Hardfought – Greg Bear

La guerre éternelle… en mieux ! 

hardfought_bearEtant donné que j’ai de la demande pour des critiques de Greg Bear, j’ai décidé de vous proposer quelque chose qui sortait des sentiers battus concernant cet auteur (un peu laissé sur le bord de la route par l’édition française ces dernières années, malgré une production assez prolifique -mais à forte orientation militaire, ceci expliquant sans doute cela-) en vous parlant de Hardfought, une de ses novellas, qui a obtenu le prix Nebula dans cette catégorie de textes en 1984. Il s’agit d’un roman court à la fois très ambitieux, très exigeant et prodigieusement intéressant, montrant le combat interminable et absurde dans lequel sont englués les humains et une race extrêmement ancienne. Car aussi ahurissant que cela puisse paraître, les deux civilisations sont en guerre depuis trente ou quarante mille ans, mais n’ont jamais tenté de communiquer entre elles. Un postulat qui rappelle évidemment La guerre éternelle de Joe Haldeman, sauf qu’ici nous sommes sur quelque chose d’encore plus pointu, dystopique et intelligent. Et clairement, ce texte est tellement hardcore qu’il ne se destinera certainement pas à tous les publics. Sans compter une densité, pour une novella, proprement exceptionnelle : j’ai pris autant de notes pour préparer cette critique que je le fais d’habitude pour un roman trois ou quatre fois plus grand ! 

Univers

Les Senexi sont une espèce vieille de douze milliards d’années, presque autant que la Voie Lactée. L’auteur exploite à leur sujet (ainsi qu’au sujet des races aussi anciennes qu’eux) quelque chose qu’on ne voit pas souvent en SF, à savoir la notion astronomique d’étoiles de Population II. Il s’agit d’astres si anciens qu’à l’époque de leur formation, le milieu interstellaire n’avait pas encore été enrichi par des explosions de supernovae en éléments plus lourds que le Fer, ce qui fait qu’aussi bien ces étoiles que leurs planètes sont pauvres en certains éléments chimiques critiques. Ce qui mène donc à des espèces dont le développement est non seulement très lent, mais emprunte, de plus, des voies inhabituelles, et qui présentent souvent des métabolismes à basse énergie. De fait, les Senexi ont évolué à partir de polymères de lipides qui se sont formés dans les froids océans d’ammoniaque d’une géante gazeuse elle-même glacée.

Cette espèce protoplasmique est divisée entre des « cerveaux » (Brood minds) de 10 mètres de diamètre qui ne sont pratiquement qu’un système nerveux central et qui sont immobiles (ou quasiment), d’une part, et des éléments mobiles presque dépourvus de SNC d’autre part, qui apportent nourriture et données aux Cerveaux (vous remarquerez que c’est exactement l’inverse chez les humains, où le parent nourrit et éduque le jeune moins évolué sur le plan neurologique). Ceux qui ont pensé aux Primiens de Peter Hamilton n’ont rien gagné, c’était trop facile (il est d’ailleurs possible que le britannique se soit inspiré de son aîné américain, je trouve les ressemblances nombreuses et suspectes). Les Cerveaux renferment la longue histoire des Senexi (dont chaque génération dure… dix mille ans) dans une mémoire raciale génétique, mais ne communiquent aux éléments mobiles que ce qu’ils ont besoin de savoir.

Au début, les Senexi ne colonisaient que des géantes gazeuses semblables à celle où ils sont apparus, puis les besoins de leur technologie ont fait qu’ils se sont aussi intéressés aux planètes rocheuses de type terrestre. Dans le même temps, les espèces issues des étoiles de Population I (systèmes riches en éléments lourds), bien plus récentes à l’échelle astronomique, se sont elles aussi intéressées aux géantes gazeuses, également pour les besoins de leur technologie ou de leur industrie. Une compétition était donc inévitable, et elle a dégénéré en guerre. Et ce d’autant plus que ces espèces « jeunes » sont voraces, agressives, rapides, capables d’adaptation, bref tout ce que n’est pas un Senexi (pour qui l’extinction est presque préférable au changement, c’est vous dire !). Dont la tactique, en pareil cas, est de reculer, et d’aller se planquer dans quelque coin obscur et lointain de l’espace (c’est l’anti-Inhibiteurs : plutôt que d’exterminer les races plus récentes qui poseront un jour ou l’autre un problème, la première impulsion est de les fuir). Sauf que les humains, le new kid on the block de la Voie Lactée, et l’étoile montante chez les espèces rapides, en ont décidé autrement, et pourchassent les Senexi sans répit. La guerre entre les deux races dure depuis trente ou quarante mille ans. Et cette fois, l’âge, l’expérience et le calme des Senexi jouent contre eux !

