L’épée de l’Ancillaire – Ann Leckie

Un roman nettement meilleur que le premier tome, mais toujours caractérisé par de nombreux défauts et d’un intérêt discutable

ancillary_swordCe roman, titulaire du prix Locus, est la suite de La justice de l’Ancillaire et le second des trois volumes des Chroniques du Radch. Deux constatations préliminaires : premièrement, l’éditeur nous propose le tome 2 juste un peu plus de six mois après la sortie du tome 1, ce qui est appréciable ; deuxièmement, il a fait un effort de présentation, la couverture étant nettement plus esthétique que celle du roman précédent du cycle.

Le premier tome est arrivé précédé d’une réputation flatteuse, notamment générée par le gain de la totalité des prix les plus prestigieux en matière de SF (Hugo, Nebula, etc). La réception du public français a été très contrastée : pour certains, c’est un chef-d’oeuvre de SF intelligente, sensible, militaire mais non-militariste ; pour d’autres, c’est un roman aux choix de traduction contestables (rendant la lecture pénible), à l’univers sans originalité et au rythme quasi-absent (sauf dans les 50 dernières pages).

Quoi qu’il en soit, malgré un avis mitigé sur le tome 1, j’ai fait le choix de donner sa chance à l’auteure en me lançant, dès sa sortie, dans la lecture de l’Épée de l’Ancillaire. Alors, ce roman est-il plus rythmé et plus intéressant que son prédécesseur ? Le tome 3 sera-t’il dans mon programme de lecture ?

Résumé de l’épisode précédent

Je résume les événements de la fin du tome précédent et du début de celui-ci : le (pardon, la…) chef du Radch, Anaander Mianaaï, habitant une multitude de corps à travers tout l’espace contrôlé par cet empire, s’est séparé en deux factions, qui sont entrées en guerre ouverte (il existait une opposition en coulisses depuis mille ans, en fait depuis la destruction des Garseddaï au motif que ces derniers avaient reçu des armes Presgers pour résister à l’Annexion Radchaaï). L’Ancillaire, qui était venu pour le tuer, se fait recruter, on lui donne l’identité d’une cousine de Mianaaï, rang de Capitaine de Flotte, un passé dans les Missions Spéciales, et un vaisseau, le Miséricorde de Kalr, doté d’un équipage entièrement humain. Elle doit se rendre à la station Athoek et y assurer la sécurité face aux menaces causées par l’autre faction. Il se trouve justement que c’est le lieu de résidence de la soeur de Awn, Basnaaïd. Awn dont l’Ancillaire ne se pardonne toujours pas l’exécution.

Notre Ancillaire-qui-n’en-est-plus-un(e) est secondé par trois Lieutenants : Seivarden, bien entendu (mais très, très en retrait par rapport au tome 1), Ekalu, et surtout Tisarwat, une jeune femme de 17 ans, sans expérience, et destinée jusqu’ici à servir dans l’Administration militaire. Mais bon, c’est le seul officier qu’on a été capable de trouver avant le départ du vaisseau, donc Breq devra s’en contenter.

 La comparaison tome 1 / tome 2 point par point

Comparons les deux tomes point par point : le 2 montre-t’il une amélioration par rapport au 1, une régression ou sont-ils sur le même plan ?

Traduction

Je sais que certains d’entre vous se posent la question de savoir si les choix de traduction faits pour le tome 1 ont été conservés dans le 2. La réponse est oui, on retrouve exactement le même type de phrases, mélangeant allègrement féminin et masculin (« la dieu » au lieu de « la déesse », « une ami » au lieu de « une amie », et toujours les épouvantables « les êtres humaines » ou « quelqu’une »). Je ne dirais en aucun cas qu’on s’y habitue, mais si vous faites le choix de lire l’Épée de l’Ancillaire, c’est que vous êtes prêt à passer outre de toute façon. J’ajoute que changer son fusil d’épaule sur les choix de traduction alors que le cycle en est au tome 2 aurait été moins pertinent que d’assumer ceux qui avaient été faits, à mon sens (même si je les désapprouve totalement).

