The A(pophis)-Files – épisode 4 : Extraterrestres « à deux balles » vs Aliens « c’est de la balle »

afiles_3Dans ce quatrième épisode de la série des A-Files (des articles de fond consacrés aux grandes thématiques et éléments emblématiques de la SFFF) nous allons reparler d’un sujet déjà abordé plusieurs fois sur ce blog, que ce soit dans cet article ou même dans cette critique, à savoir les races extraterrestres. Cette fois, nous n’allons pas nous intéresser à leur comportement ou à leur place dans l’univers d’un roman, mais à ce qui les définit, et surtout à ce qui différencie une espèce réussie d’une autre ratée. Et comme nous le verrons, établir la distinction entre les deux est loin d’être chose aisée, certains critères étant à double-tranchant. Par exemple, une apparence quasi-humaine ne signe pas automatiquement un auteur je-m’en-foutiste, et à l’inverse, une forme de vie hautement « exotique » peut plus provoquer l’hilarité ou la moquerie que l’admiration.

Vous pouvez retrouver les anciens épisodes de cette série d’articles de fond via cette page ou ce tag

De la difficulté de distinguer le bon grain de l’ivraie

Comme ça, sans trop y réfléchir, établir une échelle allant de l’extraterrestre à deux balles à celui très réussi paraît facile. Avant de vraiment me racler la soupière pour rédiger cet article, je voyais ça grossièrement de cette façon :

  • Très mauvais : peluche (Star Wars), animal anthropomorphisé (V), bug-eyed monster (aliens des pulps, d’apparence grotesque, lubriques et assoiffés de sang et de destruction parce que… eh ben on ne sait pas pourquoi, en fait), pas de culture, de psychologie, de physiologie originales, etc, physionomie discordante par rapport à l’environnement d’origine de la créature (Star Wars, encore…).
  • Mauvais : animal anthropomorphisé mais avec une culture / psychologie / physiologie / technologie originale, quasi-humain (seule différence : oreilles pointues, etc), toute race lourdement modelée sur UNE culture terrienne existante.
  • Passable : quasi-humain mais avec des particularités culturelles (originales ou modelées sur un mélange de PLUSIEURS cultures humaines), psychologiques, physiologiques, etc, toute race non-anthopomorphisée / humanoïde.
  • Bon : race non-humanoïde avec une particularité autre que sa physionomie (psychologiques, technologiques, physiologiques, etc).
  • Très bon : toute race présentant plusieurs desdites particularités, en particulier toute espèce à structure non-eau / carbone.
  • Excellent : toute race constituée de matériaux exotiques (plasma, matière non-baryonique, champs de force, replis de l’espace, etc), à condition qu’il y ait une explication crédible derrière leur existence.

Ça paraît tenir la route, pas vrai ? Sauf que, comme nous le verrons, cette classification est trompeuse, et qu’on peut trouver tellement d’exceptions à ces « règles » qu’elles n’en sont justement pas ! Mais avant ça, tachons de définir un peu mieux certaines notions.

La peluche

Pour moi, les races « en peluche », comme je les appelle, sont le degré zéro de la construction d’une espèce extraterrestre. Qu’elle soit conçue pour être mignonne (Ewoks) ou intimidante (Wookiees), la peluche se réduit à son apparence, ne propose pratiquement rien d’autre d’attractif, comme une culture inédite, une technologie exotique, des particularités physiologiques, etc. Et si c’est le cas, c’est parfois à peine plus intéressant, comme avec les Tribules de Star trek.

Le comble de la nullité est atteint, pour moi, lorsque en plus, la physionomie de la créature n’est pas en accord avec les caractéristiques de son environnement d’origine. Un exemple : les Ewoks sont issus de la lune forestière d’Endor, un endroit où la gravité est plus faible que sur Terre. Logiquement, la race qui en est originaire devrait donc être élancée, plus grande que la norme humaine, et pas des nabots d’un mètre de haut (et encore, montés sur talons-aiguille, voire sur échasses…). La taille des Ewoks aurait été logique dans un environnement à forte gravité, pas basse…

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The furrrrce is strong in this one…

L’animal anthropomorphisé

Vous voulez créer à peu de frais l’apparence de votre extraterrestre ? Facile, vous prenez un type d’animal (félins, insectes, oiseaux, poissons, etc), vous le transformez en bipède avec des mains à pouces opposables, et boum, le tour est joué. Vous vous retrouvez avec les Kzinti de Larry Niven (modelés sur les chats), les extraterrestres de V (des lézards bipèdes), N’grath de Babylon 5 (une mante religieuse géante), et j’en passe. Si vous voulez vous décarcasser un peu plus (mais à peine), vous faites dudit N’grath un être qui ne respire pas de l’oxygène, ça ne coûte pas grand-chose mais rend votre création tout de suite plus intéressante.

