrigue, que Le dragon ne dort jamais.

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  9. Merci pour cet article et cette liste d’idées! Personnellement je n’ai vraiment pas accroché au « vieil homme et la guerre », il a bien mal vieilli je trouve et donc ce n’est pas un livre que je conseillerais pour débuter. .
    2 livres SF militaire que j’ai apprécié (et surtout dont je me souviens du titre ^^) pour ceux qui auraient déjà tout lu: « Loar » de Loïc Henry (bien représentatif du genre) et « succession » de Scott Westerfeld (moins représentatif mais de beaux combats).
    Merci pour ton blog en passant, je ne lis que de la SF en romans, et j’ai fait (et je fais) de belles découvertes grâce à toi ! 🙂

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  10. C’est marrant cette idée de level-up au fur et à mesure qu’on lit Honor Harrington XD
    Mais ça me fait un peu peur pour la suite, j’ai peur de perdre en intérêt au fur et à mesure que ça se complexifie, je suis plus client de tes premières catégories.

    D’ailleurs y’a pas mal de choses dans tes catégories Novice/Amateur qui m’intéressent et que j’ai déjà dans un coin, Confédération, La flotte perdue, Dogs of war, Le faucheur, ça annonce de jolies choses

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    • Je pense que tu peux trouver de l’intérêt aux tomes 6-8, après je suis moins sûr. Ca redevient intéressant à partir du tome 11, mais encore faut-il passer l’obstacle des 9-10.

      La Confédération, c’est vraiment très sympa (dans le genre humour + action), Le Faucheur, c’est du bon gros truc bourrin comme on aime, Dogs of war est une belle réflexion et n’est pas dégueu sur le pur plan militaire, et pour ce qui est de La Flotte perdue, je pense que si tu as accroché aux premiers Honor Harrington, il y a une chance correcte que cela te plaise aussi.

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  11. J’ignorais totalement qu’il existait toute une SF dite « militaire »…J’ai encore beaucoup à découvrir dans ce genre dont j’ai lu si peu de romans ! Merci pour ce bel article (et très complet), je suis en tout cas contente d’avoir ainsi des informations supplémentaires sur certains titres que je connais de vue (Lazare en guerre, Le vieil homme et la guerre…) C’est passionnant. Merci !

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    • Merci ! Oui, je trouve malheureux que la plupart des gens se concentrent autant sur la Compagnie noire, en négligeant d’explorer le reste de son oeuvre. Rares sont ceux qui, comme toi, vont voir du côté de Qushmarrah, ou bien des Instrumentalités de la nuit ou pire encore, de son oeuvre SF. Alors qu’il y a de très bonnes choses dedans.

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      • Je viens de finir « Héroïne d’un jour » d’Elizabeth Moon, qui était présenté comme indépendant mais qui vient après la trilogie « Heris Serrano » (pas encore lu). C’est de la SF militaire, certes moins fluide que David Weber, moins passionnant que Tanya Huff, Bujold ou Cherryh, moins divertissant que Honsinger ou Sawyer, mais sympa quand même. Tu as eu d’autres retour sur cette série ?

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        • J’ai eu des retours sur Vatta’s War de la part de Lutin du blog Albédo et de Lianne du blog De livres en livres, qui confirmaient que ce qu’écrivait Elizabeth Moon était sympa sans atteindre les sommets de la SF militaire. Sur Herris Serrano, je ne me souviens pas avoir vu passer de retours chez les gens que je suis. Mais bon, avec ma mémoire qui est plus composée de trous qu’autre chose 😀

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  12. Oh! Quel article cher à mon coeur. J’en suis presque émue tant tu en parles avec ferveur et conviction.
    Je me suis demandé si tu évoquerais la vie en temps de guerre de Shepard qui effectivement est à un carrefour de genre, et c’est logique que tu l’en exclus.
    Pourquoi cela peut m’intéresser ? Pour toutes les raisons évoquées et je trouve également que le genre est fort en sensations et en émotions. LOL
    Tu te doutes que j’en ai lu pas mal mais tu parviens à me faire découvrir des titres inconnus, ainsi, je me note :
    SUpériorité
    Valiant Dust
    Et surtout tout le cycle « vétérant » dont je ne connais qu’un seul titre!!! Mais, si, je t’assure!
    Je suis très heureuse de découvrir La forteresse des étoiles dans ta liste qui est également pour moi, une référence en la matière. Effectivement les 20 premières pages sont coton!!!
    Merci encore une fois pour ce superbe article, je suis heureuse avec toute cette lecture à lire.
    Au fait je souscris à 100% à ce que tu dis jusqu’à vétéran en ayant lu la majeure partie! 🙂

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  13. Tout a déjà été dit mais super article ; il manque juste les liens vers amazon.

