Sénéchal II – Grégory Da Rosa

200 pages laborieuses, et puis…

senechal_2Ce second roman de Gregory Da Rosa fait suite à Sénéchal, oeuvre d’un jeune auteur prometteur qui montrait toutefois un certain nombre de défauts (de rythme, notamment), certes partiellement excusables sachant qu’il s’agissait de son premier ouvrage. On aurait cependant pu penser que Da Rosa tiendrait compte des retours et tenterait de corriger le tir. C’est (en partie) raté. En même temps, lorsqu’on lui demande (cf le retour d’Aelinel) ce qu’il pense des critiques, il répond (je cite) « Un avis, c’est comme un trou du cul, tout le monde en a un ! ». Certes, sauf qu’un écrivain qui veut progresser a tout intérêt à se remettre en question de temps en temps, à être à l’écoute des retours constructifs de ses lecteurs.

Vu cette introduction, vous pourriez donc croire que j’ai détesté ce livre, que je l’ai trouvé très mauvais. La réalité est nettement plus contrastée, en fait. Les 200 premières pages sont laborieuses, présentent les mêmes défauts relevés dans le tome 1, et ne sont, effectivement, pas très agréables ou passionnantes à lire. Mais le reste, en revanche… c’est une tout autre histoire !

200 premières pages laborieuses… *

Cities on flame with rock’n’roll, Blue Öyster Cult, 1972.

Je pourrais quasiment écrire la même critique pour cette première (grosse) moitié de roman que celle rédigée pour son prédécesseur, tant j’y ai retrouvé les mêmes défauts, parfois en pire. Ce qui, avouons-le, pour un tome 2, où l’auteur est supposé avoir plus d’expérience et des retours qu’il ne possédait pas en composant le tome 1, est plutôt surprenant.

Avant de détailler ces problèmes, je vais m’attarder sur le paratexte au sens large : cette fois, une carte est bien présente (et elle est très réussie), ce qui, vu le haut degré de développements géopolitiques de ce tome, était indispensable. Seul souci : elle a été placée au cœur de l’ouvrage. Ce qui fait que vous ne savez pas qu’elle est présente avant de tomber dessus par hasard (sauf si vous êtes un adepte d’Apophis), et que même lorsque vous le savez, il n’est pas aisé de la retrouver si vous voulez la consulter à nouveau (à moins d’utiliser un second marque-page). Bref, je pense qu’il aurait été plus pertinent de la mettre au début de l’ouvrage, comme tout le monde. Par contre, le Dramatis Personæ brille encore et toujours par son absence, alors que, bon, mine de rien, il commence à y avoir un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain, de personnages. Enfin, les notes en bas de page sont toujours présentes, bien qu’en moins grand nombre (et le glossaire général n’est toujours pas de la partie, ce qui fait que si un terme est utilisé plusieurs fois -ce qui, pour être honnête, est tout de même plutôt rare-, soit vous retenez sa signification du premier coup, soit c’est tant pis pour vous). Après qu’elles aient été l’objet de critiques récurrentes dans le tome 1, l’auteur a (cf le blog d’Aelinel, à nouveau) « explicité les mots difficiles par des notes de bas de pages, quant aux autres plus intelligibles, il les a volontairement laissé pour immerger davantage son lecteur ». Mouais. Sauf que dans ce tome 2, il y a BEAUCOUP plus de termes qui ne font pas l’objet d’une note que d’autres qui en bénéficient, et je suis désolé, mais tous (loin de là, même) ne sont pas intuitivement compréhensibles, comme chiabrena (p 55) par exemple. Bref, j’ai plus l’impression qu’on a voulu cacher la poussière sous le tapis qu’autre chose.

Mais venons-en au fond, les scories que j’évoquais sont les suivantes :

– D’abord, le rythme : ces 200 premières pages, en gros (c’est pas une science exacte, hein) sont d’une lenteur exaspérante. Il ne s’y passe pas grand-chose, premier point, pas grand chose d’intéressant, second point, les rebondissements sont téléphonés, et la moindre scène, significative ou pas, s’étire à n’en plus finir.