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L’alien des Pulps

L’extraterrestre « des Pulps » (périodiques de SFF imprimés sur du papier bon marché -d’où le nom-) ou des nanars de série B (ou pire) cinématographiques se caractérise souvent par ses yeux énormes et / ou à facettes (ou pédonculés, multiples, etc), sa couleur improbable (vert, etc), son agressivité sans raison, son appétence pour les blondes à forte poitrine, voire, dans les cas les plus extrêmes, par une apparence qui paraît tout droit sortie d’un cauchemar Lovecraftien (mélange d’insecte, de poulpe, etc). Inutile de dire qu’il ne faut pas chercher plus loin que sa morphologie, les auteurs ne s’embarrassant guère de détails culturels, physiologiques et encore moins psychologiques ! Bref, là aussi, c’est au degré zéro (ou quasiment) de la création d’une espèce alien auquel nous avons affaire : celui des pulps est fait pour créer la peur et / ou le dégoût (ou parfois l’hilarité, comme dans Mars Attacks !), point. Il est d’ailleurs souvent une allégorie de l’ennemi du moment, qu’il soit communiste ou autre (d’où, d’ailleurs, le fait qu’il soit souvent insectoïde, avec une société collectiviste à l’avenant).

Le quasi-humain

Le quasi-humain ne diffère, sur le plan de l’apparence extérieure, que par un petit détail : oreilles pointues (et coupe au bol, cf les Vulcains), crêtes osseuses sur le visage (Klingons, Minbari de Babylon 5), coiffure à la con (Centauri de B5, Shi’ar chez Marvel), nez différent et boucle d’oreilles pour les hommes et les femmes (Bajorans de Star Trek : Deep Space Nine), etc. Alors attention, cela ne veut pas dire qu’à partir de cette très forte ressemblance extérieure, l’auteur ne fait pas diverger parfois radicalement certaines espèces, que ce soit sur le plan physiologique ou sur celui de particularités anatomiques cachées sous les vêtements (les vulcains ont le sang vert, les Centauri mâles six sexes ressemblant à des tentacules), le plan culturel, etc.

S’il y a souvent une explication du type « les Anciens ont ensemencé la galaxie avec leur ADN, ce qui explique qu’un grand nombre de races (y compris les humains) leur / se ressemblent », il faut avouer que tout cela n’est pas franchement crédible. Même si les dernières découvertes en matière de planètes extrasolaires et de faculté de la vie de se développer dans les endroits les plus improbables qui soient, y compris en utilisant des voies métaboliques alternatives, laissent à penser que le nombre d’espèces non-humaines dans notre galaxie est potentiellement énorme, il est peu probable qu’un univers de SF comptant seulement une demi-douzaine de races majeures se compose uniquement d’humanoïdes !

Si les quasi-humains sont excusables dans une série, voire un film, en raison des contraintes posées par le maquillage et les prothèses, en revanche ils sont pour moi une faute de goût certaine dans un roman, où, par définition, le budget effets spéciaux est illimité. Sauf, à la rigueur, dans un contexte proposant tellement de races qu’un quasi-humain ou deux ne pose pas de problème (chez David Brin, par exemple).

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Le reflet

J’appelle « reflet » une race qui peut avoir n’importe quelle apparence mais qui, en fait, est très, très lourdement modelée sur une culture terrienne existante (ou parfois un mélange de 2-3 d’entre elles). Par exemple, les indigènes d’Avatar ne sont qu’une allégorie des trois mètres de haut et à la peau bleue de ceux d’Amazonie, dont le mode de vie est menacé par la rapacité des grandes compagnies industrielles. Idem pour les hommes-poissons d’Aquablue, modelés sur les Polynésiens.

