L’empire du léopard – Emmanuel Chastellière

Un bon roman, qui aurait pourtant pu être encore meilleur

empire_leopardEmmanuel Chastellière est à la base le co-fondateur, le rédacteur en chef et la figure de proue d’Elbakin (principal forum et site d’information sur la Fantasy en France), et il a petit à petit ajouté d’autres cordes à son arc : il est traducteur depuis 2007, et auteur depuis 2016. Jusqu’ici, ses deux ouvrages n’avaient pas éveillé mon intérêt (en raison des genres explorés, Fantastique et Steampunk), mais pour sa toute dernière production, L’empire du Léopard, c’est en revanche une tout autre histoire. En effet, il s’agit d’une Gunpowder Fantasy mettant en scène des peuplades de type précolombien (pour simplifier : comme nous le verrons, la réalité est plus subtile) dans une allégorie de l’aventure des conquistadors (mais décalée à une époque où les trains et les bateaux à moteur existent !). Bref, cela rassemble à la fois nombre de tendances en vogue dans la Fantasy anglo-saxonne récente et un éloignement des carcans habituels du genre pour lequel je milite depuis que ce blog existe : c’est une Fantasy post-médiévale située dans un cadre non-européen, ce qui ne peut que m’attirer. Et Emmanuel Chastellière qui fait de la Gunpowder, ça ne se refuse pas : le personnage a une vraie légitimité dans ce domaine, vu qu’il est responsable des traductions des Mille noms de Django Wexler et de la trilogie des Elfes de fer (dont La souveraine des ombres) de Chris Evans. Mais bon, sur le Culte, on a également acquis quelques connaissances dans le domaine 😉

Au final, si le résultat est plus qu’honorable par rapport aux précurseurs anglo-saxons, et plus encore par rapport à la moyenne de la production française en matière de Fantasy, il est malgré tout perfectible : trop long, trop bavard, avec des personnages paradoxalement beaucoup trop développés, il perd, à certains moments, de son impact et de son intérêt. Reste toutefois un univers très travaillé (sans doute trop pour un roman isolé) et peut-être surtout le fait qu’il va faire découvrir la Fantasy à poudre à un public français qui, en majorité, n’en a jamais entendu parler. Et ce d’autant plus que l’écriture fluide et agréable de l’auteur, ainsi que le simple fait que ce roman soit facilement disponible, et en français qui plus est, font que L’empire du léopard constitue une porte d’entrée idéale dans le genre pour un non-anglophone (les romans majeurs de la Flintlock / Gunpowder Fantasy n’ayant soit jamais été traduits, soit ayant été publiés par l’inénarrable Eclipse et n’étant pratiquement plus disponibles en français aujourd’hui). 

Genres

L’auteur déclare, dans les remerciements, ne pas être intéressé par les classifications, les frontières. Outre le fait que les premières ne sont pas équivalentes aux secondes, sur le Culte d’Apophis, qu’on pourrait (les habitués le savent bien) rebaptiser le Culte de la Taxonomie (voyez ce tag pour vous en convaincre 😀 ), on a l’habitude d’analyser les sous-genres dont relève un bouquin, ainsi que l’intertextualité, donc on va faire comme d’habitude, hein. Et ce d’autant plus que dans ce cas précis, il y a beaucoup de choses intéressantes à examiner.

Emmanuel Chastellière emploie lui-même le terme de Flintlock Fantasy pour désigner son oeuvre, ce qui n’est que partiellement pertinent. Ça l’est dans le cas où on range toutes les Fantasy à poudre sous une même bannière, appelée Flintlock, mais ça ne l’est pas dans une taxonomie où la Flintlock Fantasy n’est qu’une catégorie précise au sein d’un ensemble plus vaste appelé Gunpowder Fantasy (c’est la conception que j’utilise). Dans ce cas là, la Flintlock est essentiellement d’inspiration Révolution / Empire (modelée principalement sur la période 1789-1815) et emploie une technologie militaire centrée sur le Mousquet (donc une arme à feu à canon à âme lisse) à platine à silex. Or, L’empire du léopard montre des fusils (et non pas des mousquets), donc à canons à âmes rayées, une mitrailleuse Gatling, des revolvers à barillet (par opposition aux pistolets dotés d’une seule chambre et à un coup) et un fusil à pompe, des armes développées bien plus tard (de 1836 à 1893, selon les cas). De plus, cet univers connaît le navire à roues à aubes et le train à vapeur, tous deux propulsés via le charbon, voire… le pétrole. Là aussi, l’utilisation de ce dernier carburant porte la période d’inspiration au-delà de 1886, donc bien loin de la période couverte par la Flintlock Fantasy. Classification de toute façon caduque dès le moment où les armes utilisées dépassent le stade du mousquet (à âme lisse, donc) à platine à silex. Bref, sur le plan taxonomique, ce roman relève de la Gunpowder Fantasy en général, et pas de la Flintlock en particulier. Et ce d’autant plus qu’il n’y a pas le moindre petit bout d’inspiration Napoléonienne là-dedans.

Signalons que si l’auteur fait preuve d’une maîtrise des termes techniques propres aux armes à feu (très) supérieure à celle de la moyenne des auteurs de Gunpowder / Flintlock Fantasy, il n’évite pas pour autant l’erreur occasionnelle : ainsi, sur la fin, dans le même chapitre et pour le même type d’armes, il parle à la fois de mousquet (canon long / lisse), de fusil (canon long / rayé) et de carabine (canon court / rayé)…