– Ensuite, le style : Da Rosa a déclaré, à propos de son style médiévalisant, « Ce vocabulaire intervient essentiellement lors des scènes contemplatives ou de dialogues, préférant aux scènes d’action un style plus efficace. ». Il est donc conscient du fait que ce vocabulaire alourdit la narration, et, de fait, dans cette première partie du livre, le style est épouvantablement lourd. J’ai plus peiné sur ce roman en français que je ne le fais sur des livres en anglais, c’est tout dire ! J’ajouterais, sur ce chapitre stylistique, que l’auteur a volontiers tendance à donner dans le mélodramatique très théâtral ou dans les grandes envolées lyriques, et que pour quelqu’un comme moi, qui a le théâtre en horreur (sur le volet littéraire, du moins), avoir l’impression de lire une pièce et pas un roman est plutôt désagréable. De plus, le contraste est violent avec les 120 dernières pages, où, au contraire, la rédaction est ultra-efficace et prodigieusement prenante (je vais y revenir). Surtout que de telles envolées mélodramatico-lyriques ont tendance à accentuer les longueurs et la frustration du lecteur, qui a envie de dire à l’auteur de finir par cracher sa Valda. Alors que, dans Sénéchal I, j’avais trouvé les passages grandiloquents mieux utilisés, qu’ils apportaient un plus et pas un moins. Voilà un recul fort malvenu entre les deux tomes, à mon sens.

Descriptions & info-dump : non seulement il y a toujours beaucoup trop de descriptions (on dirait que Da Rosa se sent obligé de décrire chaque tenue, la moindre vue depuis un balcon et la plus petite particularité architecturale), mais parfois, c’est carrément l’overdose qu’on frôle à ce niveau (voir par exemple la page 105). Voilà un mimétisme malvenu avec le Maître (non, pas Federer, Jaworski). Donc, à ce niveau, non seulement il n’y a aucune amélioration par rapport au tome 1, mais au contraire, les choses empirent. Ce que je ne dirais pas tout à fait à propos de l’info-dump : certes, il y a toujours beaucoup trop de déballage d’infos, mais d’une part il est fait un peu plus habilement (vous me direz, ce n’était pas bien difficile, vu qu’on partait d’une double utilisation de l’ultra-maladroit « mais mon cher, vous n’êtes pourtant pas sans savoir que… » dans le livre précédent), et d’autre part, ce qui nous est expliqué est très intéressant, alors…

– Et justement, les ressemblances et hommages, qui mènent parfois à des discordances : outre Jaworski ou G.R.R. Martin (le personnage d’Esther est certes très intéressant, mais il est visiblement ultra-inspiré par celui d’Olenna Tyrell), notre jeune ami marche sur les terres de Cerutti (réécriture de l’Histoire) et d’Estelle Faye (travestis, féminisme) dans Les seigneurs de Bohen. Arrêtons-nous un instant sur cette dernière convergence : Da Rosa nous balance un pamphlet féministe complètement hors de propos compte-tenu du contexte très fortement médiéval. Il a ainsi déclaré (cf le blog d’Aelinel), à propos de l’usage du vieux Français, « Il s’agissait d’utiliser un vocabulaire approprié qui ne créerait pas d’incohérences dans mon univers ». Et donc, atteint du syndrome Del Socorro, il nous balance les codes sociaux et féministes des XXe / XXIe siècles en plein milieu d’un contexte ultra-médiéval de Fantasy Historique (variante : dans un monde secondaire très inspiré du nôtre, à la Kay) où ils n’ont strictement rien à y faire ? Où est la cohérence, on se le demande ! Bref, volonté de faire du prosélytisme idéologique, d’entrer dans les bonnes grâces du lectorat progressiste ou féminin, de céder à des effets de mode, de tels thèmes étant très en vogue au sein des hautes sphères de la plupart des collections ou maisons d’édition et des jurys des prix de SFFF français, ou crise schizophrénique (et on verra que ce n’est pas la seule…), je ne le sais, mais en tout cas, voilà une fort étrange discordance avec la volonté de coller à tout prix à l’époque via l’utilisation, parfois jusqu’à l’overdose, du langage médiéval.

– Il y a toujours beaucoup, beaucoup trop d’introspection. Alors certes, il en faut, ça sert à établir solidement la psychologie d’un personnage. Cependant, si on ajoute à cela le fait que la moindre scène est dilatée de telle sorte qu’elle s’étale sur un nombre effarant de pages, on arrive à une impression de lenteur, d’inertie, de pesanteur dans le rythme qui est très nuisible au livre. Là aussi, il n’y a aucun progrès par rapport au tome 1.