Les Senexi entrent donc en guerre, et n’y vont pas avec le dos de la cuillère : leur tactique préférée est de larguer des sortes de graines qui détruisent toute vie biologique à la surface d’une planète avant de se mettre à cloner du Senexi à la chaîne (au passage, le Senexi est vraiment hardcore dans son genre : il existe des variantes de la même forme de vie vermiforme géante et intelligente sur un grand nombre de géantes gazeuses, et les Senexi les découpent littéralement en morceaux pour se servir de leurs composantes organiques pour cloner d’autres Senexi. Vous remarquerez l’allégorie des camps d’extermination, au passage). En face, côté humain, on ne donne pas dans la dentelle non plus, se battant à coups de gants qui désintègrent l’adversaire et de « graines de singularité » qui font un joli feu d’artifice à partir d’une planète.

Ce qui est très intéressant, c’est que l’univers va se dévoiler peu à peu au cours de la narration. On sent dès le début que les humains de ce futur très lointain sont très différents de nous, mais il faudra aller au bout du texte pour se rendre compte à quel point. 

Intrigue, personnages, narration

Lorsque l’action démarre, le vaisseau humain Mellangee poursuit un Seedship Senexi afin d’établir qui contrôle la Nébuleuse Méduse. Il va y avoir un abordage, au cours duquel les banques de mémoire humaines et Senexi vont fusionner en un objet unique, auquel auront accès des survivants des deux espèces, dérivant dans un fragment du seedship. C’est grâce à cette exploration de l’histoire (interdite, censurée, éditée, soumise à autorisation) des humains qu’à la fois ces derniers et un Senexi (et le lecteur !) vont comprendre l’horreur de leur situation présente. Et que, pour la première fois, un pont va être jeté entre les deux. Car pour les Senexi, tout ce qui est humain est impur, y compris Aryz, le mobile qu’un des cerveaux a spécialement conçu pour tirer des informations de l’ennemi (pour mieux le combattre, l’infiltrer, le subvertir), et qui doit être détruit après sa mission (comprendre l’autre, penser comme lui, est considéré par les Cerveaux comme une infection à éradiquer sans pitié). Bien qu’il soit considéré comme déjà mort, Aryz trouvera dans le besoin, en l’occurrence celui d’être utile, un point commun, un pont possible, pour communiquer avec les humains. Pour qui, cependant, il est dangereux de tenter de connaître son ennemi, car on ne peut haïr ce que l’on connaît. Or, la déshumanisation de l’ennemi est une étape fondamentale de la propagande associée à tout conflit, et dans ce cas précis, c’est d’autant plus facile que l’ennemi n’est même pas humain à la base. Ce qui explique pourquoi la guerre dure depuis quarante mille ans sans qu’aucune tentative de communication n’ait jamais eu lieu. De toute façon, pour un Senexi peu importe qu’une espèce soit intelligente, du moment qu’elle ne se comporte pas comme eux ou une espèce « compatible » elle doit être fuie ou détruite si ce n’est pas possible. Mais établir des relations avec des êtres différents, s’enrichir desdites différences ? Jamais ! 

Chez les humains, nous allons suivre Prufrax, jeune femelle (enfin… non, rien) de cinq ans appartenant à la redoutable caste des Glovers, ceux qui possèdent le gant de désintégration (je simplifie). Paradoxalement, si les parties qui se déroulent chez les Senexi sont franchement compréhensibles dès le début (et le peu de zones d’ombre s’éclaircit rapidement), en revanche les premières scènes vues côté humain sont à la limite de l’incompréhensible, tant elles emploient un vocabulaire et des concepts nouveaux ou étranges, que le lecteur a peine à suivre. De plus, Prufrax et les autres humains qu’elle croise ont un niveau de vocabulaire bizarre, un style simple, presque télégraphique. Très utilitaire, très militaire, presque machinique. Alors attention, il ne s’agit en aucun cas d’un défaut de style de la part de l’auteur, mais de la manifestation de changements très profonds dans la psyché et la société humaine qui ne se dévoileront que peu à peu au cours de ce roman court. Néanmoins, c’est le genre de texte dont le niveau d’exigence va être tel qu’on le réservera aux lecteurs aguerris, ceux qui ne poussent pas des cris d’orfraie quand ils ne « comprennent rien » d’emblée, ceux qui savent que dans ce genre de livre haut de gamme, la compréhension se mérite et se gagne au fur et à mesure du texte, en se raclant un minimum la soupière. Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’on voit le niveau extraordinaire de développement et de subtilité des thématiques développées dans la suite de la novella. J’ajouterais d’ailleurs que l’intrigue est presque plus un prétexte pour développer ces dernières que quelque chose qui propose une vraie conclusion (celle-ci étant abrupte et assez cryptique). Là aussi, nul doute que cela va faire se hausser certains sourcils. Tout comme les transitions brutales (absentes, même) entre les différents points de vue au sein du Mandate.