Gunpowder Fantasy, donc… mais pas que. C’est aussi (et peut-être surtout, en fait) de la Dark Fantasy, à la fois via l’atmosphère morose et désabusée qui pèse sur la première moitié du roman et l’ambiance sombre, violente, explicite et sanglante qui flotte sur la seconde. L’auteur a été inspiré par le manga Berserk, et sur ce plan, on sent bien la filiation. Je voudrais donc mettre en garde la lectrice ou le lecteur qui penserait voir quelque chose très orienté exotisme, aventure (celle des Conquistadors), voire Cape & épée : si le premier aspect est bien présent, le second ne l’est que finalement peu (on est plus sur un ton, des personnages et un univers désabusés que sur quelque chose de très héroïque, où une poignée d’hommes audacieux conquièrent un monde), et le troisième est complètement absent. Il y a même un stade à partir duquel le roman bascule dans l’Horreur pure et simple, exploitant d’ailleurs un thème / ennemi très à la mode en SFFF ces dernières années et qui pourrait donc rebuter ceux qui s’en sont lassés (impossible d’être plus précis sans divulgâcher, par contre). Je voudrais d’ailleurs saluer le fait que contrairement à un nombre effrayant d’auteurs français qui veulent faire de la Dark Fantasy, Emmanuel Chastellière a trouvé le bon dosage : ni trop explicite (à la Charlotte Bousquet), ni pas assez sombre (à la Estelle Faye), juste comme il le fallait. Nul doute que sa connaissance pointue de ce qui se fait chez les anglo-saxons n’est pas étrangère à cette maîtrise de ce que doit être ce type de Fantasy.

Enfin, c’est également une Fantasy exotique (de cadre non-européen), Historique (même s’il s’agit d’un monde secondaire, il renvoie à tout un tas de civilisations réelles -voir plus loin-), militaire (l’action est surtout vue par les yeux des troupes du royaume du Coronado) et Coloniale. Ce dernier sous-genre est d’ailleurs étroitement associé à la Gunpowder Fantasy dans son ensemble, puisque quatre des livres majeurs de cette dernière en relèvent également. Comme son nom l’indique, la Colonial Fantasy examine les relations entre une métropole et ses colonies, que ce soit du point de vue des colonisateurs ou des colonisés.

Ressemblances

L’auteur a présenté à son éditeur son projet comme un mélange entre le film Apocalypto et le manga Berserk. C’est pas faux (et oui, je sais ce que ces deux mots signifient  😀 ), mais à mon avis l’inspiration est plus à chercher du côté des romans de SFFF que d’autre chose.

On l’a vu, si l’Emmanuel Chastellière auteur était plus ou moins destiné, tôt ou tard, à écrire de la Fantasy à poudre, c’est parce que l’Emmanuel Chastellière traducteur a exercé ses talents à plusieurs reprises dans le domaine. De fait, L’empire du léopard présente des ressemblances avec les deux romans de Flintlock qu’il a eu l’occasion de traduire, La souveraine des ombres et Les mille noms : dans les trois cas, nous sommes en présence d’une force militaire dotée d’armes à feu originaire d’un pays modelé sur l’Europe (l’Espagne chez Chastellière, l’Angleterre chez Evans, la France chez Wexler) qui est projetée dans une possession coloniale exotique (modelée respectivement sur l’Amérique centrale- du sud / l’Inde / l’Égypte), où la rébellion gronde (ou qui n’est pas totalement conquise, un îlot de résistance subsistant, comme dans le livre qui nous occupe aujourd’hui).

Au passage, puisqu’on parle de l’activité de traducteur d’Emmanuel, l’utilisation d’un certain sort de transfert de… enfin, ceux qui ont lu (ou rédigé 😀 ) ce bouquin verront de quoi je parle, m’a légèrement évoqué sur les bords l’utilisation des sortilèges du même type dans Les jardins de la lune de Steven Erikson (qui ressort dans moins d’un mois, dans une nouvelle traduction signée… Emmanuel Chastellière !) : coïncidence ? Je ne crois pas !

Je lui trouve personnellement des ressemblances également avec le cycle Lays of Anuskaya de Bradley P. Beaulieu (dans la convergence entre un cadre exotique, une technologie post-médiévale et une inspiration non-européenne), avec Soul of the world de David Mealing (qui se déroule aussi dans une pseudo-Amérique que se partagent différentes puissances coloniales rivales) et peut-être surtout avec Le sang du dragon d’Anthony Ryan (que l’auteur n’a pas lu, puisqu’il n’est pas très fan de Ryan, d’après ce que j’en sais), également fortement inspiré par l’Amérique centrale / du sud précolombienne puis coloniale, et doté d’un niveau de développement des armes à feu et des navires de guerre similaire (à un gros détail près : le roman de Ryan relève, lui, de la Gaslamp Fantasy, du fait de son aspect rétrofuturiste et Victorien). Le niveau technologique général, lui, rappelle Le sang du dragon et peut-être surtout Guns of the dawn d’Adrian Tchaikovsky, lui aussi plus ou moins modelé, avec ses trains à vapeur, sur la Guerre de Sécession.

Enfin, on retrouve chez Emmanuel Chastellière le protagoniste féminin soldat qui est pratiquement un lieu commun en Flintlock / Gunpowder Fantasy : sa Cérès évoquera évidemment au connaisseur la Winter de Wexler, la Vlora du second cycle des Poudremages de McClellan, l’Erris de Mealing ou l’Emily d’Adrian Tchaikovsky.

La question qu’on peut se poser est : en Gunpowder / Flintlock Fantasy, à quel niveau de qualité se situe L’empire du Léopard ? Personnellement, je le situerais assez haut : pas dans le trio de tête (La promesse du sangSins of empire / The traitor Baru Cormorant), mais pas dans les moins bons non plus. Je le trouve même légèrement supérieur aux Mille noms, à vrai dire (alors attention, hein, je pense qu’il est meilleur que le tome 1 de The shadow campaigns, mais pas que les tomes 2-5), à part sur l’aspect purement militaire, et largement supérieur à La souveraine des ombres. Notez toutefois que si le résultat final est à mon avis supérieur à celui du livre de Django Wexler, la structure de celui d’Emmanuel Chastellière en est extrêmement proche (longueur similaire -dans les deux sens du terme-, coups de feu et magie qui tardent à entrer en jeu, fin faisant intervenir le même genre de créatures et le même Deus ex machina).

Je trouve donc qu’Emmanuel Chastellière a, sur le pur plan de la Fantasy à poudre, délivré une copie très intéressante, que je n’hésite pas à conseiller à qui cherche à découvrir ce sous-genre récent et en très grande partie méconnu en France. Par contre, j’anticipe un peu sur le reste de la critique, mais son roman a aussi certains défauts sur un plan littéraire plus général, sans pour autant parler d’échec, juste de travail perfectible.