Je vais reprendre à mon compte les mots de Dame Esther (« Je préfère l’honnêteté à la bienséance ») : au final, ces 200 premières pages ont été un calvaire pour moi (je pourrais aussi presque reprendre les propres mots de l’auteur p 49…), et alors qu’en deux ans de blog et plus de 250 critiques, je n’ai abandonné un livre qu’une seule fois (et encore, ce n’était pas un roman), là, pour être honnête, je suis passé à deux doigts de le faire. Et j’aurais fait une belle erreur ! Mais avant de vous expliquer pourquoi, il me faut aussi souligner que tout n’est pas mauvais, évidemment, dans cette partie de Sénéchal II : l’adresse au lecteur est toujours utilisée de façon aussi habile et pertinente, les dialogues vont du bon au magistral, et le worldbuilding / l’Historique / la religion s’étoffent de façon extrêmement satisfaisante (et on apprend les vraies raisons de la guerre, même si le motif est à mon avis beaucoup trop classique en Fantasy). De plus, les personnages féminins sont vraiment excellents.

… suivies par 120 pages incroyables !

Un calvaire, donc. Et là, on passe en gros la page 200, et TOUT change. Moins de descriptions, moins de scènes sans grande importance et / ou dilatées à l’extrême, moins d’introspection, moins de lourdeurs ou de maladresses stylistiques, beaucoup moins de vieux français, et j’en passe. Mais par contre, des scènes d’une intensité prodigieuse (le dialogue Esther – Philippe, le grand acte de magie), un style qui devient soudain ultra-efficace et immersif, des combats et tableaux haletants nous projetant dans l’assaut ennemi tel un Peter Jackson sous amphétamines nous montrant celui de Minas Tirith, et l’impression globale d’avoir soudain affaire au tant attendu… Gemmell français ! Autant dire que le contraste (pour ne pas dire la schizophrénie) entre les deux parties du roman est brutal et violent, mais pourtant ô combien bienvenu !

J’avais envie d’attraper ce bon Grégory par le col, de le secouer, et de lui dire « mais bon dieu, avec un talent d’écriture aussi éclatant, pourquoi s’obstiner dans le médiévalisant, tout en sachant que tu es capable de proposer un style incomparablement plus efficace ? ». Franchement, si tout le tome 2 avait été de cette eau là, j’aurais crié au génie, l’aurait adoubé, promu aux hauteurs cyclopéennes des Jaworski et compagnie. Alors de grâce, une fois le tome 3 de Sénéchal terminé, on me publie tout un roman sur la même veine que les 120 dernières pages de Sénéchal II, et si c’est le cas, la distinction (enviée, si, si) de (roman) Culte d’Apophis est dans la poche ! Et oui, je suis bien content de ne pas avoir lâché ce livre, tant j’aurais fait une énorme, gigantesque, monstrueuse connerie sinon. Ce qui, par ailleurs, n’enlève rien aux critiques faites sur les 200 pages précédentes, bien au contraire : lorsqu’on est capable de rédiger ce genre de merveille, les défauts soulignés n’en sont que moins excusables. Même s’ils résultent visiblement moins de carences d’écriture que de mauvais choix stylistiques.

Au final sur ces 120 dernières pages, Grégory Da Rosa mérite amplement la dithyrambe de son éditeur, et s’affirme sans conteste comme un des grands de la Fantasy française. Reste, maintenant, à confirmer cela… sur l’ensemble d’un bouquin !

La fin est dans la droite ligne de celle du tome 1, à savoir twist et cliffhanger.

(Sinon, question perso à l’auteur : la scène dans la tour avec le type qui a la tête qui pendouille aux trois quarts, c’est une allégorie de ma critique du tome 1 ?  😀 )

En conclusion

Dans ce deuxième tome schizophrène de la saga Sénéchal, 200 pages très, très laborieuses et pétries de défauts divers sont suivies par une seconde partie prodigieuse d’intensité, d’immersion, d’intelligence, faisant preuve de formidables qualités d’écriture, qui prouve bien que Grégory Da Rosa est un auteur à suivre, capable, lorsqu’il fait les bons choix stylistiques, de tutoyer les sommets réservés aux Maîtres, qu’ils se nomment Jaworski ou Gemmell. Malgré tout, on espère qu’il tiendra compte des retours de son lectorat pour proposer, avec le tome 3 et sa future production, quelque chose qui atteint le même niveau de qualité et d’intensité d’un bout à l’autre d’un livre.