Bref, initialement, les parties extraterrestres paraissent paradoxalement plus compréhensibles, plus proches de notre expérience quotidienne, plus humaines presque, que celles consacrées à ces derniers, qui nous semblent, du coup, complètement étrangers. Alors qu’à la base, les Senexi sont tout de même d’énormes globes de protoplasme vivant dans de l’ammoniaque extrêmement froid, communiquant par ondes radio, et fusionnant pour former des super-cerveaux !

Ressemblances, thématiques

Outre Peter Hamilton, un anti-Alastair Reynolds, on peut aussi citer Stephen Baxter et son formidable Exultant (où l’espèce humaine combat aussi un ennemi si radicalement avancé et étrange sur le plan technologique qu’elle est obligée de réorienter toute sa civilisation et sa société vers une guerre d’attrition menée sur des dizaines de millénaires). Bref, j’ai l’impression que le texte de Bear a inspiré, d’une façon ou d’une autre, pas mal de monde, ou en tout cas qu’il peut être relié à des œuvres de nombre d’auteurs. Et c’est d’autant plus vrai pour un texte antérieur, cette fois, à savoir La guerre éternelle de Joe Haldeman, chef-d’oeuvre de SF antimilitariste. J’ai clairement eu l’impression que Bear essayait d’en donner sa propre interprétation, mais en tournant tous les potars vers dix (voire onze, comme Spinal Tap), écrivant ainsi un texte qui, tout en reprenant les tropes du roman d’Haldeman (le clonage, la guerre essentiellement basée sur un défaut de communication entre deux espèces, les échelles temporelles immenses impliquées, le fait d’être coincé dans un schéma du fait de la durée du conflit, etc), les amplifie, ce qui donne au final une novella plus antimilitariste, plus Hard SF, plus dystopique, plus étrange via ces humains qui n’en sont plus vraiment, que le bouquin d’origine.

Car dystopique, cette novella l’est, et à une échelle et une profondeur de réflexion qui ridiculise les enfantillages écrits par les écrivaillons qui ont récemment été adaptés par Hollywood, les Divergente et autres Hunger Games : on découvre une société humaine où les supérieurs, le commandement, les cerveaux, éditent l’Histoire selon leur bon vouloir (mais gardent une version complète pour leur propre usage), utilisent les mémoires biologiques et cybernétiques de leurs soldats à leur convenance, ne dévoilant des instructions ou des informations que si et lorsque c’est strictement nécessaire à l’accomplissement de la MISSION, où l’amour n’existe pas et où le sexe n’est qu’utilitaire (et est une fonction qui peut être déverrouillée à volonté depuis un état indifférencié), où parler à vos semblables est fortement découragé, et où chaque parole est surveillée, censurée ou sanctionnée, où l’individu, dangereux car imprévisible, s’efface devant la multitude des clones (et où, donc, on va jusqu’à décider si vous êtes ou fabriqué : les nouveaux individus sont un risque, donc on duplique les succès passés), où le soldat n’est qu’un outil et où sa vie ou ses sentiments n’ont aucune espèce d’importance (l’émotion complexe dégrade les performances complexes, le simple et direct est préférable), où toute la société a été réorientée vers une guerre éternelle et absurde, où on répète à l’infini un cycle où (et c’est le pire) l’ennemi est aussi coincé, et dont il n’y a sans doute aucun moyen de s’échapper. Vous croyez que je viens de parler des humains ? Peut-être. Peut-être aussi qu’il s’agissait des Senexi. Ou des deux. Pas de spoiler sur le Culte ! Au passage, si on analyse ce texte très attentivement, on s’aperçoit qu’Aryz et Prufrax sont un exact miroir l’un de l’autre sur bien des plans.