En-dehors de la Gunpowder Fantasy, d’autres ressemblances ou hommages sont à noter : la notion de « Livre de sang » semble en être un à Clive Barker, et diverses punchlines ramènent à différents films, dont Aliens (deux fois, une au début -modelée sur un dialogue Hudson-Vasquez sur le fait qu’on puisse prendre l’une ou l’autre pour un homme-, une à la fin -« Ne la touche pas, salope ! »-), Apocalypse Now (« L’odeur de la poudre brûlante […] L’odeur, le chant de la victoire »), Gladiator (« Il était temps de déchaîner les enfers »), Predator (« Si elle saigne, c’est qu’on peut la tuer ») et même Blade Runner (une certaine créature a vu de grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion). Et encore, certaines ont probablement dû m’échapper. De même, la fin du combat Cortellan / Condor fait très Indiana Jones, je trouve, et l’Ange aux épées a l’air de sortir du Trône de fer (ou plutôt de remplacer l’objet en question).

Univers – Inspirations *

* Niobe, Lucho Ripley.

Une lecture grossière du roman pourrait laisser penser qu’il s’agit d’une allégorie de l’aventure des Conquistadors espagnols en Amérique centrale dans un monde secondaire (imaginaire). La réalité est nettement plus complexe : premièrement, l’auteur a décalé l’époque à laquelle la conquête des civilisations précolombiennes a lieu, puisque le Coronado (l’équivalent de l’Espagne) débarque alors qu’il dispose d’une technologie équivalent à celle du dernier tiers (voire de la toute fin) du XIXe siècle, et non pas de la fin du XVe / début du XVIe. Ce qui n’a d’ailleurs pas que des conséquences sur les voyages (il est plus facile de déplacer des troupes, des colons, du matériel de construction ou le minerai précieux lorsque vous disposez de trains à vapeur) ou l’armement, puisque les avancées de la science écartent au second plan l’aspect religieux, missionnaire, au profit d’un aspect économique (pétrole, or, etc). En clair, pas de bataillons de prêtres, pas de conversions de masse, laïcs et militaires sont (pour l’instant) au centre du jeu.

Ensuite, si une grosse partie du livre maintient l’illusion, à coups de références Aztèques (Macuahuitl, guerriers-harpies modelés sur les ordres militaires Mexica dédiés à Huitzilopochtli ou Tezcatlipoca, Caciques), Maya (les Cénotes), voire incas (l’empire du léopard vit dans ses montagnes, après tout), on s’aperçoit que cela ne s’arrête pas là : la capitale dudit empire tient autant (jusque dans son nom, Xemballa, et sa localisation dans un lieu perdu et inaccessible dans une chaîne de montagnes) de la Shambhala bouddhiste que de l’Atlantide (outre la mention répétée à l’Orichalque, sa structure en cercles divisés par des canaux et centrée sur un mont rend l’analogie transparente), et cette civilisation a également un fort parfum babylonien (on nous parle de ziggourat, de prostituée sacrée -comme celles d’Ishtar- et d’un dieu Marrdak, évidemment modelé sur Marduk -avec sûrement un gros bout de l’Huitzilopochtli aztèque dedans-). De plus, Xinxi-La et ses réformes, notamment religieuses (le culte du Soleil remplaçant celui de la Lune), ainsi que les coutumes matrimoniales de la dynastie impériale (où le frère épouse sa sœur) évoquent l’Égypte antique, et plus particulièrement la révolution Amarnienne.

De même, j’ai des doutes sur le fait que le Coronado ne soit modelé que sur l’Espagne : si j’en juge par le nom d’un des personnages secondaires, Torun Çubiry, voire par celui du personnage principal, Cérès Orkatz, j’ai l’impression qu’il y a un peu d’inspiration turque ou ottomane dans le mélange. Enfin, des prénoms comme Prospero ou Caliban renvoient évidemment à Shakespeare, tandis que d’autres comme Cérès ou Artémis évoquent la mythologie gréco-romaine et que la monture de Cérés, Bucéphale, est nommée d’après celle d’Alexandre le Grand.

Enfin, l’auteur introduit un changement de taille : loin d’impulser un énorme afflux de métaux précieux en Europe (or, puis argent dans un deuxième temps), cette colonisation là se révèle hautement improductive. Même sans parler de l’Eldorado de ce monde, qui se révèle aussi chimérique que le nôtre, la péninsule de la Lune d’Or se révèle pauvre en or et en argent et très peu fertile et aride, ce qui fait que la Couronne s’en désintéresse rapidement, laissant plus ou moins le Vice-Roi et les régiments locaux à leur sort.

Je trouve que l’univers est le très gros point fort de ce livre : il est à la fois travaillé (même si dans le registre précolombien, il n’arrive pas à la cheville de ce chef-d’oeuvre absolu qu’est Azteca de Gary Jennings -un roman historique-), original même en Flintlock / Gunpowder Fantasy où les cadres non-européens ne sont pas spécialement rares (et je ne parle pas de l’écrasante majorité de la Fantasy, qui est encore bloquée sur l’éternelle allégorie de l’Europe médiévale ou parfois antique) et se démarque de certains clichés en associant à l’inspiration Maya / Aztèque / Inca des éléments venus d’autres civilisations. De plus, l’auteur a eu l’excellente initiative de proposer une conquête autre (en décalant le niveau technologique, en évacuant l’équivalent de la religion chrétienne de l’histoire, etc) et d’éviter de raconter les premiers temps de la colonisation, le changement de paradigme pour les peuples indigènes, se concentrant sur une période nettement postérieure. De toute façon, là encore, il aurait été difficile de passer derrière Azteca, qui montre de façon magistrale la fin du monde Mexica.

Pour vous donner des points de comparaison, je dirais qu’en terme de solidité de l’univers, et dans la façon de mêler Histoire réelle et monde secondaire, on est sur quelque chose qui est finalement proche du travail de Jean-Philippe Jaworski sur le Vieux Royaume.