Pour aller plus loin

Ce livre fait partie d’un cycle : retrouvez sur Le culte d’Apophis les critiques du tome 1,

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de l’ours inculte, celle de Boudicca sur le Bibliocosme, d’Elhyandra,

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48 réflexions sur “Sénéchal II – Grégory Da Rosa

  1. A propos des problèmes que tu signales au début et le décalage entre les deux cents premières pages et les cent vingt dernières, je pense que l’éditeur mérite un sérieux taquet pour avoir laisser passer ça. Normalement, le rôle de l’éditeur est justement d’éviter ce genre de problème et de faire travailler son auteur pour que son livre ait un minimum de cohérence et de constance dans l’écriture.

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    • Bonjour Sophie,
      Je me permets de rectifier quelque chose. Un quelque chose qui est quand même sacrément sorti de son contexte concernant la citation d’une citation… Oui, voyez, ça commence à devenir compliqué ! Cette fameuse phrase « Un avis, c’est comme un trou du cul, tout le monde en a un. » est une phrase dite par un ami lorsqu’il voyait que j’accordais beaucoup d’importance (parfois trop, c’est vrai) aux retours des lectrices et lecteurs, et que ça nuisait sensiblement à mon envie d’écrire. Il fallait absolument que je relativise si je voulais tout simplement avoir la force de finir le roman 😀 Cette phrase, lorsque je l’ai entendue, a eu le mérite de me faire rire et de me détendre un peu. Depuis, j’y repense lorsqu’il s’agit de prendre la distance nécessaire, et je l’ai donc partagée lors de la soirée chez Decitre Grenoble, sur un ton léger et rieur, dans la continuité de la soirée d’ailleurs. Je vous mets en lien la vidéo, ça sera sans doute plus parlant. Elle vous mènera directement au moment fatidique (Si ce n’est pas le cas, rendez-vous à 1:17:15).
      Bonne lecture à vous si vous souhaitez commencer l’aventure Sénéchal !

      PS : Je ne réagis pas à la critique d’Apophis (qui a son avis et que j’ai bien l’intention de respecter), mais seulement sur ce point qui, à mon sens, va chasser bien plus sur le terrain personnel que professionnel. Qu’on ne dise pas de moi que je n’ai pas de respect pour les critiques, tudieu ! 😀

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      • Alors déjà que je ne suis pas très chaud pour accorder un droit de réponse aux auteurs sur les critiques de leurs propres livres (hop : https://lecultedapophis.wordpress.com/bienvenue-au-sein-de-mon-culte/), si en plus tu me sors des « va chasser bien plus sur le terrain personnel que professionnel », que moi j’interprète comme un « Apophis règle des comptes personnels via ses critiques », là, je te le dis clairement, on va pas être copains, mais alors pas du tout. Je peux te dire que si tu crois ça, tu te trompes mais alors complètement. Le principe de ce blog, c’est l’honnêteté à tout prix, quoi qu’il puisse m’en coûter, y compris me mettre à dos le reste de la blogo, des directeurs de collection, les auteurs, faire une croix sur les SP, etc. J’ai déjà encensé des bouquins de types que je ne peux pas blairer sur un plan personnel, parce que sur un strict plan littéraire, il n’y avait rien à dire, tout simplement. Par contre l’inverse, à savoir descendre un bon bouquin parce que j’ai une dent contre l’auteur(e), je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai jamais. Dans ce cas, je préfère complètement laisser tomber l’auteur en question. Surtout que je vois très mal quel compte j’aurais à régler avec toi, franchement.

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        • Ce n’est pas ce que j’ai dit. Quand je dis personnel, je ne parle pas de toi. Je parle de moi. Ce que je voulais dire, c’est que nous ne sommes plus dans le commentaire « professionnel » du roman, mais dans mon rapport « personnel » à la critique, (ce que tu as totalement le droit de commenter aussi, je ne le nie pas). Mais pour être sûr qu’il n’y ait aucun malentendu, j’ai préféré contextualiser la phrase citée (d’ailleurs, je remercie au passage Aelinel qui a très justement expliqué la situation dans laquelle elle a été prononcée). Il m’embêterait seulement que l’on croit que mon rapport à la critique se limite à cette seule citation franchouillarde. Toi-même, je pense, peut en témoigner (cf l’allégorie de cette tête à demi-tranchée :D). Il n’y avait donc aucun grief contre toi, Apophis, et je ne pense pas, en effet, que tu aies « des comptes » à régler avec moi. Du moins, je ne l’ai pas perçu comme tel, au contraire. Je note dans tes critiques de mes deux premiers volumes, certes, des défauts relevés, mais aussi des qualités. Je n’ai donc absolument pas le sentiment de faire l’objet d’un tabassage en règle 🙂

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  2. Gemmell et Jaworski dans la seconde partie? Carrément? Serais-je donc passer à côté?