Personnellement, ne pas introduire au moins une divergence par rapport à un modèle aussi net est une preuve soit de je-m’en-foutisme, soit d’incompétence de l’auteur, et, en général, ne me passionne guère. Il faut vraiment s’appeler Silverberg ou Le Guin pour parvenir à tirer quelque chose de ce genre d’allégorie.

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La race non-anthropomorphisée / non-humanoïde

Un auteur qui est capable de résister à la tentation de la transformation d’une bestiole existant sur Terre ou au fait de faire de sa race un banal humanoïde est déjà, pour moi, intéressant. Et il l’est encore plus s’il extrapole, à partir de l’apparence de sa créature, une technologie et une culture originales, surtout si elles sont solides et crédibles. Un très bon exemple est constitué par les Primiens de Peter F. Hamilton, créatures plus ou moins végétales ne ressemblant à rien de connu, possédant un historique complet, une technologie qui s’est développée en lien logique avec leur physiologie et leurs particularités psychologiques, etc. Et on peut également citer, évidemment, les extraterrestres de Vision aveugle de Peter Watts, radicalement différents de l’humain sur le plan de leur mode de pensée (intelligence sans conscience), de leur morphologie, leur physiologie et leur comportement, ainsi que ceux de La paille dans l’œil de dieu de Larry Niven et Jerry Pournelle, où tout, du cycle de vie à l’apparence en passant par le mode de vie, est différent de la norme humaine, ou encore les formidables Affronteurs du non moins génial Excession de Iain Banks.

Evidemment, créer une telle espèce demande beaucoup plus d’efforts, ne serait-ce que pour proposer quelque chose qui sera à la fois crédible, intéressant et, surtout, pas risible.

La structure non-eau / carbone

Il y aurait un article entier à écrire sur les biologies alternatives à la structure basée sur le carbone (et l’hydrogène, l’oxygène et l’azote), utilisant l’eau comme solvant intra-/extra-cellulaire et l’oxygène comme gaz respiratoire. Sachant que vous pouvez, même en respectant les lois de la physique / chimie / biologie connues, jouer sur un, deux, voire sur les trois facteurs à la fois, en remplaçant par exemple, le carbone par le silicium ou le germanium, l’eau par l’ammoniaque, l’acide sulfurique ou des hydrocarbures, ou encore l’oxygène par l’hydrogène.

Inutile de dire que pour avoir un extraterrestre crédible et détaillé à partir de ces hypothèses là (et pas juste un « ce jupitérien octopode respirait de l’hydrogène », sans autre explication), vous avez intérêt à avoir un très, très solide auteur. Cependant, on touche là quasiment au summum du sense of wonder que peut nous offrir la SF sur le plan des espèces autres.

La race « exotique » / vivant dans un environnement extrême

Oui, presque au summum. Qui est en réalité atteint par les espèces soit qui vivent dans un environnement extrême (et on ne vous parle pas du fond d’une fosse océanique, là, mais de l’espace profond, la couronne d’un soleil, la surface d’une étoile à neutrons, etc), soit qui ont une « biologie », si on peut appeler ça comme cela, elle-même radicalement hors-normes. Voire même les deux à la fois.

Pour moi, le top du top a été atteint, à ce niveau, avec les Xeelees de Stephen Baxter, des êtres plus radicalement différents que pratiquement tout ce que vous pourriez par ailleurs citer en SF, formés à la fois de « défauts » ou de replis de l’espace et de matière hautement exotique, vestige d’époques passées de la longue histoire de notre univers et de la vie, bien plus ancienne et diverse que quiconque aurait pu l’imaginer. Mais d’autres auteurs, comme Greg Egan, Robert Forward, Peter Watts, Peter Hamilton, Alastair Reynolds ou David Brin, ont fait presque aussi bien, parfois.

Alors attention, hein, n’importe qui ou quasiment peut nous sortir un nuage de gaz pensant ou un être d’énergie postphysique, mais la clef est de donner une explication, premier point, et qui plus est crédible, deuxième point, à son existence !

