The infernal battalion – Django Wexler

Un peu déçu

infernal_battalion_wexlerThe infernal battalion est le cinquième et ultime tome du cycle The shadow campaigns, une des deux références absolues de la Flintlock Fantasy. Des cinq romans, c’est celui qui s’éloigne le plus de l’Histoire pour aller vers une pure intrigue Fantasy (rappelons que le tome 1 était un équivalent de la Campagne d’Égypte de Napoléon, le 2 de la Révolution, le 3 de la Terreur et le 4 de la Campagne de Russie). C’est peut-être d’ailleurs ce qui m’a manqué : malgré sa note de 4.4 sur Goodreads, malgré le fait que ce soit un bon roman et qu’il offre une conclusion satisfaisante à cette pentalogie, j’en sors un peu déçu et frustré. J’ai été décontenancé par certaines parties, j’ai trouvé que le côté vraiment épique de la chose arrivait très tard, et globalement, j’ai moins été dans l’émotion qui prend aux tripes que pour la fin des Poudremages (l’autre saga de référence dans ce sous-genre), par exemple. Il n’en reste pas moins que, dans son ensemble, The shadow campaigns reste un cycle hautement recommandable, en Flintlock bien sûr, mais plus généralement en Fantasy.

Toute la question est maintenant de savoir ce que l’auteur va proposer ensuite : un nouvel univers, ou un second cycle dans le même, comme l’a fait McClellan par exemple ? Personnellement, j’ai trouvé que la fin de ce tome 5, si elle concluait tous les arcs scénaristiques de la pentalogie, ouvrait deux perspectives très, très intéressantes pour un éventuel spin-off. J’avoue que j’ai hâte de voir ce que Wexler va publier prochainement ! 

Remarque : arrivé au cinquième tome d’un cycle, les spoilers sur les romans précédents sont inévitables. Je vous conseille donc de ne lire ce qui suit qu’avec prudence, surtout si vous n’avez pas fini le tome 4.

Situation

A la fin de The guns of empire, la Bête s’est emparée de Janus, qui, aux yeux du reste du monde, se déclare empereur de Vordan et de Murnsk (avec le soutien de l’héritier officiel) et lance ses troupes vers le premier de ces deux pays. La première surprise, dans ce tome 5, est de constater qu’à l’intérieur de l’espace mental qui constitue le démon (assez fascinant, d’ailleurs), Janus est la seule âme ou quasiment qui a conservé une forme de cohérence et d’autonomie. Il va s’en servir pour négocier avec son « ravisseur », lui offrant de son plein gré ses considérables aptitudes stratégiques et l’aura charismatique de son corps d’origine en échange d’une certaine autonomie. Une autonomie dont il va user afin de jouer un double-jeu avec son « maître » et tenter d’aider ses amis, principalement Winter.

Marcus et Raesinia sont rentrés au Vordan, et lorsque la nouvelle de la déclaration de Janus et de l’avancée de ses troupes leur parvient, ils tentent de mettre en place une contre-offensive. Malheureusement, les députés mettent leur grain de sel, refusant que l’ancien subordonné de Janus mène l’Armée de la République à la bataille contre l’Armée Impériale. C’est donc le Général Kurot, qui était jusque là cantonné à l’arrière, est un joueur d’échecs passionné et un stratège émérite (de salle de classe à l’école militaire), qui est placé à la tête des forces lancées contre l’Empereur auto-proclamé. Et Kurot fait partie de ces officiers supérieurs très craints de leurs subordonnés, car il est trop habile pour son propre bien… et surtout le leur !

Rapidement, Raesinia comprend que les forces de la République seront insuffisantes pour contrer Janus : elle se rend donc dans la capitale de Borel (un pays visiblement modelé sur l’Angleterre), et négocie âprement avec le Roi et surtout les financiers locaux, qui tirent en réalité les ficelles, pour obtenir l’aide de la Marine Royale et des troupes terrestres locales. Mais en échange, on va lui demander une contrepartie… surprenante !