    Je protesterais juste pour la trilogie les aux qui devrait être number one même si toutes les critiques sont parfaitement justifiées.

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    • En un sens (et je dis bien en un sens), je suis d’accord pour la place de numéro un des Aux’ 😀

      L’absence des liens Amazon est intentionnelle : ces guides sont un partage de mes connaissances ou recherches avec la communauté. Je réserve les liens sponsorisés aux critiques ou articles « normaux », comme un moyen, pour les gens qui le souhaitent, de soutenir financièrement le blog.

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  14. Intéressant guide. Cherryh est l’auteur que je dois tenter depuis des années sans pour autant avoir réussi à trouver l’occasion jusqu’ici.
    Concernant The Polity de Asher, je l’aurais placé plus bas sur l’échelle de difficulté, en tout cas pour les premiers volumes (Gridlinked, the Line of Polity) qui me paraissent nettement plus accessibles que ce que décris (on est plus proche d’un Richard Morgan).
    Pour ce qui est de Vorkosigan, je le mettrai directement au même niveau que les Scalzi. Bujold est très accessible comme auteur et son centrage des intrigues sur les relations humaines permet d’y plonger facilement.
    La série RCN, c’est la série de sf militaire qu’il faut que je continue. J’en avais lu les deux premiers volumes il y a quelques années et j’avais vraiment apprécié l’ambiance.
    Dommage de faire l’impasse sur le versant humoristique du genre, il y a une ou deux choses sympas dans ce domaine. 🙂

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    • Merci.

      Concernant The Polity, c’est une appréciation moyenne sur l’ensemble du cycle. Effectivement, certains volumes seront plus accessibles que décrit, mais vu que ce n’est pas le cas pour d’autres, je préfère plutôt conseiller le cycle après d’autres où tous les volumes sont accessibles (Scalzi, Campbell, etc).

      Pour Vorkosigan, c’est plus une question d’ordre de priorité que de difficulté : pour moi, quelqu’un qui découvre la SF militaire doit en priorité se diriger vers Weber / Campbell, et ensuite vers Bujold, Cherryh, etc.

      Content de savoir que RCN est très intéressant, je vais programmer le tome 1 pour voir si j’accroche.

      J’ai gardé 2-3 trucs en réserve pour le guide sur la SF humoristique 😉

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  15. Forteresse des étoiles, je l’ai lu à 16ans. c’était le premier bouquin de SF que je lisais et j’ai adoré. Je ne pense pas que ce soit un livre difficile.

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    • Il ne s’agit pas que d’une question de difficulté, mais d’ordre de lecture. En SF militaire, il y a des choses bien plus fondamentales (de Heinlein à Weber ou Campbell) à lire que Forteresse des étoiles, même si c’est effectivement un très bon livre.

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  16. Ping : Brèves de comptoir #185 « Encres & Calames

  17. Merci beaucoup pour ces pistes de lecture plus qu’intéressantes ! En plus, ça tombe à pic, je commençais depuis quelques mois à avoir ma curiosité titillée par ce sous-genre de la SF, sans oser m’y lancer (côté séries, je suis pourtant fan de BSG, donc bon, c’est que ça ne me déplairait pas normalement…). J’ai déjà lu Etoiles, garde-à-vous ! durant mon adolescence (mes souvenirs sont flous mais j’ai toujours le bouquin, je pourrait donc me rafraîchir la mémoire.). Je note là plusieurs titres que j’avais repéré (le Cherryh – fan de son cycle de Chanur, je pars avec un bon a priori ^^ – le Sawyer) et d’autres que je ne connaissais pas.
    Je prends en note tout ça, ça me permettra d’être moins perdue quand je me lancerai pour de bon dans la SF militariste ! 🙂

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  18. Comme je commente peu ces billets spécifiques, je te laisse ici quelques mots pour dire que je trouve tes guides très intéressants. Bravo pour la pédagogie des articles, l’angle adopté et la clarté des informations. Parfois, j’apprends beaucoup de choses, notamment ici car je ne suis pas attirée par la SF militaire ; ce qui n’empêche pas que j’en sois quand même curieuse 😉

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    • Il est certain que le sous-genre militaire, que ce soit en SF ou en Fantasy, n’est clairement pas taillé pour plaire à tout le monde. J’espère que tu trouveras plus d’intérêt aux prochains guides de lecture (normalement, le suivant devrait être consacré à la Hard-SF).