Malgré tout, je ne peux m’empêcher de me poser la question : étant donné qu’il s’agit d’un univers qui n’est exploité que dans ce seul roman (aucun cycle n’est prévu) ainsi que dans deux nouvelles (une antérieure à sa parution, une à venir), n’est-il pas trop développé ? Pour une fois, quelque chose d' »Hollywoodien », comme j’aime à le dire, brossé à grands traits, à l’anglo-saxonne, n’aurait-il pas été suffisant ? Car, conjugué à d’autres facteurs, cette description minutieuse rend l’ouvrage un peu trop gros et verbeux à mon goût, ce qui nuit à son rythme et à son intérêt. Mais nous en reparlerons. Là où une description minutieuse aurait parfaitement pu se concevoir dans un tome introductif de trilogie, par exemple, ou bien dans un monstre de 1200 pages comme Azteca, elle se révèle donc ici plus contre-productive qu’autre chose.

Magicbuilding

Je vais rester très discret sur cet aspect de la construction de l’univers, vu que la relation entre la magie et un univers certes imaginaire mais finalement essentiellement profane est un des points focaux de l’intrigue. Je vous dirais simplement qu’il ne faut pas vous attendre à quelque chose d’ultra-détaillé à la Sanderson / Weeks, ni même à ce qu’à proposé Brian McClellan par exemple. On est plus, là encore, sur quelque chose qui évoque Jaworski, à savoir un système cohérent mais qui reste dans un certain flou. En tout état de cause, même pour quelqu’un comme moi, qui ne jure que par les Magicbuilding de fou furieux, ça reste tout à fait satisfaisant, on ne tombe pas tout à fait dans le « ta gueule, c’est magique ».

Univers – Description

La péninsule de la Lune d’Or se trouve de l’autre côté de la Grande Mer (l’océan quoi !) par rapport au continent d’inspiration européenne d’où viennent les protagonistes. Elle est barrée, sur toute sa largeur, par une chaîne de hautes montagnes qui l’isole du reste du sous-continent dont elle fait partie. Cette interview chez mes estimés confrères Trolls des cavernes vous apprendra qu’il faut y voir un Costa Rica « inversé » et équatorial. Moi, j’y aurais plutôt vu un Yucatan situé bien plus au sud et à l’ouest, mais pourquoi pas. Au passage, effectivement, l’absence de carte n’est (pour une fois) pas gênante, elle n’empêche pas de suivre les événements.

A l’origine, elle abritait cinq royaumes (modelés sur les Mexicas / Acolhuas / Tépanèques / Tlaxcaltèques ou Tarasques / Incas-Mayas ?), mais depuis qu’une puissance coloniale, le Coronado (modelé sur l’Espagne) a débarqué, un seul, l’Empire du Léopard, a gardé son indépendance. Isolationniste, caché dans la vaste et mystérieuse chaîne de montagnes de l’Azur au sommet de brume (Mauristasia power !), réputé bien plus puissant que ses faibles voisins dont les territoires sont tombés dans l’escarcelle du conquérant étranger, il ne résiste pas activement au Nouveau-Coronado mais ne se soumet pas pour autant à son autorité. Et vu que la colonie s’est révélée bien moins rentable qu’espéré (le sol est aride, la production des mines décevante), la Couronne n’a pas l’air pressée d’envoyer une périlleuse expédition tenter de briser sa puissance. Notez que l’empire est plus évolué sur le plan technologique que l’inspiration aztèque / maya / inca ne pourrait le laisser croire, vu qu’il a mis au point le verre et des armes à feu primitives, et que des colonies d’autres puissances du Premier Continent existent aussi aux alentours (dont celle d’un pays appelé l’Ulster, apparemment).

La colonie est dirigée par un Vice-roi, Philomé, un cousin éloigné du Roi Philippe, depuis la seule grande ville, Carthagène (qui n’est, semble-t-il, pas modelée sur une des trois villes du même nom existant réellement en Espagne ou en Amérique latine, mais sur un mélange de Buenos Aires et de Mar del Plata, toujours d’après l’interview citée plus haut). Le reste de la colonisation est apparemment partagé entre des villes minières et de grandes haciendas, dont les riches propriétaires forment un Conseil (de type Castillan) avec lequel le Vice-roi est obligé de compter. On a aussi entrepris la construction de voies ferrées, avec le, hum, « concours » d’esclaves de travailleurs indigènes. Trois régiments (de l’infanterie essentiellement, plus un peu de cavalerie et d’artillerie) protègent le territoire, et ont soumis la majorité de la péninsule au terme d’une campagne-éclair de trois ans, terminée depuis trois autres années (à ce propos, je trouve que l’auteur n’a pas assez insisté sur le -probable- rôle des épidémies dans la conquête).

Le Nouveau-Coronado s’est révélé être une fausse bonne idée pour l’ancien : il produit peu de marchandises utiles, est peu fertile, bien moins riche en or qu’on ne le pensait, et très rapidement, tout le monde, de la Couronne aux colons en passant par les soldats rêvant initialement de mystérieuses cités d’or, s’est senti déçu, voire floué, et a fini par se désintéresser en grande partie du sort de la colonie. Il faut cependant dire que la métropole a une lourde responsabilité dans la stagnation de ce territoire : comme le souligne un des personnages, les rivalités avec les autres puissances du Premier Continent font que la colonie ne peut pas échanger de ressources avec ses voisines, alors que l’opération se révélerait bien plus profitable financièrement que de les expédier au Coronado de l’autre côté de l’océan (pardon, la Grande Mer). Bref, à part le vice-roi, Philomé, qui y croit encore un peu, tous les autres personnages sont fatalistes et cyniques.