Winter, elle, va devoir traverser Murnsk, en évitant les forces de la Bête, pour rejoindre le Vordan et apporter l’aide de son Infernivore. Elle est accompagnée d’Alex et d’Abraham, croisés dans le tome précédent ou dans les nouvelles associées au cycle. En chemin, elle va faire la connaissance d’une tribu féminine du Trans-Batariai, et recevoir une aide surprenante. Celle d’une personne qui va lui faire une énorme révélation sur son passé…

Intrigue

Alors côté Marcus et sur le volet militaire de l’affaire, je n’ai eu aucun souci, ça s’est révélé être toujours aussi solide. Côté Winter, je suis déjà un peu plus mitigé, les différents tableaux peints (les Haeta, l’avant-poste au bord de la rivière) ne sont pas inintéressants mais pas spécialement passionnants non plus. Mais là où ça a coincé d’une façon significative pour moi, c’est au niveau de Raesinia et de son voyage à Borel : on se retrouve là dans une Fantasy politique et financière / Hard Fantasy qui casse complètement le sentiment d’urgence, de pinacle d’une intrigue qui s’étend sur cinq bouquins, qui aurait du, pour moi, être constant. J’aurais plus vu cette partie dans le tome 4 que dans cet ultime opus, franchement. D’ailleurs, je trouve le découpage en général du livre étrange : je voyais les % défiler sur ma liseuse, et le point culminant de l’intrigue, le combat final contre la Bête, n’était même pas atteint. Sachant qu’il faut tout de même dire un mot sur le destin des personnages après ça, je commençais à être dubitatif, mais finalement Wexler s’en sort plutôt bien, même si je pense que le dosage intrigues politico-économiques / vie personnelle et amoureuse des personnages / action et côté épique est bien plus mal fait dans ce tome 5 qu’il ne l’était dans ses prédécesseurs.

Il y aurait aussi des choses à dire sur la construction : comme à son habitude, Wexler ne consacre la majorité des chapitres qu’au point de vue d’un seul personnage, mais cette fois, il abuse un peu (voire, sur la fin, beaucoup) du cliffhanger, ce qui fait que vous pouvez laisser l’un d’eux suspendu par le bout des doigts au rebord de la falaise pendant des dizaines de pages, suivant pendant ce temps les tourments amoureux, les intrigues politiques ou le montage financier monté par Cora et Raesinia. Alors c’est le but de ce genre de technique, c’est sûr, faire monter la pression chez le lecteur, mais là, j’ai trouvé ça assez lourd, et en tout cas plus mal utilisé que dans les tomes précédents. On pourrait aussi parler des, non pas Deus ex machina, mais de la façon dont tout se goupille un peu trop bien pour les personnages à plusieurs reprises.

D’ailleurs, j’ai eu une impression persistante : celle d’un tome peut-être pas bâclé, le mot est clairement trop fort, mais auquel l’auteur n’a pas forcément accordé autant de soin qu’à ses prédécesseurs (question de délais ? De lassitude ? Incapacité à finir correctement ce qui avait été si bien commencé ?). Et ça ne se manifeste pas seulement sur le fond, mais aussi sur la forme : c’est la première fois dans le cycle que je vois autant de soucis de relecture, comme par exemple avec Cyte qui passe à plusieurs reprises de Capitaine à Colonel ou inversement (au passage, ce personnage prend une belle importance dans ce tome, d’ailleurs).

Sur le fond, je n’ai vraiment pas apprécié la disparition d’Orlanko hors-écran (en mode tell et pas show), en deux lignes lapidaires, pour un antagoniste de cette importance  dans les tomes précédents j’ai trouvé ça vraiment abusif (ou alors l’auteur prévoit d’écrire une nouvelle / novella à ce sujet ? C’est tout à fait possible). Ce n’est d’ailleurs pas le seul élément qui m’a mis mal à l’aise : il y a certaines incohérences, chose à laquelle nous ne sommes pas du tout habitués avec Wexler. Pourquoi, par exemple, Alex est-elle laissée en arrière lors de la bataille pour les bateaux, alors qu’Abraham, qui n’a aucun talent offensif, est en première ligne avec Winter ?