Pour terminer, un petit mot sur les extraterrestres qui n’ont « pas de forme », qu’il s’agisse de parasites ou d’entités mentales possédant les corps d’autres espèces, ou encore de métamorphes pouvant adopter l’apparence de n’importe quelle espèce (voire objet) : c’est leur comportement et leur psychologie qui les définit parfois entièrement, ce qui constitue un challenge puisque l’auteur n’a pas la « béquille » d’une apparence propre et originale sur laquelle s’appuyer. De plus, dans le cas particulier des métamorphes, il lui faut trouver une explication pour justifier cette capacité pour le moins radicale. Certains s’en dispensent complètement (la race / le personnage peut changer de forme, point), tandis que d’autres trouvent une explication biologique ou technologique au phénomène. Remarquez en passant que des derniers romans de Peter Hamilton à Une forme de guerre chez Iain M. Banks, le métamorphe a été plutôt à la mode ces trente dernières années en New Space Opera.

Une règle qui marche… souvent… euh parfois

Cette classification fonctionne… le plus souvent. Sauf que je suis capable de vous trouver au minimum une exception à chacune de ces règles. Quelques exemples :

– Les Narns de Babylon 5 sont à la fois des lézards anthropomorphisés ET une allégorie des juifs, persécutés par ces pseudo-romains que sont les Centauris. Selon ma classification, ils devraient donc plutôt être une mauvaise race (et c’est valable pour les Centauris, et même pour les Minbaris, qui mélangent japonais et système de caste Hindou en mode quasi-humain). De même, les Ombres sont des araignées géantes, point. Cependant, les races de B5 sont pratiquement toutes excellentes, grâce à la fois au talent du créateur de l’univers (J. Michael Straczynski), au temps pris, dans la série, pour les développer, et, pour certaines, au  talent tout simplement immense de leurs interprètes (particulièrement le regretté Andreas Katsulas, qui délivre certains passages d’une force proprement extraordinaire dans le rôle de G’Kar).

– Les arachnoïdes et leur contexte de guerre froide de Au tréfonds du ciel de Vernor Vinge peuvent eux aussi paraître basiques / stéréotypés, sauf que cette civilisation est décrite de façon magistrale et se révèle hautement intéressante. Même chose pour ceux d’Adrian Tchaikovsky.

– Les Aprahantis de Vernor Vinge (encore !) paraissent relever du stéréotype « peluche » (ils ressemblent à de petits bonshommes recouverts d’une douce fourrure brune, avec de grands yeux innocents et des ailes de papillon), jusqu’à ce qu’on découvre que tout au contraire, ils aiment les bottes en cuir, les gros vaisseaux pleins de missiles, et parler très fort et très agressivement sur les réseaux sociaux galactiques !

– Certes, beaucoup d’extraterrestres aviaires (des Gubrus de David Brin aux Amarantins d’Alastair Reynolds) peuvent paraître relever du « je ne me décarcasse pas », mais après, tout dépend de ce que l’auteur en fait, et de l’épaisseur qu’il donne à ces espèces, notamment sur le plan psychologique ou culturel. Idem pour les pseudos-chiens de Banks dans Le sens du vent.

– Les créatures imaginées par ce même Banks dans L’Algébriste sont peut-être radicalement différentes (taille, milieu de vie, etc), mais elles n’en sont pas pour autant totalement réussies (ce qui, avec cet auteur, est suffisamment rare pour être souligné ; malgré tout, en matière de joviens, elles constituent pour moi la meilleure référence disponible). Et je ne parle même pas des races « élémentales » de la Saga des sept soleils de Kevin J. Anderson, qui sont pour la plupart franchement exotiques mais ne tiennent pas vraiment la route, voire pour certaines pas du tout.

– Les Vulcains ou les Klingons ne sont peut-être pas follement originaux sur le papier (surtout si on considère que les premiers sont l’équivalent des elfes d’un univers de Fantasy et les seconds d’orcs ou de nains -et que les Romuliens sont les elfes noirs-), mais cela n’empêche pas des millions de gens de les aduler, et ce depuis un demi-siècle.

– Sur le simple plan de l’apparence ou de la probabilité de leur existence, les Tapis de Wang d’Egan ou les Vorlons de Babylon 5 prêtent plus, respectivement, à être dubitatif pour les premiers et hilare pour les seconds, qu’à une admiration évidente, immédiate et inconditionnelle. Et pourtant… les premiers font partie des espèces les plus fascinantes jamais croisées en SF, et les seconds ont fortement marqué des millions de fans de la série. Comme quoi, un acteur peut se balader dans un costume absolument ridicule et peu crédible, et pourtant incarner une espèce alien au formidable sense of wonder.