Intrigue, personnages

Outre le vice-roi, nous faisons connaissance avec le Colonel Cérès Orkatz (surnommée « la Salamandre » -rien à voir avec Honor Harrington, que l’auteur n’a pas eu l’occasion de lire, j’ai posé la question-), commandant un des trois régiments (le 22e) coloniaux, ainsi qu’avec différents membres de son unité : Camellia, une indigène jadis sauvée par Cérès d’un destin terrible et devenue soldat du rang, Dumelin, l’intendante et commandant en second, Melchior, l’alchimiste régimentaire, ainsi que son petit-fils (adoptif) Alario, le sergent Apollaire, le soldat Jolyon, etc. Outre la vie quotidienne de l’unité, nous assistons aux efforts de Philomé pour essayer de maintenir la colonie à bout de bras, les plus grosses difficultés venant de la terre de la péninsule, qui se révèle à la fois aride et très peu fertile. C’est alors que deux événements successifs vont changer la donne : premièrement, un message va arriver en provenance de l’Empire du léopard, le roi Xinxi-la offrant la main de sa fille au Vice-roi en gage d’alliance entre les deux nations. Or, la missive est accompagnée d’une jarre contenant de la Terra preta, qui prouve que la légende sur un Empire qui serait un paradis fertile perdu dans les montagnes n’en est peut-être pas une. Deuxièmement, un navire accoste dans le port de Carthagène, amenant 300 mercenaires d’élite commandés par un neveu du roi Philippe, le fantasque Artémis Cortellan. Avec cet apport de troupes fraîches, et l’assistance d’un millier de soldats du 22e, une expédition vers le mystérieux empire est donc désormais envisageable, et va former le cœur de l’intrigue.

Je suis très partagé au sujet des personnages : certes, ils sont vraiment travaillés (surtout Cérès), mais d’une part j’ai eu du mal à m’attacher à eux (la plupart sont peu sympathiques, les autres trop stéréotypés), à part à Philomé et à Amaru (et à la princesse Nahikari, parce que dans son genre, elle est stylée) à la rigueur, et d’autre part, eh bien ça va paraître bizarre, mais je les ai trouvés trop travaillés justement.  Oui, je sais, d’habitude je gueule après les persos monodimensionnels en Fantasy française, et je devrais donc être content et la boucler. Et puis certains d’entre vous vont sans doute se dire qu’un personnage n’est jamais trop développé. Eh bien non. Parce que si développer la psychologie des protagonistes, leur passé, leurs relations entre eux et la dynamique de ces dernières prend trop de place et nuit au rythme et à l’impact de l’intrigue, la manœuvre se révèle plus contre-productive qu’autre chose.

A mon avis, on est très exactement dans ce cas là ici : l’auteur a déclaré avoir écrit quelque chose de plus « ramassé » à l’origine (de plus court, dense, nerveux), et avoir été incité à faire plus long et à développer certains personnages (Kamil, le second d’Artémis, par exemple) par son éditeur. Qui s’avère être Critic. Dont, vous l’avez sans doute remarqué, je ne lis la production qu’une fois par an, les bonnes années. Tout simplement parce que la SFFF qu’il propose ne me parle pas, point. De fait, il ne s’agit que du second bouquin estampillé Critic chroniqué sur ce blog. A comparer avec ceux signés l’Atalante, Bragelonne, Lunes d’encre ou le Belial’, par exemple. Pourtant, j’ai eu la même impression que la première fois : celle d’un travail éditorial mal fait. Celui-ci ne consiste certainement pas seulement à dire à son auteur « c’est génial, vas-y, on en veut plus ! », mais surtout à lui indiquer quand il part dans une mauvaise direction. Et là, pour le coup, c’est probablement Emmanuel qui était dans le vrai et son éditeur qui l’a fait se fourvoyer dans un roman obèse de 630 pages (ce qui comprend le début de celui d’un autre auteur, Thomas Geha, pour une grosse vingtaine de pages), qui aurait à mon avis pu être dégraissé de 100-200 pages sans impact significatif sur l’intrigue générale. Bien au contraire, d’ailleurs. Les scènes à forte intensité n’en auraient eu que plus d’impact si elles n’avaient pas été noyées dans des choses sans intérêt, comme une scène où les soldats se font couper les cheveux (alors la vie quotidienne de l’unité, c’est bien, tout le monde le fait en SFF militaire, y compris Heinlein, mais il ne faut pas en abuser non plus) par exemple ou pire, du character-building qui va concerner des personnages secondaires dont la plupart vont être effacés d’un trait de plume dans le troisième tiers du bouquin ! Bref, comme le dirait Lionel Davoust, une des règles les plus basiques de l’écriture est qu’un bouquin est « parfait » quand il n’y a plus rien à y enlever.

Posons-nous d’ailleurs la question : à part dans un monstre de 1200 pages style Azteca, ou dans le tome introductif d’un vaste cycle (une trilogie, au minimum), quel est l’intérêt, tout comme pour l’univers, de développer autant les personnages ? La réponse, dans le cadre d’un tel one-shot, est : faible.

Pour ce qui est de l’intrigue elle-même, elle tarde vraiment beaucoup trop à se mettre en branle : entre le world- et le character-building, il faut attendre un temps presque interminable pour qu’il se passe quelque chose d’intéressant. De plus, même si l’auteur a voulu décentrer cette Gunpowder Fantasy de son aspect militaire, qui selon lui, écrase les autres dans ce genre de livres (je pense que dans ce cas, The traitor Baru Cormorant devrait lui plaire), il n’en reste pas moins que pour un livre centré sur la vie d’un régiment, les premiers coups de feu sont terriblement longs à venir : 44% du bouquin ! (sur 630 pages…) selon le compte de ma liseuse. Vous remarquerez d’ailleurs que c’était la même chose dans Les mille noms, qui est probablement sa source d’inspiration SFF principale. Après cela, et une autre grosse phase de world- / character-building, il faudra attendre deux twists, un petit à 60 % et un très gros à 66%, pour voir l’intrigue (le lecteur ?) se réveiller. Alors soyons clair, quand ça démarre pour de bon, ça pète, c’est incontestable, et c’est tout de même un minimum épique et pyrotechnique (même si trop stéréotypé, à mon humble avis) même dans le cadre d’un roman que l’auteur a voulu démarquer du courant Sanderson / Erikson (où ça pète tout le temps et à une échelle démesurée).