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  19. Perso, j’ai trouvé la série Honor et celle de la Flotte perdue assez répétitives et même parfois diluées mais que de belles références offertes pour suivre d’autres auteurs que les classiques Heinlein , Haldeman et même Drake dans l’aventure Militaire SF Merci pour avoir mis en exergue un sous genre de la SF souvent décrié et aussi d’avoir cité Lazare en Guerre dont j’ai aimé le concept de base bien exploité
    Ps pour ceux qui lisent en VO je citerai également Robert Buettner et sa série Orphanage ou encore Steven L Kent série Clone Republic (bien qu’affreusement macho) En plus light, j’ai bien aimé Kris Longknife de Mike Shepherd ou The last millennium Trilogy de Mike Moscoe
    Encore merci J’apprécie beaucoup votre site et la sincérité de vos billets

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  20. Ping : Bilan 2018 : un quart de million de vues en douze mois ! | Le culte d'Apophis

  21. Je ne sais pas si tu connais mais pour la sf militair t’a warhammer40k. Un univers de space opéra bien dark ou il n’y a que la guerre. Sa dénonce pas grand chose mais j adore quand même. Si sa t interesse jette un coup d oeil au lexicanum et prend une faction qui te plaît et prend un livre dessus. Sinon ta des vidéos présentant l univers. Je te déconseille l hérésie d horus car tu ne comprendra pas l ampleur de la trahison.

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  22. Ping : The light brigade – Kameron Hurley | Le culte d'Apophis

  23. Ping : The light brigade – Kameron Hurley | Le culte d'Apophis

  24. Bon eh bien, super dossier, bravo pour le travail, comme pour tous tes dossiers que je découvre depuis quelques temps ça donne sacrément envie de lire (je n’aurais jamais du chercher à découvrir la blogosphère en SFFF, bien mal m’en a pris, maintenant j’y passe des heures, scrogneugneu).
    J’adore Ender et La guerre éternelle (j’ai La liberté éternelle qui traîne quelque part dans ma PàL d’ailleurs, tu l’as lu ?).
    J’ai les deux premières intégrales des Vorkosigan qui traînent également dans ma PàL.
    Et euh mon libraire préféré a les trois premiers David Weber en occaz… Je crois qu’il va être heureux aujourd’hui et que ma PàL n’est pas prête de cesser de s’étoffer (pensée émue pour mes étagères).
    Forteresse des étoiles, La flotte perdue, Hardfought, Le Dragon ne dort jamais et Dogs of War se rajoutent quant à eux à la liste de mes (beaucoup trop) nombreuses envies.
    Concernant Glen Cook, pas lu sa compagnie noire, par contre j’ai beaucoup d’affection pour les Garrett (et suis très malheureuse du vilain sort que leur a réservé la traduction française…).

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    • Oui, j’ai lu La liberté éternelle il y a longtemps, mais il ne m’a pas laissé un souvenir étourdissant. Il est très en-dessous de mon prédécesseur, à mon sens.

      Concernant Dogs of war, il sort en octobre en VF.

      Bien d’accord avec toi concernant les séries abandonnées. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’éventuelle traduction du nouveau tome de la Compagnie noire, que l’Atalante ne semble pas du tout pressé de sortir.

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  25. Merci beaucoup pour ces guides!
    Néanmoins, question.
    J’avais, il y a quelques années, entamé le cycle Honor Harrington, mais j’avais laissé tombé après quelques tomes (je ne sais plus combien) à cause, d’après mes souvenirs, de son côté Mary Sue.