    Pour en revenir, au passage de l’interview sur les critiques des blogueurs : en fait, c’était Tarvel qui avait lancé les hostilités. Lui, les avis négatifs des blogs, ça l’énerve. Il a même sorti une phrase qui ne m’a pas fait acheter son livre tellement je l’ai trouvé condescendante à notre égard. Je ne l’ai malheureusement pas notée textuellement sinon je l’aurais retranscrite sur mon blog. Mais, en gros, il disait que les blogueurs étaient frustrés de n’avoir pas écrit ou sorti de bouquin et se vengeaient sur ceux qui avaient réussi. J’ai failli l’interpeller tellement j’étais énervée. Du coup, Da Rosa pour détendre un peu l’atmosphère a sorti sa fameuse phrase : « un avis, c’est comme un trou du cul, tout le monde en a un ».
    Pour ma part, je ne prends aucun plaisir à énoncer des points négatifs sur un roman. Je ne fais que donner mon ressenti. Même si je n’ai pas aimé un roman (le tome 1 de Sénéchal, par exemple), j’essaye toujours de nuancer mon propos en mettant des points positifs. Et puis tenir un blog, c’est aussi du boulot. Donc, j’ai trouvé leur propos un peu méprisants… Bref…

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    • Je vais te raconter une anecdote sur Tarvel : l’année dernière, j’ai critiqué une anthologie dans laquelle il figurait. Alors que ledit bouquin mélangeait des auteurs de toute expérience, âges et profils, son texte était sans doute le plus mauvais du lot, alors qu’il était l’auteur le plus ancien, le plus publié, etc. Je l’ai dit, j’ai expliqué pourquoi, en argumentant, bref comme toujours quoi. Et il se trouve qu’il a réagi à ma critique, sur un fil Facebook que je n’étais pas supposé voir (au lieu de certains des autres auteurs, qui ont réagi sur la critique elle-même), en se lançant dans un délire hallucinant disant que c’était une vengeance personnelle et que si j’utilisais un pseudo, c’était justement pour cacher ce « fait ». N’importe quoi, je n’avais jamais entendu parler de ce type jusque là (en même temps, si c’était Tolkien, ça se saurait…). Dans la blogo littéraire, on est combien de blogueurs à utiliser un pseudo, au moins 90 % ? Et pourquoi ? justement pour éviter qu’un excité vienne nous les briser chez nous (je souhaite bien du courage à celui qui se pointera chez moi…). Bref, malgré son expérience qui se mesure en décennies, Tarvel ne supporte pas la critique négative, même argumentée, ce qui, chez moi, signe immanquablement un mauvais auteur.

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      • Oui, cela ne m’étonne pas du tout vu le personnage. C’est dommage car son roman avait l’air très original. S’il n’avait pas été aussi condescendant, je me serais bien laissée tenter. Pour en revenir à la soirée, cela a été le seul point négatif car j’ai vraiment passé un bon moment.

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  3. Bon, je n’étais pas spécialement pressé de le lire, mais ton retour attise ma curiosité. J’espère ne pas trop subir ces 200 pages 😦
    Puis, pour le débat critiques / écrivains, c’est aussi vieux que la littérature et totalement insoluble.

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  4. Ping : Chroniques des livres éligibles au Prix Planète-SF 2018 : L à Z (par titre) - Planète-SF

  5. Personnellement, je vais attendre la fin de la trilogie s’il s’agit bien d’une trilogie. Je ne suis pas entièrement convaincue par le style « médiéval » dans l’écriture ni par les lourdeurs que tu soulignes. En revanche, je suis prête à lire l’ensemble dont la moitié « passable » si le dernier tome est du niveau de ces 120 dernière pages.
    Pour moi, bien évidemment, il n’y a qu’un seul Maître! (et de 95!!!)

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    • Je te confirme qu’il s’agit bien d’une trilogie.