Bref, même si ce roman est souvent prenant, toujours très bien écrit (j’appréciais déjà le style d’Emmanuel en tant que traducteur, mais lorsqu’il peut écrire tout ce qu’il veut, il n’en est que plus fluide et agréable), qu’il y a du boulot sur l’univers et les personnages, et que sur le plan Gunpowder Fantasy, il n’a absolument pas à rougir de la qualité de son travail face à celui des américains, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une oeuvre perfectible, qui aurait pu être encore meilleure sans une intervention que je juge malheureuse de son éditeur.

Le roman ne fait malheureusement pas l’économie de quelques Deus ex machina, dont un sur la fin qui m’a paru particulièrement malheureux, car il remet en cause la partie technologique du worldbuilding qui m’avait parue jusqu’ici très cohérente. Signalons aussi quelques stéréotypes au niveau des personnages et de gros sabots pour l’état de santé de l’un d’entre eux. Mais surtout, déplorons une fin monstrueusement stéréotypée, au croisement du Retour du Roi et d’Alien 3. Emmanuel, se faire plaisir et faire des clins d’œil, c’est bien, mais pas quand ça gâche un peu un moment aussi épique et poignant parce que c’est du déjà-vu.

L’épilogue est intéressant, montrant que ce que l’on pourrait penser être une nouvelle ère, une lueur d’espoir pour la colonie, n’est en réalité probablement que le héraut de temps encore plus noirs.

En tout cas, je trouve dommage qu’un autre roman (ou, pourquoi pas, une novella) dans cet univers ne soit pas prévu, il a du potentiel si quelques défauts « de jeunesse » sont gommés et j’apprécierais de lire de nouvelles aventures s’y déroulant. En tout cas sur un format plus long que des nouvelles.

Thématiques

Comme dans toute Colonial Fantasy qui se respecte, il y a un minimum de fond dans ce roman, qui n’est donc pas du pur divertissement (même si pour le coup très noir). Sont ainsi abordés les thèmes du colonialisme et de l’impérialisme (« Nous ne sommes pas venus ici pour apporter la civilisation, mais pour faire du profit », ou encore « Le Coronado ne s’allie pas avec ses voisins. Il soumet »), du traitement des indigènes par le colonisateur, du travail forcé, de l’industrialisation et de ses conséquences écologiques (le feu sur le gisement de pétrole qui dure plusieurs mois dans le prologue), de l’énorme changement de paradigme induit par la rencontre de deux civilisations aux niveaux de technologie très différents (un incontournable ou quasiment pour toute oeuvre d’inspiration précolombienne, de Fantasy ou pas : on pense aussi à Apocalypto ou à Azteca), du racisme (Camellia, bien que combattant sous la bannière du Coronado, est regardée avec mépris par la plupart de ses camarades), de l’homo- et de la bi-sexualité, de l’accueil des réfugiés (dans le prologue), de l’addiction (à l’alcool pour Cérès, aux feuilles de Coca pour Philomé), etc.

J’ai trouvé un des thèmes très intéressant : dans un monde où la science est en train de reléguer la magie, voire la religion, dans les oubliettes de l’Histoire, le surnaturel fait, au cours de l’intrigue, un come-back fracassant sur le devant de la scène. Il y a là une approche assez originale et fascinante de l’intrusion de l’irrationnel dans un monde rationnel, presque du Fantastique enchâssé dans un monde secondaire de Fantasy.

Un mot sur l’édition

Je ne trouve personnellement pas la couverture très esthétique, mais c’est vraiment une question de goûts et de couleurs, car je reconnais qu’il y a de l’idée, de la technique et du travail derrière. Rien à dire sur l’absence de carte, qui n’est vraiment pas indispensable (pour une fois) pour suivre, ni sur celle d’un Dramatis personæ, qui, là encore, ne s’imposait pas. On pourrait par contre regretter l’absence d’un petit glossaire : je sais ce que sont un cénote ou un macuahuitl, mais ce n’est probablement pas le cas de tout le monde. Enfin, la relecture n’est pas terrible, j’ai compté une demi-douzaine de fautes ou de coquilles, ce qui, pour un bouquin de plus de 600 pages, sans être scandaleux, est tout de même perfectible. De même, l’auteur a tendance à abuser de jeune homme / jeune femme / jeune fille, ce qui, au bout de 64e occurrence, a un peu tendance à lasser : là aussi, l’éditeur aurait pu être plus attentif à ce genre de répétition.

En conclusion

Avec ce roman, Emmanuel Chastellière nous propose une Fantasy qui suit toutes les tendances récentes anglo-saxonnes, à savoir un contexte extra-européen, post-médiéval et colonial soignant le fond (sont évoqués les thèmes de l’impérialisme, du colonialisme, du traitement des indigènes, etc) sans sacrifier la forme et le souffle épique pour autant. Cette Fantasy à poudre propose une allégorie de la colonisation de l’Amérique centrale / du sud par les Conquistadors, mais décalée à une époque où les fusils à canons rayés, les mitrailleuses Gatling, les trains à vapeur et les navires à roues à aubes existent. Moins centré sur l’aventure, la flamboyance et sur le côté militaire omniprésent d’habitude en Flintlock / Gunpowder Fantasy (sans les mettre tout à fait de côté, pourtant) que sur une intrigue et une ambiance noires (parfois même horrifiques), cyniques, nihilistes, désabusées (presque Cyberpunk, dans le ton, parfois), violentes, sanglantes, ce livre correspond assez au résumé qu’en fait son auteur, à savoir un mélange entre le film Apocalypto et le manga Berserk. Ce dernier point signifiant qu’Emmanuel Chastellière n’y va pas avec le dos de la cuillère, certaines scènes (celle avec le bébé, par exemple) se révélant assez hardcore, et les antagonistes torturant avec autant de facilité que Jack Bauer.