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Bref, la seule règle à retenir est qu’il n’y en a pas vraiment : un bon auteur peut faire d’une race stéréotypée sur un ou plusieurs plans quelque chose de très intéressant, tandis qu’un mauvais écrivain (ou un bon mais pas inspiré sur ce coup là) peut essayer de donner dans l’original et l’exotique en accouchant de quelque chose de pas crédible, voire de risible. Même si j’aurais fortement tendance à dire que plus la création est complexe et solide sur le plan scientifique, culturel, psychologique, etc, moins il y a de chances qu’elle soit mauvaise.

 

 

40 réflexions sur “The A(pophis)-Files – épisode 4 : Extraterrestres « à deux balles » vs Aliens « c’est de la balle »

  1. Pour la classification globale des aliens je suis d’accord – même si j’aime les wookies. Et comme tu le soulignes, il y a une palanquée d’exceptions. Poul Anderson se débrouille bien pour te faire mentir! Je veins d’ailleurs de terminer L’homme des jeux, et les azadiens sont très réussis, même si l’allégorie est transparente.

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    • Oui, les Azadiens sont très réussis, à la fois parce que Banks leur donne une particularité biologique (les 3 sexes, et particulièrement les apicaux), mais aussi une forte particularité sociale (la promotion par le biais du jeu).

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  2. Ta remarque sur la taille des ewoks me parait fausse. A priori c’est pas obligé d’être élancé sur une planète à plus faible gravité. Qu’une colonie humaine ait ce genre de caractéristiques modifiées par la pesanteur est logique vu que c’est la même espèce qui grandit dans des milieux différents, mais si c’est une autre espèce tout peut exister.

    Sinon sur terre tous les animaux auraient la même taille…

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    • Par ailleurs, on pourrait faire remarquer que les ewoks vivent en milieu forestier et qu’en milieu forestier, sur Terre, il n’existe pas d’espèce de grande taille, à l’exception des gorilles. Les grands organismes ne se développent en général que dans les plaines ouvertes, ou les océans. Et les espèces de plaine qui s’adaptent à un milieu forestier ont tendance à rapetisser. Il y a beaucoup d’autres facteurs biotiques et abiotiques qui entrent en compte dans la taille des espèces. La gravité terrestre n’a pas changé depuis l’époques des grands dinosaures. Donc en effet la conclusion d’Apophis me semble un peu hâtive.

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      • Ce n’est pas à toi, Renaud, que je vais apprendre qu’en SF, le fait que les planètes à basse gravité donnent naissance à des espèces élancées est une quasi-convention, si ? (mais en même temps, vu que SW n’est pas de la SF…). D’autre part, où est la logique d’avoir des arbres géants d’un côté, et des nabots de l’autre ? De plus, les wookiees sont issus du même type d’environnement forestier que les Ewoks, et eux font deux mètres de haut. Enfin, tout prendra peut-être plus de sens lorsque vous saurez qu’à l’origine, la lune forestière d’Endor avait été créée pour servir de planète mère… aux Wookiees. D’où les arbres géants et la taille des bestiaux, qui prend tout de suite plus de sens. Sauf que la maîtrise de la technologie des Wookiees (pilotage de vaisseaux, etc) ne paraissait pas compatible avec (la lune d’) Endor dans l’esprit de Lucas, au final, ce qui l’a donc poussé à créer les Ewoks pour peupler ce monde.

        De plus, il n’existe pas ACTUELLEMENT d’espèce de grande taille en milieu forestier. Au secondaire ou au tertiaire, j’en suis beaucoup moins sûr. Voire même à l’ère de la mégafaune (et à l’échelle géologique, c’était hier). Rien que les paresseux géants faisaient 6m de long.

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        • Oui, oui, je sais bien que c’est une quasi-convention, mais cela ne me semble pas être justifié biologiquement pour autant. C’est un peu de la fainéantise encore une fois. Une grande espèce sous gravité faible revient mécaniquement au même qu’avoir une petite espèce sous gravité forte. Aucun intérêt, on tourne en rond. On pourrait imaginer au contraire tous les avantages qu’il y aurait à être petit et léger sous faible gravité. L’éclate totale ! En ce qui concerne les arbres géants, on en a quelques uns sur la planète, et ils n’accueillent pas une faune géante, mais au contraire des espèces lilliputiennes qui se répartissent les étages. Mais bon, discuter biologie dans starwars, c’est un peu comme discuter haute gastronomie en Norvège.