    Après lecture de ce guide, et en voyant que tes goûts de lecture ressemblait aux miens, je me suis dit que, peut-être, j’avais loupé quelques chose, que c’était bête de louper le travail politique, stratégique, tactique et technique que nous offre Weber.
    J’ai alors réessayé, et…. j’ai arrêté encore plus tôt. (après le deuxième duel)

    SPOILER

    Sincèrement, j’ai peut-être loupé quelque chose, mais Honor m’insupporte. C’est un parangon de vertu, excellente dans quasiment tout les domaines, forcément la « jolie fille qui croit qu’elle est moche » (même si c’est plutôt bien amené), qui butte un duelliste professionnel parce qu’il y a 20 ans elle avait fait du pistolet, (et, d’après mes souvenirs, qui plus tard bute un professionnel du sabre quasi sans entrainement), qui est ami avec une bonne partie du gratin politique (qui la révèrent presque) et plus un personnage est antagoniste, plus il est méprisable et dénué de talent.
    Je ne dis pas qu’il n’y a pas de nuance, il y en a plein, mais systématiquement la structure narrative annule cette nuance.
    Un peuple machiste qui se révèle être gentil? Oui, mais il y a le peuple encore plus machiste qui lui est vraiment très méchant.
    Un ennemi qui se révèle intelligent et honorable? Oui, mais il est trahi par les Masadien (entendre, « les vrais méchants »)
    Honor se montre impulsive et brutale? Oui, mais l’auteur tourne les choses de manière positive : systématiquement, les conséquences sont faible. Soit « factuellement » faible, soit importantes, mais très atténué par la narration : deux lignes à tout casser pour parler de la tristesse d’Honor à perdre son vaisseau. Les choix d’Honor sont TOUS soient excusés, soit validés par son entourage et le haut gratin, parfois de manière absurde : désolé, mais la Reine qui refuse d’intervenir dans le duel Young-Honor, vu le bordel politique que cela engendrera, c’est super beau à écrire (« les principes avant le pragmatisme »), mais sérieusement on ne tient pas un royaume comme ça. Havre-Blanc va même jusqu’à s’excuser (!) d’avoir voulu empêcher Honor de mettre un tel bordel. Sérieusement, je me disais « ah, pour une fois un gentils s’oppose à elle ». Mais non. Sans parler de ses pleurnicheries « la spatiale ne sera plus jamais la même sans cet ange venu du ciel aux qualités innombrables »… Ce qui fait que, quand Honor accomplit sa vendetta, l’auteur nous dit qu’elle avait totalement raison de le faire. Donc qu’elle avait, encore une fois, totalement raison, alors même que c’est le moment où elle agit de la manière la plus impulsive et irréfléchie.

    Et puis, il y a les carrément sans nuances : Young et sa famille, qui forcément cumulent à peu près tout les défaut possibles. (lâches, peu intelligents, immondes avec les femmes, sans honneur…)
    En fait, l’échelle de nuance, c’est « plus tu aimes Honor, meilleur humain tu es ».

    Bref, ce n’est absolument pas un pamphlet contre ce cycle, le développement militaire, tactique, politique est super sympa (même si très très lourdement inspiré de l’histoire, et se limite souvent à « ceux qui ont compris » vs « ceux qui sont bêtes » en politique).
    Il est même plein de nuance et de personnages intéressant, mais l’écriture (au sens dramatique du terme) est manichéenne, ce qui pour moi et rédhibitoire. (et je parle bien de l’écriture, et pas des personnages)
    Donc enfin la question:
    Est-ce que j’ai totalement loupé une subtilité d’écriture qui rend le récit beaucoup plus nuancé?

    Merci d’avance!

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    • Je pense qu’il ne faut pas mélanger certains cas particuliers, comme Honor ou Young, avec l’ensemble du meta-cycle d’Honor Harrington. Il faut notamment citer le cycle dérivé La couronne des esclaves, qui navigue dans les eaux troubles des barbouzes, où rien ni personne ou quasiment n’est blanc ou noir, mais plutôt dans des nuances de gris. Ensuite, même dans le cycle principal, certains personnages semblent manichéens au début (Klaus Hauptman par exemple), alors qu’en fait ils sont plus subtils qu’il n’y paraît. De même, certains Havriens se révèlent moins « l’ennemi absolu » qu’il n’y paraît de prime abord. Mais bon, honnêtement, oui, Honor est l’héroïne, et ça se sent. Même si dans les tomes les plus tardifs, elle va parfois en baver (elle ou ses proches) mais alors carrément, voyant les tactiques qu’elle a mises au point être utilisées contre elle, étant prisonnière, mutilée, voyant le Royaume attaqué très durement, etc. Mais soyons honnête, le cycle est un monument à sa gloire, tout comme ceux d’Horatio Hornblower, de Jack Aubrey, etc, dont il est inspiré, donc si on n’accroche pas à la protagoniste ou au traitement que l’auteur en fait, il me paraît peu judicieux de continuer. Même si tu as raison d’insister sur les qualités de l’univers, de la description des combats, etc.