Si ce roman est souvent prenant, au style agréable, qu’il y a du boulot sur l’univers et les personnages, et que sur le plan Gunpowder Fantasy, Chastellière n’a absolument pas à rougir de la qualité de son travail face à celui des américains (même si l’aspect militaire est en retrait par rapport à leurs œuvres, ce qui pourra en gêner certains), il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un livre perfectible, qui aurait pu être encore meilleur sans une intervention que je juge malheureuse de son éditeur. Ce dernier a en effet incité l’auteur a rajouter des scènes et à développer démesurément certains personnages, ce qui n’a finalement conduit qu’à un roman trop long à démarrer et trop verbeux, manquant parfois de rythme et d’impact non pas parce que les scènes choc sont absentes, mais parce qu’il arrive qu’elles soient noyées dans du bla-bla sans intérêt (les soldats se font couper les cheveux, on développe le personnage secondaire -voire tertiaire- x, y ou z qui va finalement être effacé d’un trait de plume 150 pages plus loin), etc. Je pense que la copie initiale de l’auteur, plus dense, courte et nerveuse, aurait sans aucun doute été supérieure au résultat final qui, tout en étant plus qu’honorable, manque pourtant le podium de la Gunpowder / Flintlock Fantasy au profit de romans un peu plus constants en matière de rythme et de maintien de l’intérêt.

Il n’en reste pas moins que j’ai apprécié la balade, trouve dommage qu’il ne s’agisse que d’un one-shot, et n’hésite pas à qualifier ce livre d’excellente porte d’entrée (en français) pour qui voudrait découvrir soit la Fantasy à poudre, soit la Fantasy post-médiévale et d’inspiration extra-européenne.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Célindanaé sur Au pays des Cave Trolls, celle de Boudicca sur le Bibliocosme, de Blackwolf sur Blog-o-livre, de Xapur, de Zina sur Les pipelettes en parlent, de Lutin sur Albédo, d’Elhyandra, d’Aelinel, de Symphonie, d’OmbreBones, d’Aacazou, du Chroniqueur, de l’ours inculte, de Tachan,

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64 réflexions sur “L’empire du léopard – Emmanuel Chastellière

  1. Ping : Guide de lecture SFFF – Découvrir la (ou progresser en) Gunpowder / Flintlock Fantasy | Le culte d'Apophis

  2. J’ai eu la chance de lire la première version proposée par Emmanuel du roman et j’étais à peu près du même avis que son éditeur. Il y avait un trop grand déséquilibre entre le début et la fin. Et je trouve que développer les personnages comme il l’a fait est une très bonne chose pour l’ambiance du roman. Après je peux comprendre ton avis sur certaines scènes (celle des cheveux mais elle a une importance pour comprendre les relations entre tout le monde).
    Merci pour le lien sur l’interview et le nom de troll des cavernes, je préfère de loin à juste troll 😉

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    • Dans ce cas, si le fait de faire des ajouts était pertinent, ils ont ouvert le robinet un peu trop fort, à mon avis. Je trouve qu’il y a toujours un énorme contraste, pas entre le début et la fin, mais entre les deux moitiés, en gros, la première étant vraiment très lente et plate et la seconde étant parfois frénétique.

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      • Franchement j’ai beaucoup moins eu cette impression dans la version finale. Le début est lent mais cela permet de mettre en place les différents éléments. Le personnage de Kamil par exemple, je trouve vraiment bien qu’il soit plus développé. Après je pense que ça dépend un peu des goûts et je comprends ton avis sur ces points.

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  3. Merci pour ton retour !
    Le roman fait 630 pages remerciements inclus, donc je m’insurge, le premier coup de feu doit arriver à 42% du fichier, pas 44 ! 😉

    En toute honnêteté, j’ai hésité à couper quelques scènes au début et en même temps, je trouve (mais forcément, ça n’engage que moi), qu’elle donne plus de corps à la colonie/péninsule.

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    • Ah oui, c’est sûr, ça donne plus de corps à l’univers. Cela ne m’aurait pas posé de problème si ce roman était le tome introductif d’une trilogie, ou s’il faisait 1200 pages. C’est juste que dans le cadre d’un one-shot de 630 pages, je trouve que ça rallonge un peu trop le bouquin et que ça noie un poil les scènes plus nerveuses. Mais sinon sur le plan du Worldbuilding, tu as fait un travail digne d’éloges, il n’y a aucun doute là-dessus. Et tu sais à quel point je ne distribue pas les bons points facilement ou avec prodigalité 😉

      Bon, sinon, tu vas changer d’avis et nous faire une suite, hein ?

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      • Merci !

        Mes deux premiers livres ont connu/connaissent tout de même pas mal de soucis de visibilité/distribution, donc celui-ci, c’est presque un premier roman, en tout cas, pour le placer chez les libraires. Je comprends aussi qu’un éditeur hésite à « parier » directement sur une trilogie. 🙂
        Une suite, je ne sais pas, revenir à cet univers, j’aimerais bien, c’est certain !

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  4. Une fantasy qui va voir au-delà des sempiternels univers médiévaux européens, il faut évidemment saluer l’initiative ! Le contexte mésoaméricain est très alléchant, c’est à mon avis une source d’inspiration largement sous-exploitée en littérature.
    Ta critique, comme d’habitude, met aussi bien l’accent sur les qualités que sur les défauts, ces derniers n’ayant rien de rédhibitoire… Ce qui aurait le plus tendance à me refroidir, c’est le prix de l’ouvrage : 25 euros, ça me paraît cher, ma limite psychologique devant se situer quelque part aux alentours de 21/22 euros. Mais en y regardant de plus près, je me rends compte que c’est plus ou moins devenu la norme pour ce genre de livres, je pense par exemple aux « gros » Bragelonne.

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    • Eh bien tu vas être content, le mois prochain est consacré à une thématique que je voulais examiner depuis plus d’un an et demi sur le Culte d’Apophis : la SFFF « aztèque » ! 2 ou 3 livres (ce n’est pas encore totalement gravé dans le marbre) en relèveront.

      Pour ma part, j’ai préféré prendre le livre d’Emmanuel en version électronique, pour un peu moins de 15 euros.

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      • En effet, j’attends avec grand intérêt ton « mois aztèque »… Comme tu fais de toute évidence partie des rares Élus sachant ce qu’est un macuahuitl ou pouvant écrire Huitzilopochtli et Tezcatlipoca sans faire d’erreur, on aura forcément droit à un avis éclairé sur la question !