Autre point qui m’a dérangé : la prévisibilité de nombre de points, notamment sur la soi-disant grosse révélation à propos d’un des personnages. C’est tellement téléphoné que personnellement, j’avais deviné… depuis le tome 4 ! La fin, également, n’apporte aucune surprise ou quasiment (et pourtant, il y aurait eu matière à en générer, je pense), l’émotion n’est qu’en demi-teinte (on est loin du sort de Tamas, par exemple, chez McClellan), et globalement, ça finit un peu trop bien à mon goût. Je ne dis pas que cette fin est mauvaise, juste qu’elle aurait pu être meilleure, à mon avis. Et je crois que c’est ce qui m’a posé problème dans ce tome 5 : on ne peut vraiment pas dire qu’il est mauvais, mais de là à mériter un 4.4 sur Goodreads… Je pense qu’avec le tome 1, il restera comme celui que j’ai le moins aimé,  le qualifiant de juste bon plutôt que de chef-d’oeuvre comme peuvent l’être le 2, le 3 ou le 4. Il y a de bons, voire très bons moments, pourtant : l’aspect « le frère combattra le frère » qui oppose Janus et Marcus et les Vordanai en général contre leurs propres compatriotes, toutes les descriptions du paysage mental de la Bête, l’épilogue, et surtout ces scènes à grand spectacle ou très forte tension dramatique, comme celle de l’appel à la résistance, celle où la reine brandit l’étendard, la confrontation Winter / Marcus, voire même les révélations sur Janus et Mya à Mieranhal.

Enfin, certaines questions restent sans réponse : qui est exactement le Fantôme d’acier ? En quoi le sort de Mya était-il lié à Elysium ? Rien de majeur, mais c’est le genre de petit détail qui m’agace un peu, personnellement. Ou alors les réponses sont gardées pour un second cycle, comme chez McClellan ?

En conclusion

Ce tome 5, qui conclut The shadow campaigns, sans être mauvais, a été une petite déception pour moi, la faute à une construction étrange à ce stade du cycle, une trop grande prévisibilité, un petit manque de tranchant ou d’émotion (sauf à certaines -grandioses- exceptions), et à un abus des cliffhangers, voire de quasi-Deus ex machina tant tout se goupille fort à propos pour les personnages en maintes occasions. Je n’irais pas jusqu’à dire que cet ultime opus est bâclé, mais je crois sincèrement qu’il aurait pu être bien meilleur, et je pense que je le placerais sur la plus basse marche du podium, en-dessous même du tome 1 qui était, jusque là, celui que j’appréciais le moins. En tout cas, de mon point de vue, on est loin de l’excellence des tomes 2-4. Quoi qu’il en soit, aussi bien ce roman que, surtout, l’ensemble du cycle, restent hautement recommandables, et constituent une des deux références incontournables en Fantasy à mousquets (avec les Poudremages).

Niveau d’anglais : plutôt facile.

Probabilité de traduction : *éclate en sanglots*.

Pour aller plus loin

Ce roman est le cinquième et dernier tome d’un cycle : retrouvez sur Le culte d’Apophis les critiques du tome 1 (VF), du tome 2, du tome 3 et du tome 4 (VO dans les trois cas).

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9 réflexions sur “The infernal battalion – Django Wexler

  1. *te tend un paquet de mouchoirs jetables, taille XXL et pleure avec toi*
    Le seul truc qui fait que je n’ai pas encore acheté cette pentalogie c’est qu’ensemble cela représente encore un petit prix. J’attends de voir si je tombe sur une promo comme ils en font souvent nos amis anglo-saxons. Même si ton avis est mitigé sur ce dernier tome, les précédents sont trop alléchants!!
    Merci Apo!

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