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  26. Ping : Anthologie Apophienne – épisode 1 | Le culte d'Apophis

  27. L’article qui a fait doubler ma PAL ^^

    Ta remarque sur le côté marginal de Hammer’s slammers et de ses tanks m’a fait repenser à un truc que je recherche depuis un certain temps : est ce que tu aurais déjà lu/entendu parler d’un bouquin de sf militaire centré sur les sous marins ? J’avais déjà essayé de chercher un peu, mais je n’avais pas trouvé grand chose.

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    • Oui, il y a celui-là, mais je ne sais pas trop ce que ça vaut, il est à 3.9 sur Goodreads mais sur trop peu de notes pour qu’on puisse s’y fier, à mon avis : (lien non-affilié)

      Sinon, dans ce qui me vient spontanément à l’esprit, il y a aussi les premiers tomes de la série de BD Aquablue, où un sous-marin est pas mal mis en vedette, et la série télévisée Seaquest DSV, qui est cependant plus Star Trek sous-marin que réellement militaire (même s’il y a de l’action de temps en temps).

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  28. Ping : David Weber – Honorverse – Guide de lecture | Le culte d'Apophis

  29. Article fort intéressant, j’ai lu récemment  » Starship Troopers  » et je me suis ennuyé ferme, c’est vrai que je m’attendais à autre chose, que le manuel du parfait militaire.
    Disons que je recherche un roman ou l’action est quand même plus présente, j’espère que ma prochaine lecture sera plus captivante.

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  30. Ping : L’œil d’Apophis – Hors-série 3 – Apophis for Atalante | Le culte d'Apophis

  31. Ping : Dans la boucle temporelle – itération 7 : juillet 2016 | Le culte d'Apophis

  32. J’ai décidé de te faire confiance une fois de plus avec Le choix du courage de Tany Huff. Bingo ! C’est très sympa, il me reste encore 80 pages à lire et j’ai déjà commandé le second tome.
    De la SF militaire avec des fantassins ça change, encore plus en collaboration avec d’autres races extraterrestres. Et puis j’adore ce monde où les espèces les plus développées sous traitent le sale boulot à leurs homologues les moins avancées et naturellement agressifs.
    En attendant le second tome je vais lire le dernier livre du cycle Salvation de Peter F. Hamilton. Pas à reculons, on parle quand même de Peter F. Hamilton hein !, mais disons que j’espère très fort que ce bouquin nous sorte de la tendance au recyclage de l’auteur.
    Ensuite, comme j’ai lu la majorité des ouvrages en français mentionnés dans ce guide, je pense me tourner vers le cycle de La flotte perdue. Les réserves que j’ai pu lire, chez toi et ailleurs, sur les Honor Harrigton me refroidissent un peu.

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    • Ce n’est certainement pas chez moi que tu as pu lire des réserves sur les CYCLES de l’Honorverse. En revanche, il y a quelques tomes (partiellement le 7, complètement les 9 et 10) du cycle principal qui sont, en effet, critiquables. Mais en SF en général, HH fait partie de mes lectures les plus cultissimes qui existent. Il est extrêmement rare que je lise d’autres auteurs de SF avec plus de célérité, d’envie et de plaisir que David Weber.

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  33. J’ai été imprécis. Je voulais dire les réserves émises dans les réactions à la suite de tes critiques et sur d’autres blogs. Mea culpa !

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  34. Bonjour Apophis
    je viens de terminer le tome 1 d’Honor Harrington. Je n’ai pas ete emballé je dois dire. C’est un bon roman, le personnage d’Honor est attachant, une femme commandante pour une fois… mais l’intrigue est plutot simple et sans grande surprise. Ce n’est pas au niveau de la guerre eternelle ou la strategie Ender pour moi. Peut être dois je continuer? les T2 / T3 me feront change d’avis? qu’est ce qui t’a tant plus dans la saga?
    en attendant je commence la forteresse des etoiles.
    Merci encore pour le blog

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    • Bonjour,

      pour répondre à ta question, la qualité de la description des batailles, celle du worldbuilding, l’évolution de cet univers au fil des tomes, le côté vivant et attachant des personnages (même les secondaires ou tertiaires), etc. S’il y a des romans que je place au-dessus de ceux de Weber (Hypérion, Vision Aveugle, etc.), en revanche c’est incontestablement l’auteur qui arrive le mieux à me happer dans son monde, et je ne lis personne d’autre avec autant de plaisir et d’envie.