      Oui, mais la 95e a été assez laborieuse, je trouve. C’était un match bizarre, et ce des deux côtés. J’espère que Del Potro ira au Masters, il le mérite, et puis avec sa capacité à se dépasser dans les grandes ambiances, ça promet des matchs épiques (en tout cas plus qu’à l’elite trophy de Zhuhai…).

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  6. Aïe, sacré dilemme après la lecture de cette critique… J’étais sorti mitigé du tome 1 (lu suite à ta critique de l’époque, d’ailleurs). Enfin, « mitigé » est un terme un peu trop mou, en réalité j’étais à la fois assez enthousiasmé par certains aspects, tout en en ayant vraiment détesté d’autres. Bref, j’hésitais déjà beaucoup à lire cette suite, ayant de forts arguments qui me tiraient dans les deux sens opposés, et maintenant je vois que c’est more of the same concernant justement l’aspect très inégal de cette œuvre 😦
    En fait je crois que c’est encore plus frustrant qu’un mauvais bouquin ^^ Un mauvais bouquin, on peut facilement se dire « ok j’oublie et je passe à autre chose ». Là je sais que plein de trucs vont encore me faire soupirer et m’agacer, mais en même temps ça me ferait chier de ne pas savoir la suite de l’histoire, surtout avec la deuxième moitié dantesque que tu nous vends…
    Tiens, un truc qui va peut-être m’aider à me décider : sans trop spoiler, pourrais-tu me dire si j’ai raison de suspecter que Philippe ne nous raconte pas forcément toujours toute la vérité dans son journal ? Dans le tome 1 j’avais eu l’impression d’entrevoir cette possibilité, et j’avais trouvé l’idée assez excitante.

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  7. Sinon, mes deux centimes à propos de ça : « Certes, sauf qu’un écrivain qui veut progresser a tout intérêt à se remettre en question de temps en temps, à être à l’écoute des retours constructifs de ses lecteurs. »
    Bien sûr il faut qu’ils se remettent en question, comme dans tous les métiers, mais pour la dernière partie de la phrase, je ne suis honnêtement pas très sûr que ça marche comme ça en vrai. Déjà parce que l’auteur est la personne au monde qui connaît le mieux son bouquin. J’ai du mal à croire que, si j’écris une critique d’un roman et que l’auteur de ce roman la lit, il y apprendra réellement quelque chose de neuf. A mon avis il sait déjà ce qu’il aurait pu faire mieux ou différemment, il a déjà arbitré tout ça, il a dû faire des choix, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, il a probablement choisi de laisser certains problèmes parce que les régler en aurait impliqué d’autres plus graves, etc. (Ou alors, s’il n’a pas mené ce travail à bien, c’est que l’éditeur non plus n’a pas fait son boulot.)
    En somme, j’aurais tendance à croire que le mieux, pour un auteur qui veut progresser et apprendre (et notamment apprendre ce que les lecteurs ont dans la tête et comment ils reçoivent tel ou tel aspect d’un bouquin), ce serait de lire les critiques constructives… concernant les livres des autres ^^ A mon avis, c’est bien plus enrichissant et formateur que sur ses livres à lui, sur lesquels l’auteur a déjà beaucoup réfléchi, pesé le pour et le contre, etc., probablement dans des proportions qu’on a du mal à imaginer. En plus, personnellement, je n’apprécierais pas forcément qu’un auteur se comporte comme une girouette et change son fusil d’épaule après chaque critique lue sur internet, je préfère savoir qu’il sait où il va et que son projet est solide, avec ses qualités et ses défauts propres.

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    • Pour changer, hein, je ne suis pas du tout d’accord avec toi. L’auteur est probablement la dernière personne a juger correctement son livre, tout simplement parce qu’il n’a pas le recul nécessaire. J’ai exercé pendant plusieurs années sur un des cinq plus gros sites français dans son domaine (les MMORPG), et des articles, des news ou des traductions, j’en ai rédigé des tas. Eh bien je peux te dire qu’il y en a très peu où il n’y avait pas d’erreurs, sur le fond ou la forme, tout simplement parce que j’étais tellement dedans que je ne les voyais même plus. Et c’était pareil pour tous les autres rédacteurs. C’est d’ailleurs pour ça qu’un article est relu au minimum par une autre personne, et de préférence au moins deux, tout simplement parce qu’avec le recul et moins d’implication, on juge froidement un texte, et on voit des erreurs (que ce soit des coquilles ou des choses bien plus structurelles) qui sauteraient aux yeux de n’importe qui… sauf ceux du rédacteur. Ça, c’est le premier point.