Alors certes, une analyse simpliste verrait là une allégorie des jeunes dépassant des vieux pétris de conservatisme (on remarquera d’ailleurs une certaine ressemblance entre senexi et l’anglais senescence) puis y sombrant à leur tour, certes, un esprit politiquement orienté y verrait une allégorie du fascisme combattant le communisme (alors que les deux camps sont aussi fascisto-communistes, selon l’aspect examiné, l’un que l’autre ; j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié la subtilité et l’absence de manichéisme là-dedans), d’accord, par rapport à La guerre éternelle, qui est antérieur, ça ne réinvente pas la poudre… Mais qu’est-ce que c’est bien fait, qu’est que c’est profond ! Cela va systématiquement beaucoup plus loin que le roman d’Haldeman, en ne proposant, qui plus est, aucun Happy End et bien peu de personnages attachants, ou même simplement humains (au sens où nous l’entendons) auxquels se rattacher (bien qu’il y ait une scène magnifique sur ce plan là dans le bouquin de Bear, et que justement, un aspect intéressant soit la -humanisation d’humains déshumanisés, si j’ose dire). Et en plus, pour l’amateur de Hard SF, entre l’astronomie, la biologie complètement autre, quelques aperçus technologiques vagues mais fascinants, quel plaisir ! (le livre nous apprend que la technologie Senexi est si radicalement différente, improbable, que lors du premier contact, les humains ont cru qu’ils venaient carrément d’une autre géométrie -dimension, univers parallèle, etc. Coucou l’Excession !-).

Et la morale est à la fois claire et belle : il n’y a pas de guerre dont l’issue soit si importante qu’elle nécessite de perdre l’esprit, de sacrifier ses valeurs, de changer la nature profonde de sa société, de combattre l’ennemi à un point tel qu’on devienne comme lui. Bref, hein, il serait peut-être temps, messieurs les directeurs de collection, de vous ré-intéresser à Bear, non ?

En conclusion

Hardfought est une novella qui reprend (en gros) la recette de La guerre éternelle de Joe Haldeman mais… en beaucoup mieux : plus profond, plus noir et dystopique, refusant absolument tout happy end, plus radicalement différent, encore plus Hard SF, ce quasi-remake impressionne par son intelligence dans le traitement de ses thématiques et par la profonde réflexion qu’il entraîne. Il est d’autant plus dommage, dès lors, que ce texte court, primé par un Nebula, profondément antimilitariste, n’ait jamais été traduit, non ? Le texte court et primé, ça correspond à l’ADN d’une certaine collection à succès, il me semble…

Niveau d’anglais : pas spécialement difficile, mais par contre, niveau néologismes, il faut s’accrocher pendant un bon moment avant que cela s’éclaircisse.

Probabilité de traduction : un petit effort, messieurs… Si ce texte n’est pas totalement original, il me paraît en revanche suffisamment majeur pour mériter une traduction !

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman court, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lutin sur Albédo,

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35 réflexions sur “Hardfought – Greg Bear

  1. Moi qui n’aime pas trop la S-F militaire (personne n’est parfait), à l’exception notable de la Guerre Eternelle et de Starship Troopers (ce bon vieux Heinlein), j’avoue être tenté.

    J’aime les thématiques abordées. Elles sont exigeantes, casse-gueules : combien de déceptions en lisant des dystopies (dont les écueils, les biais, sont très prévisibles)? En voyant la morale ressortant d’une histoire de « premier contact?
    Mais quel régal quand c’est bien fait ! Et là, si j’en crois ta critique, c’est du beau, c’est du bon. Je l’ajoute à ma wish-list : ça sera mon premier essai en anglais pour un ouvrage de fiction !

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      • J’ai l’habitude de lire en anglais, simplement pas de la fiction. J’ai lu, par exemple, le livre Inner Solar System : prospective, materials (celui à 150 €), ou le papier de Landis sur la colonisation de Venus, ou l’ensemble des suppléments d’Eclipse Phase sans problèmes particuliers !

        Allez, j’essaie, si je foire je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même !