      Le T2 peut commencer à te faire changer d’avis, mais pas le 3, à mon avis (il y a très peu d’action, seulement à la fin).

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  35. Bonjour
    superbe article, de grande qualité, bravo!
    je vient juste de finir (ou plutôt de relire, c’est la 2eme fois 🙂 ) le cycle HH, j’ai enquillé sur les bouquins de J Scalzi que je connaissait pas, plutôt sympa.
    cherchant d’autres livres dans ce style, et en en ayant déjà lut beaucoup, je suis bien content d’être tombé sur ton article qui en liste certains que je connaissait pas 🙂
    du coup je vais me laisser tenté par « lazare en guerre », et surtout par « le dragon ne meure jamais », je suis un fan de glen cook, ahh toubib, je l’oublierais jamais 🙂
    Perso j’aurais quand même mis le cycle « Takeshi Kovacs » un peu plus en avant, c’est vrai que ça tire pas mal sur le coté cyberpunk, mais le coté militaire est bien présent, et je trouve que R Morgan a quand même une sacré qualité d’écriture! (bon, c’est pas Orson Scott Card, mais il n’y a qu’une seule place sur le trône de roi! 🙂 )
    Sinon a-tu déjà écrit ton article sur la science-fantasy militaire comme tu l’évoque plus haut? car pour le coté militaire, j’ai rarement autant pris mon pied qu’avec W40K (même si la qualité est très variable vu le nombres d’auteurs), le cycle « les fantômes de gaunt » de Dan Abnett est un must have!
    en tt cas merci pour cet article! (et plus généralement pour ton blog, je vient de le découvrir, et etant fan de sf/fantasy/horreur je sens que je vais prendre mon pied a découvrir tout ce que tu a posté! 🙂 )

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    • Bonjour Vincent, je n’ai pas encore écrit de guide sur la Science-Fantasy, militaire ou pas. Pour tout dire, le programme d’écriture des guides consacrés aux différents sous-genres a pris énormément de retard depuis le confinement de 2020 pour des raisons diverses, dont des soucis de santé. Le prochain guide sera consacré à la Dark Fantasy (mais je ne sais pas du tout quand je le sortirai), et comme tu t’en doutes, Glen Cook y aura une place de choix 😉

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  36. Bonjour,
    J’ai vu récemment qu’Amazon proposait plusieurs séries traduites de SF militaire au format électronique, avec souvent des commentaires disant « intrigue sympa mais traduction nulle / automatique », par ex pour les séries Abner Fortis ISMC de P.A. Piatt, Forces Expéditionnaires de Craig Alanson, La Théogonie de Chris Kennedy, Le Cycle des Révélations (Mark Wandrey pour le Tome 1 et d’autres auteurs pour les suivants), Titre de Sauvetage de Kevin Steverson, Renegade Star de J.N. Chaney, La Saga de la Guerre des Kin t. 1 de Jason Cordova.
    Connais-tu ces séries et/ou certains auteurs ? en conseilles-tu certains ?
    Merci d’avance

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    • Salut,

      alors il faut savoir que la SF militaire est extrêmement populaire aux USA, à un point qu’on peut difficilement imaginer ici en France. Donc, il en sort massivement, y compris en auto-édités ou chez de petits éditeurs anglo-saxons obscurs. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas bon, mais que tu as nettement plus de chances de tomber sur un truc insipide / pompé sur Honor Harrington ou Battlestar Galactica / mauvais que sur quelque chose digne de lecture. Si en plus il y a une VF, oui, il y a également de fortes chances que la traduction ne soit pas aux standards de qualité de l’édition française (et c’est dix fois plus vrai depuis l’émergence des IA : ChatGPT peut te sortir un truc « lisible », mais de là à qualifier ça de traduction correcte…). Je ne connais aucun des auteurs que tu cites (en même temps, en SFFF, il y a une foule d’auto-édités / bouquins sortis d’on ne sait où sur Amazon), mais je pense qu’à moins d’avoir déjà lu TOUS les cycles classiques / de bonne qualité en SF militaire, il y a bien mieux à lire.

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  37. Dans ma bibliothèque j’ai un vieux (1961) livre de Jean Hougron, le signe du chien. Il ne casse pas 3 pattes à un canard, mais a l’intérêt d’être un authentique catalogue de l’armement du futur (lointain). Et Hougron a beaucoup d’imagination.

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