      Deuxièmement, l’idée que l’auteur n’a rien à apprendre des critiques est grotesque, tu m’excuseras. Sinon, c’est à se demander à quoi sert le travail éditorial effectué par un relecteur (relecteur, hein, pas correcteur, ce sont deux métiers différents) et / ou un directeur de collection, qui effectuent ce que j’appellerais une critique radicale, avec modifications, voire suppressions ou ajouts, à la clef. Mais bon, même ces gens là ne sont pas infaillibles, ils ont leur propre vision du texte, et il y a des choses qui peuvent passer côté auteur et maison d’édition mais être descendues en flamme par le lectorat derrière (ou par UN lectorat). Ça arrive. Cf le cycle de l’Ancillaire, encensé par la critique américaine, les jurys des prix US, le lectorat anglo-saxon, et qui a reçu un accueil extrêmement froid chez nous, en partie à cause de la traduction, mais aussi à cause de défauts structurels qui, eux, étaient dus à l’auteure américaine.

      Enfin, à force de s’entendre dire par ses beta-lecteurs (qui sont souvent des amis ou de la famille), son directeur de collection et certains critiques qu’il est génial, certains auteurs finissent par croire qu’ils pondent des livres parfaits. Moi, je ne fais pas dans le cirage de pompes, mais dans l’analyse littéraire. Si un livre a des défauts, il a des défauts, et ce n’est pas en mettant la tête dans le sable en ignorant les critiques mitigées ou négatives que ces défauts vont disparaître. A condition que ces critiques soient argumentées, pour moi, un auteur intelligent a tout intérêt à se dire : « ok, c’est dur à lire, mais est-ce qu’il n’aurait pas raison ? ». Après, moi je donne mon ressenti subjectif et mon analyse technique objective, et les écrivains en font ce qu’ils veulent, c’est pas mon problème. S’ils se persuadent qu’ils détiennent la vérité cosmique suprême et que je ne suis qu’un con, qu’ils continuent comme ça, ils verront bien combien ils vendront de leurs bouquins une fois que le bouche à oreille aura fait son effet et qu’ils récolteront dix, quinze ou cent avis mitigés ou négatifs. Sans compter que si au bout de 3 bouquins, disons, moi je ne vois aucune évolution d’un auteur, je m’en désintéresse, point. Et par évolution, j’entends atténuation des défauts et persistance des points forts. Evidemment qu’il ne faut pas qu’un auteur joue à la girouette à chaque critique négative, mais ne rien faire n’est pas non plus une solution, à moins de vouloir se cantonner à la vénération de quelques centaines de fanboys.

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      • Et pour changer, on n’est pas dans un désaccord si profond que ça non plus ^^ Par exemple je n’ai rien à retirer à tes deux premiers paragraphes, bien au contraire. Simplement j’avais l’impression qu’il y existe une différence énorme entre tout ce qui se passe avant la publication (tout ce qui est conception, composition, travail éditorial – parfois radical s’il le faut – et relecture-correction, etc.) et les critiques reçues après, une fois que livre est dans les bacs et que plus personne ne peut rien y changer. À ce moment-là, je pense que l’immense majorité des trucs que l’auteur pouvait comprendre à propos de son roman, ce qui marchait bien ou pas bien, les problèmes structurels, etc., soit il les a déjà compris, soit je doute qu’il les comprenne davantage en lisant une critique après coup (au passage, une critique lambda, ce n’est pas l’une des tiennes, en général c’est beaucoup plus succinct et moins riche/argumenté que ça, faut pas l’oublier). Bref, je peux me tromper évidemment, en plus il est fort possible que ça varie selon les auteurs. Mais pour résumer, l’idée que je me fais de tout ça c’est : 1- L’auteur n’a pas compris tout ce qu’il y avait à comprendre sur son roman. 2- En revanche, à ce stade l’auteur a compris tout ce qu’il était capable comprendre sur son roman. 3- Il est fort possible qu’il ait également compris bien plus de choses que nous sur son roman (même si on peut en avoir distingué certaines qui lui avaient échappées, ces deux propositions n’étant pas incompatible), à cause du temps passé dessus, des différentes étapes qui lui ont donné à chaque fois l’occasion d’y réfléchir sous un autre angle, etc. De fait il peut très bien accepter comme vraie la critique d’un défaut qu’on relève, tout en sachant pourquoi ce défaut est présent, suite à quel arbitrage qu’il a dû effectuer, etc.
        Si on ajoute à tout ça les œillères que peut impliquer le manque de recul que tu évoques à juste titre, ainsi que l’implication émotionnelle, je persiste à penser qu’il a plus de chance d’apprendre des choses qui l’aideront à s’améliorer s’il lit des critiques concernant des romans écrits par d’autres que lui. À moins qu’il soit le seul à présenter des défauts très spécifiques, il finira tôt ou tard par tomber sur la critique d’un roman écrit par un auteur qui a à peu près les mêmes défauts que lui, mais comme ça concernera un bouquin sur lequel il n’a pas bossé personnellement, il pourra comprendre cette critique avec beaucoup plus de fraîcheur et manière beaucoup plus universelle. De ce que je crois comprendre du fonctionnement de l’esprit des gens, je crois que ça fera tilt bien plus facilement.