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            • Mais quelle drôle d’idée ! En Norvège, j’ai vu la mer se figer d’effroi sous un ciel drapé d’immondes lueurs vertes, se mouvant lentement comme les membres monstrueux d’une horreur surgie d’étranges éons…R’lyeh wgah’nagl fhtagn. Et ça, ça fout vraiment les jetons ! (Ou bien c’est le hareng fermenté que je n’ai pas supporté.)

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    • On a eu des animaux de toutes les tailles sur Terre, y compris des mammifères géants il y a 20000 ans et plus, apparemment tous disparus à cause d’un super prédateur bipède ridiculement petit en comparaison.

      La Terre a aussi connu, semble-t-il, des insectes géants, mais c’était plus lié à la teneur en oxygène de l’atmosphère qu’à la force de pesanteur.

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      • Je confirme pour les insectes géants, ils ont en effet existé il y a 300-350 millions d’années justement en raison de la teneur élevée en oxygène de l’atmosphère. S’ils ne sont pas aussi gros aujourd’hui, c’est que l’efficacité de leur système respiratoire (très différent du nôtre, que ce soit au niveau de l’anatomie ou de la protéine transportant l’oxygène, qui n’est pas de l’hémoglobine mais de l’hémocyanine) diminue avec leur taille.

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      • Le canon de Star Wars ne s’arrête pas aux films… D’après Holocron, la BDD interne à Lucasfilms de l’univers SW, la lune fait 4900 Km de diamètre. Il est donc extrêmement improbable que sa gravité soit égale ou supérieure à 1 G (cela nécessiterait une densité totalement hors-norme, et qu’en gros, elle soit faite presque exclusivement de métal -un peu comme Mercure-). Dès lors, c’est, de façon extrêmement probable, un environnement à faible gravité.

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        • Pour avoir exploré l’univers étendu de Star Wars dans tous les sens et pendant de longues années, j’aurais tendance à dire que la seule chose véritablement canon, ce sont les films. Le reste est quand même bourré de contradictions, d’incohérences, etc. 🙂

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  3. Humour et référence, le duo parfait. De quoi savourer un moment de légèreté et de trouver quelques références.
    Et tout ça pour finir par une conclusion renversante !
    Comme Dionysos, j’ai hâte de voir ce qu’il en est des races artificielles.

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  4. Très bon article. Je me rends compte que mes connaissances et références sur les ET sont très réduites. A vrai dire je suis tombée plusieurs fois sur des oeuvres qui les exploitaient n’importe comment, entre autres en deus ex machina, ce qui m’éneeeeerve à un point pas possible : la version pseudo-SF de la fameuse règle TGCM, quoi, et je n’ai pas vu ni lu beaucoup de choses mettant des races extérieures très en valeur.
    « S’il y a souvent une explication du type « les Anciens ont ensemencé la galaxie avec leur ADN, ce qui explique qu’un grand nombre de races (y compris les humains) leur / se ressemblent », il faut avouer que tout cela n’est pas franchement crédible. » Tu veux dire que cette hypothèse ne te parait pas suffisamment scientifique ? 😮

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    • En effet. Les dernières recherches montrent que rien qu’avec les planètes de type terrestre, il y aurait des dizaines de milliards de terres potentielles dans notre seule galaxie. L’idée qu’une espèce pourrait accéder à l’intelligence, développer une technologie hyperspatiale, voyager dans un volume significatif de la galaxie, l’ensemencer avec son ADN et faire tout ça sans jamais ou presque rencontrer d’autres types de formes de vie qui viendraient concurrencer les espèces-humanoïdes filles me paraît plus qu’improbable. Je pense qu’il est bien plus logique de penser qu’au contraire, il doit y avoir des tas, des tas et des tas d’espèces très différentes sur le plan morphologique ou physiologique, et que seul l’énorme nombre d’espèces potentielles et le fait que la vie ait tendance à adopter les mêmes solutions par rapport aux mêmes contraintes environnementales (d’où le développement en parallèle du vol chez les oiseaux, les mammifères et les insectes, par exemple) fait qu’au sein des milliards d’espèces étrangères, il y aura forcément quelques races d’humanoïdes se ressemblant beaucoup. Mais ça relèvera plus de la statistique que d’une action délibérée. Et puis de toute façon, si une race essayait de remplir l’univers de copies ou de dérivés d’elle-même, je pense que les autres se coaliseraient très vite pour y mettre le holà.