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  5. Très bonne critique !

    Quelque chose me chiffonne : j’ai l’impression que tu as déjà évoqué ce livre, en commentaire…Mais je ne saurais plus dire quand, ni où !
    Nous avions déjà discuté de notre désir partagé de voir la fantasy étendre son horizon temporel vers l’antiquité et le moderne et son horizon géographique vers tous les continents ! Ce devait être à cet instant-là. En tout cas, je vais l’ajouter ce roman, à l’occasion, à ma wish-list pour découvrir d’un seul coup la « fantasy à poudres » et la fantasy hors Europe médiévale.

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  6. Ping : L’Empire du Leopard- Emmanuel Chastellière – Au pays des Cave Trolls

  7. Ce bouquin sera ma première incursion en Gunpowder fantasy (j’ai lu avec intérêt ta partie « Genres »). J’avais déjà eu un bon ressenti à la lecture des deux premiers chapitres; ta critique me donne encore un peu plus envie de découvrir ce style.
    J’ai particulièrement été interpellé, dans le bon sens, par le passage « il y a même un stade à partir duquel le roman bascule dans l’Horreur pure et simple »: j’aime beaucoup l’apparition quasi-inattendue de ce genre de sentiment en cours de lecture.

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    • La Gunpowder / Flintlock est très motivante pour celui qui a des années de Fantasy médiévale classique derrière lui, car elle donne un gros sentiment de fraîcheur, de nouveauté. Et c’est d’autant plus vrai ici, où le cadre méso-américain tranche radicalement avec le tout-venant de la Fantasy d’inspiration européenne.

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  8. Comme toujours une excellente critique que je partage (sans m’amoindrir)…
    Je ne connaissais pas les dessous éditoriaux, mais je comprends mieux le sentiment que j’ai eu de démarrage poussif et de verbiage, parfois…Mais j’ai apprécié la ballade, et tout ce background servira peut-être pour un autre livre…

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    • Merci ! (excellente formule 😀 )

      Même chose pour moi, j’ai apprécié la balade et espère que ce background servira. Au pire, une nouvelle située dans cet univers est tout de même prévue.

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  9. Bon, nos avis vont encore une fois ne pas être très éloignés l’un de l’autre 🙂 Je suis tout à fait d’accord avec toi concernant les défauts (c’est très très long à se mettre en place et la psychologie des personnages est trop mise en avant sans que ça ne soit justifié par l’intrigue) mais aussi les qualités (l’univers, les références…) Je te rejoins aussi concernant Azteca de Gary Jennings qui est effectivement formidable ! Bref, ce n’est pas encore cette fois qu’on sera en désaccord 😉

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  10. Ah tu m’as fait trop rire ! quelle précision, messire ! moi je fais partie de la catégorie de lectrice basique pour laquelle un flingue c’est un flingue ^^
    En tout cas je suis d’accord que le livre aurait sans doute gagné à s’alléger de quelques pages, mais j’ai passé un bon moment, et j’ai trouvé que c’était quand même sacrément bien écrit !

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    • Le problème, que ce soit pour les flingues ou autre chose, c’est que certaines personnes s’y connaissent, et que pour elles, c’est très désagréable de voir certains termes employés un peu n’importe comment (c’est d’ailleurs pour cela qu’une quantité effrayante d’aspirants auteurs de Hard SF perdent rapidement toute crédibilité, par exemple). Ce qui n’est d’ailleurs pas vraiment le cas ici où, comme je le précise dans la critique, par rapport à certains autres bouquins / traductions, la plupart des termes relatifs aux armes à feu sont employés de façon correcte, sauf l’exception très ponctuelle que je relève.

      Après, à chaque auteur de voir quelle attitude il veut adopter : ne pas s’embêter en partant du principe que 99% des gens ne relèveront pas l’erreur, ou bien être pris au sérieux par ceux qui sont en capacité de la relever. Personnellement, je ne demande pas à chaque auteur d’être Greg Egan / Guy Gavriel Kay / Tolkien / Kim Stanley Robinson (en terme de crédibilité / recherches / connaissances / travail préparatoire à l’écriture), mais il y a un minimum vital en-dessous duquel un écrivain perd toute crédibilité à mes yeux et donc n’est plus critiqué sur ce blog. Ce qui n’est évidemment pas le cas d’Emmanuel, dont je critiquerai avec plaisir la future production si elle se place dans des genres / sous-genres qui me plaisent.

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      • Ben ouais, qu’est-ce que tu crois? Je te fais pleins d’infidélités au point d’aller chez un petit lutin facétieux, un troll des cavernes et une déesse celtique! Y’a pas que les dieux égyptiens dans la vie! 😛

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        • Ah non, mais tu as une guerre de retard, là. L’autre jour, avec Boudicca, on a décidé que j’allais rebaptiser mon blog « Le culte de Boudicca » et qu’elle allait prendre un pseudo de déesse égyptienne.

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          • Bon alors, comme promis, je viens remettre mon grain de sel! Pour ma part, les longueurs que tu décris dans le premier tiers du roman ne m’ont pas du tout dérangé (mais, c’est peut-être à cause du fait que je m’y attendais) et au contraire, j’ai aimé ces petits détails distillés dans le texte pour donner plus de corps et m’ont permis de m’immerger dans le récit. En revanche, je suis d’accord avec toi pour la fin stéréotypée qui m’a un peu gâché ma lecture. Sinon, c’est mon dernier coup de coeur de l’année quand même! Je vais écrire mon article bientôt! Bonne soirée!

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  11. Ping : L’ Empire du Léopard – Emmanuel Chastellière | Les Lectures de Xapur

  12. Ping : L’Empire du Léopard – Emmanuel Chastellière – Albédo

  13. Ping : Chroniques des livres éligibles au Prix Planète-SF 2019 : A à K (par titre) – Planète-SF

  14. Ping : Mage de bataille – tome 1 – Peter A. Flannery | Le culte d'Apophis

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