        Quoiqu’il en soit, loin de moi l’idée que le travail éditorial et le traitement(*) des critiques à ce moment-là ne seraient pas une absolue nécessité. Là ce n’est pas du tout ce que je voulais dire, désolé si je me suis mal exprimé. Au contraire, je lis très souvent des bouquins prometteurs mais pas mûrs (y compris chez certains auteurs américains qui vendent bien, pas souvent mais ça arrive) en me disant que le travail éditorial n’a pas été à la hauteur : malheureusement je ne peux pas savoir si je dois incriminer un éditeur paresseux/incompétent ou bien un auteur récalcitrant/arrogant, ou encore les deux ^^ Mais oui c’est très énervant, ces romans qui donnent l’impression d’une promesse non tenue, parce que le potentiel était là, mais ce boulot de critique éditoriale en amont n’a pas été fait correctement…

        (*) (Oui parce que le truc, ce n’est pas l’acceptation des critiques, ça tout le monde en est capable sauf tempéraments de stars, sans doute pas si répandus que ça dans le métier ; le truc c’est d’être capable de traiter cette critique, d’en faire quelque chose de pertinent.)

        Quant aux « auteurs qui finissent par croire qu’ils pondent des livres parfaits », j’espère quand même pour eux qu’ils ne se font pas trop d’illusion, hein 🙂 Pour ma part je ne crois pas avoir jamais lu un livre parfait. Il y a quelques livres excellents qui donnent une impression de perfection, à la limite, mais le truc vraiment parfait je vois pas, même chez les grands maîtres. Donc bon, le mec qui n’accepterait pas la critique sous prétexte qu’il serait persuadé d’avoir écrit un bouquin parfait et pas du tout perfectible, à mon avis son problème c’est surtout un méchant problème de chevilles, et à ce moment-là, je suis pas certain qu’il soit accessible à aucun de tes arguments rationnels de toute façon ^^

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        • Nous sommes d’accord, sauf sur un petit point : même publié, un manuscrit peut être révisé, et une nouvelle version paraître. Cf, pour un exemple récent, La forêt sombre de Cixin Liu, qui a été traduit à partir d’une version révisée par l’auteur plusieurs années après la parution de la version initiale en Chine.

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    • Oh là là, la liste est tellement longue que je ne suis pas certain de me rappeler de tout ^^ Alors pour les principaux, ceux sur lesquels j’ai passé au moins quelques mois : GW1, GW2, DCUO, STO, TSW, Aion. Et j’ai aussi testé, sur des durées plus courtes (parfois en beta-test) TESO, AoC, Tera, Atlantica, Rift, LOTRO, Blade & Soul, Warhammer Online, WoW, etc.

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      • Ah oui quand même ^^ Pour ma part j’ai profité d’en tester pas mal grâce à l’un de mes proches qui fait des piges pour la presse JV, mais les seuls que je connaissais bien (pour y avoir joué sur la durée) c’était SWTOR et WOW. Plus touché à rien depuis au moins deux ans, j’étais lassé, et puis ça me laisse beaucoup plus de temps pour bouquiner 🙂

        (Au fait, je ne sais pas si tu as vu mais du coup je suis allé poser mes impressions sur Sénéchal I sous l’article concerné.)

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  8. Ping : Sénéchal T2 par Grégory Da Rosa – Le monde d'Elhyandra

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