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        • Pour avoir eu le même parcours que toi (livres techniques / suppléments de jeu de rôle), je peux dire qu’entre un autre type de livre et un roman, on est en face de deux exercices de lecture en anglais vraiment différents (anglais scolaire – technique vs anglais de tous les jours / littéraire). Même si évidemment, il vaut mieux ce type d’expérience préliminaire que rien du tout. Bon courage !

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  2. Je ne connaissais pas du tout ce roman. N’ayant toujours pas lu La guerre éternelle j’avoue que je manque surement encore de référence sur le sujet (oui je sais, j’ai quelques classiques qu’il faut absolument que je lise xD) mais je le note pour si j’ai envie de l’explorer un jour =)

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    • Il n’est vraiment pas connu, en fait, il date de 83 et a été éclipsé par certaines de ses autres œuvres plus récentes.

      Pour ce qui est de La guerre éternelle, c’est une SF à cadre militaire mais à message antimilitariste, de grande qualité. C’est effectivement à lire, tu ne le regretteras pas je pense. Et pour ce qui est des classiques, on en est tous là, on a tous (ou presque) quelques classiques restant à lire. Le vrai souci est quand on est dans la situation inverse, à savoir quand les classiques lus (et pas à lire) ne constituent qu’une minorité 😀

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  3. Et hop ! Remonté en 2ème position sur ma liste je m’y attaque dès que je finis ‘The Bowl of Heaven/Starship’. Mieux que la guerre éternelle, j’en bave presque. Merci.

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    • J’espère que tu l’apprécieras autant que moi 😉 (Au passage, je suis curieux de connaître ton avis sur The bowl of Heaven quand tu l’auras fini, n’hésite pas à reposter à la suite de ce message).

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      • Bowl of Heaven + Shipstar – Larry Niven & Gregory Benford
        Une fois sorti des perspectives narratives je ne suis pas un champion des critiques, mais une chose ne trompe pas, j’ai eu de la peine à finir ce roman en deux tomes, car ‘Bowl of Heaven / Shipstar ‘ n’est qu’un seul roman, partagé en deux pour des raisons que je pense mercantiles.
        Au concours de ‘la mienne est plus grosse’, le bol gagne certes, mais à quel prix. Au final, le meilleur moment a été pour moi la lecture de l’appendice technique en fin du roman qui me laisse enfin me projeter dans cet univers: un gros objet intelligent et habité, contrairement aux protagonistes qui à aucun moment ne lèvent vraiment le nez de leurs pieds (appendices que les auteurs semblent avoir utilisés pour commettre ce diptyque).
        En bref, là où l’anneau monde était un personnage, le bol, le navire étoile n’est qu’un décor dans lequel les races aliens sont posées et se juxtaposent sans prendre vie telles des ombres chinoises filmées en 3D. J’ai eu l’impression de lire le résultat d’un brillant brainstorming hâtivement ficelé en un roman… J’ai adoré le pitch, et j’ai été déçu chapitre après chapitre par la réalisation.
        Les plus: un habitat hémisphérique propulsé par son étoile, une échelle temporelle de l’ordre de 100 millions d’années, des aliens non-organiques et non-synthétiques de plusieurs types, des grands anciens énigmatiques à voir dans la suite (à paraître)…
        Les moins: des pseudo-kzintis apprivoisés, une intrigue simpliste et des rebondissements cousus de monofilament supraconducteur, une impression finale de young adult hard SF, donc tout pour déplaire à ces deux publics. Et enfin le mauvais traitement de chacun des plus.
        En conclusion, de très bonnes idées mal ficelées et un teasing efficace pour le volume suivant qui devrait nous mener au contact des ‘grands anciens’ sur / dans un monde / habitat composé de strates environnementales complètement différentes les unes des autres (rip Iain M. Banks). Je lirai probablement la suite dans l’espoir que les auteurs en fassent un meilleur traitement et parce que je suis un invétéré amateur de Hard SF.

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        • Merci pour ton retour ! (très efficace, qui plus est, je trouve que tu as résumé ton sentiment et les points forts / faibles du roman de façon à la fois compacte et très claire, bravo).