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  5. En fait, en relisant les catégories que tu définis comme plus ou moins réussies, je me dis que tous ces extra-terrestres ne font que servir des buts différents et leur design est avant tout politique. Les tapis de Wang sont un pur produit de hard-SF. Rorschach représente la dichotomie intelligence/conscience. Alien incarne la peur viscérale. Les insectes anthropomorphisés sont des communistes et les klingons des nazis (si tu me permets le raccourci). Les peluches de star wars ne sont que des produits dérivés (voire le déferlement à venir de porgs sous les sapins de Noel) et en tant que tels sont très réussies. Du coup, en parallèle à la question du comment, il faut poser celle du pourquoi. L’extra-terrestre de SF n’est souvent qu’un proxy. Peu d’auteurs finalement font de l’exobiologie pour la beauté de l’art. David Brin en serait un bon exemple peut-être.

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    • Je pense que tu simplifies un poil. Certes, Alien incarne la peur viscérale du fait de sa morphologie, pourtant son créateur est allé très loin dans la mise au point de ses particularités biologiques, de son sang acide à son cycle de vie en passant par sa carapace en « silicone polarisé ». De même, qu’une peluche soit conçue pour en faire vendre de vraies, de peluches, n’empêche pas forcément qu’il y ait du contenu derrière. Cf, par exemple, les Dards de Vinge, avec leur conscience « collective » (même si c’est plus compliqué que ça) et toutes les particularités de leur société. Pourtant, à la base, ce sont des chiens (au très long cou) tout kawaii.

      Oui, David Brin, ou Robert Forward, ou Peter Hamilton (dont les espèces alien, des Ly-Cilphes aux Primiens, sont toujours très soignées), ou l’être de l’île de Peter Watts, ou les Cavaliers des Skrodes de Vinge (encore…), ou… Certes, les auteurs qui font de la vraie exobiologie qui tient la route sont minoritaires, mais il y en a plus qu’on ne le croit généralement.

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      • Oui, bien sûr, je simplifiais à la hache, mais moi, simple commentateur de ton blog, j’ai le droit ! Ha ! A propos des Dards de Vinge, il faut aussi dire la manière dont ils sont présentés au lecteur. C’est remarquablement bien écrit. Plutôt qu’avoir un narrateur omniscient livrant des pages de descriptions encyclopédiques, Vinge offre une immersion totale et laisse le lecteur comprendre petit à petit dans la tête de qui il se trouve. Pour le coup, c’est une façon de présenter une espèce extraterrestre que j’avais trouvée admirable et très efficace. L’empathie fonctionne à fond. Je sentais le chien mouillé à la lecture du début du livre. Et l’empathie du lecteur est un problème quand il s’agit d’extra-terrestres. Je soupçonne que beaucoup d’auteurs choisissent la voie de la facilité à travers des espèce humanoïdes justement pour cette raison.

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  6. Les astrobiologistes qui travaillent sur la plausibilité des espèces extraterrestres considèrent le principe de convergence. Un espèce sapiente doit donc avoir des membres préhensiles. J’ai du mal par exemple avec l’entité composée d’une sorte d’essaim dans Persistence de Karl Schroeder. Par contre les multiples espèces de Star Wars paraissent peut être classiques, anthropomorphes, ou humanoïdes mais respectent ce principe de convergence.
    Pour moi un bon alien doit respecter ce principe. J’ai du mal à croire aux amibes géantes ou à des être dépourvu de membres préhensiles qui créent des civilisation hautement technologiques comme la hard science en produit souvent ( et puis des physiciens et des mathématiciens qui s’occupent de biologie et qui veulent montrer qu’ils maîtrisent ça m’agace. Il y a beaucoup de choses qui m’agacent dans la hard science d’ailleurs.).

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    • Certaines des espèces les plus intelligentes de la biosphère terrestre n’ont pas de membres préhensiles, comme les dauphins par exemple. J’ai l’impression qu’on mélange un peu intelligence-conscience et civilisation technologique (ce que ne fait pas l’équation de Drake, par exemple). D’ailleurs, mon article n’est absolument pas restreint aux civilisations technologiques. Enfin, les auteurs les plus doués de la SF ont envoyé l’anthorpomorphisme à la poubelle, et cela ne les a pas empêché d’accoucher de ces chefs-d’oeuvre que sont les Xeelees (de Stephen Baxter) ou les Cheela (de Robert Forward). Qui, il est vrai, relèvent tous deux de la Hard-SF.

      Par ailleurs, le principe de convergence signifie que les mêmes problèmes / contraintes environnementales aboutissent aux mêmes solutions (d’où le développement parallèle du vol / des ailes chez les insectes, les oiseaux, les dinosaures et les mammifères). De là à dire, en se basant sur notre seul exemple, qu’une espèce intelligente DOIT avoir des membres préhensiles, il y a un énorme pas, qui ne relève pas, pour moi, de la science, qui se base sur des faits et pas des prédictions sans réel fondement. Ce n’est pas parce que la seule espèce intelligente-consciente que nous connaissons (nous, les humains) en a que toute espèce sapiente DOIT en avoir. C’est peut être une condition suffisante, mais pas nécessaire. Sans compter que cela relève d’un anthropocentrisme primaire. Une amibe géante capable de former des pseudopodes de toute taille à volonté serait un bien meilleur technicien, chirurgien ou soldat qu’un humanoïde.

      Enfin, des auteurs comme Egan sont aussi à l’aise avec la biologie qu’avec la physique. J’ai pu en juger dans ses nouvelles ou dans Téranésie, possédant moi-même un doctorat scientifique et ayant des connaissances en génétique, biologie cellulaire ou moléculaire.

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    • On utilise plutôt le terme d’exobiologie en France. Astrobiologie est emprunté à l’anglais. L’exobiologie est une activité pratiquée par peu de biologistes en fait. Ce sont surtout des physiciens et des chimistes. Et ceux que je fréquente n’en sont pas à considérer le principe de convergence mais plutôt la chimie prébiotique et dans le meilleur des cas l’intimité des bactéries. On est loin des membres préhensibles. Une conférence d’exobiologie ne ressemble que très peu à une convention de fans de Star Wars. Personnellement, que des mathématiciens (comme Egan par exemple) ou des physiciens (comme Baxter par exemple) s’occupent de biologie ne me dérange pas. Mais il est intéressant d’aller voir ce qu’écrivent les biologistes qui se lancent dans la SF. Prenons Peter Watts, par exemple. Lui imagine des ET sans membres préhensiles, et bien éloignés de la biologie terrestre. Il a l’air de s’en tamponner pas mal du principe de convergence, qui par ailleurs n’a de pertinence que de manière très locale. Par exemple, en convergence évolutive on cite souvent le cas des yeux et de la rétine chez les vertébrés et les céphalopodes. Mais savez pourquoi notre rétine est sensible à la lumière dite « visible » entre 400 et 800 nm ? Parce qu’il se trouve que c’est là que le spectre d’émission du Soleil est le plus intense. Si vous allez vous promener autour d’une naine blanche ou d’une géante rouge, ou de tout autre type d’étoile avec un spectre lumineux décalé en longueur d’onde, il y a peu de chances que vous y rencontriez des ET avec de jolis yeux tout kawaii. De la même manière, c’est bien les ailes mais il faut avoir la bonne densité atmosphérique pour que cela serve. Le principe de convergence ne me semble vraiment pas pertinent en exobiologie.

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      • Le principe de convergence est pertinent, si on le définit correctement : des espèces différentes ont tendance à adopter les mêmes caractéristiques lorsqu’elles sont soumises aux mêmes contraintes environnementales.

        Or, dans les exemples que tu donnes, les contraintes ne sont pas les mêmes. Il est donc logique d’aboutir à des résultats différents de ce que l’on peut observer sur Terre.

        Ainsi, des aliens non-anthropomorphes, ne ressemblant pas nécessairement à ce que l’on connaît, peut être tout à rigoureux du point de vue du principe de convergence : ces espèces se sont simplement adaptées à un environnement différent de celui que l’on peut rencontrer sur Terre.

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