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          • Revenant après-coup sur ce fil suite au commentaire de Grégoire, je me rends compte que mon retour sur Bowl of Heaven + Shipstar omettait de citer un des thèmes les plus intéressants du roman, à savoir comment faire perdurer durablement une civilisation dans un environnement certes gigantesque, mais malgré tout fini. Le dogme est qu’il n’y pas d’alternatives au concept démocratie/croissance/consumérisme, mais il faut toujours se méfier des dogmes…
            Avec Hardfought, puis plus récemment Seven Birthdays, tu m’a réconcilié avec la lecture des textes courts, merci, deux bonnes grosses claques qui réveillent d’un long sommeil. Du coup, j’ai inséré les 5 volumes du projet Infinity de Jonhatan Strahan dans ma liste, qui par sa taille rend hommage à l’intitulé du même projet.
            Le manque de support pour les textes courts dans la culture francophone est peut-être à mon sens une des raisons pour laquelle nous nous tournons le plus souvent vers des textes d’origine anglo-saxonne. Pas le motif principal certainement, mais une des raisons tout de même. Aussi je me joins à toi pour saluer les initiatives éditoriales allant dans le sens de raviver l’intérêt pour les formes courtes.

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            • Oui, ta remarque sur les textes courts et la lecture en VO a du sens. Content de constater que tu as aussi apprécié sept anniversaires de Ken Liu. Et oui, les SEPT volumes du projet Infinity comprennent de vraies perles aussi 😉

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  4. Un roman court, récompensé et inédit en France ? Ca semble un candidat idéal pour l’excellente collection « Une heure lumière » de l’éditeur Le Bélial’. Ca me plairait bien en tout cas, pour que je puisse le lire. Je vais leur suggérer, on ne sait jamais.
    Sinon tant pis, au moins j’aurais déjà eu grand plaisir à lire ta chronique. Et à enrichir mon vocabulaire : je ne connaissais pas le terme « trope » (ni d’ailleurs l’expression « se racler un minimum la soupière », j’aime beaucoup !).

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  5. Pour Exultant, je n’avais pas vu venir la baffe. Il y a une nouvelle idée toutes les dix pages, et… 700 pages. Une fois refermé, j’ai immédiatement placé ce roman dans mon top 5 des romans SF.

    Cette nouvelle de Greg Bear me tente beaucoup, mais je crois que je vais continuer d’espérer une traduction française. Le Bélial’ peut-être… Il faut leur souffler l’idée !

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    • C’est fait. Erwann l’a lu et trouvé vraiment intéressant même si hardcore à lire (https://www.facebook.com/lecultedapophis/).

      Et oui, Exultant, c’est la grosse, grosse baffe. La vraie histoire de l’univers / des Xeelees, déjà, mais pas que, loin de là. Et en plus, pas besoin d’avoir lu le reste du cycle, c’est lisible comme un stand-alone. Une pure merveille !

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      • Et voilà, lu ! en un trajet de train de 3h me semble-t-il. C’est vraiment un texte dépaysant, fort par ses messages (mais qui arrivent un peu vers la fin côté humain je trouve). Niveau anglais, j’avoue que je m’efforçais au début de lire et relire les phrases pour bien comprendre, voire revenir en arrière, n’étant pas une habituée de la hard sf (à part la guerre éternelle, sept anniversaires et la trilogie Mars la Rouge). et puis je me suis dit « whatev.. » et j’ai me suis laissée porter par le texte. Au final le tableau général se compose par petites touches, on intègre le vocabulaire au fur et à mesure, on s’attache à ces personnages qui ont l’air de gosses un peu paumés, qui me font me demander si nous ne le sommes pas un peu aussi, qui s’éveillent à la réalité de leurs origines et au fait qu’il n’y a pas d’échappatoires. Merci pour cette lecture. en revanche vu son côté ardue je ne la recommanderai pas à n’importe qui (encore moins en anglais, vu qu’on se demande parfois si c’est le mot qu’on comprend pas ou bien l’idée de l’auteur)

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  9. merci merci merci sans vous et n’étant pas fan de Greg Bear, je serais passé à côté de ce joyau qui m’a procuré un intense plaisir à la lecture Il y a longtemps que je n’ai pas lu une novella qui dépayse et questionne autant tout en maintenant un suspense insoutenable J’ai déjà envie de la relire Encore mille mercis pour votre billet qui donne les ingrédients de la recette sans révéler le plaisir de la dégustation

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    • Ah, eh bien je suis heureux d’avoir pu être utile. En plus de faire de la pédagogie sur les littératures de l’imaginaire, un des buts du Culte a toujours été de remettre en avant des textes oubliés, méconnus ou sous-estimés, et là je crois qu’on est en plein dedans.

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