Bilan de la Traduction : pas de changement.

Style & narration

Tout au long du livre, mais particulièrement au début, Ann Leckie use et abuse des points de vue multiples qui sont permis à l’Ancillaire par sa faculté de se connecter aux systèmes de monitorage du vaisseau : en effet, il peut voir, grâce à ses implants, ce que fait, raconte ou voit chacun de ses hommes (pardon, de ses femmes…) à chaque instant, et s’il a un doute sur l’état d’esprit d’un interlocuteur, il peut à la fois observer ses (micro-)expressions et, via le vaisseau, ses paramètres biologiques, afin de lui montrer qui cache quoi et avec quel brio.

Certains commentaires sur la VO trouvent que ce mode de narration est un trait de génie de l’auteure, et que, loin de nuire à celle-ci, cela ne la rend que plus fluide. Je vais vous donner mon impression personnelle : pour moi, ça ressemble très exactement à un film dans lequel à chaque fois qu’un personnage pense à quelque chose, parle ou effectue une action, même banale, en présence du héros, quelqu’un arrêtait le déroulement de l’intrigue, faisait venir un spécialiste des micro-expressions (coucou Cal Lightman !) pour analyser le visage de ses interlocuteurs, plus un psychologue pour demander à tous les intervenants d’exprimer leurs sentiments, leurs raisonnements et leurs pensées, tout ça avec des interlocuteurs sanglés à un détecteur de mensonges, filmés par des caméras thermiques, etc. Bref, la narration est hachée au possible, d’autant plus si on considère une certaine propension d’Ann Leckie à user et abuser par endroits de phrases très courtes (tout le monde ne s’appelle pas David Gemmell et ne sait pas utiliser ces dernières à bon escient, hein). On bute sans arrêt, essentiellement dans les premières dizaines de pages (mais, par endroits, pratiquement jusqu’à la fin), sur quelque chose, bref je n’arrive tout simplement pas à comprendre comment on peut qualifier une telle technique narrative de fluide. C’est tout, sauf ça.

Globalement, cependant, la narration est effectivement plus fluide que dans le tome 1 , ce qui participe d’ailleurs artificiellement à l’impression que le rythme est meilleur. Il faut dire que les différences de structure (absence de flash-back) aident beaucoup. Mais bon, on ne s’évite pas, tout au long du roman, des scènes où l’Ancillaire fait une chose tout en demandant au vaisseau ce que font ses soldats sur le vaisseau ou la station spatiale. Je m’interroge, dans nombre de cas, sur l’utilité du procédé, personnellement.

Soyons clair : les Points de Vue (Pdv) multiples étaient parfaitement justifiés quand Breq était une IA / une vaisseau, mais maintenant que c’est un « simple » humain,  je trouve le procédé clairement abusif. De plus, alors que, en général, je suis favorable, dans les romans SFFF, aux Pdv multiples (ils apportent une richesse certaine à la narration), je pense aussi qu’il ne faut pas en abuser. Là, il y a des fois où dans un seul et même paragraphe, on suit deux-trois points de vue entièrement différents… Autant dire que 1/ cet entremêlement de Pdv participe à l’impression d’une narration hachée, d’un auteur qui passe sans arrêt du coq à l’âne,  et que 2/ pour utiliser de façon digeste, habile, une telle technique narrative dans son second roman, il faut être un écrivain doué, en tout cas plus qu’Ann Leckie (il faut s’appeler Stéphane Przybylski, par exemple).

Bilan narration : mitigé. C’est plus fluide que dans le tome 1 parce que la structure est cette fois linéaire (sans flash-back), mais c’est parfois (mais pas toujours) moins fluide à cause d’une sur-utilisation des points de vue multiples (utilisation pas toujours d’un intérêt clair pour l’intrigue). 

Structure & Clarté

Contrairement au tome 1, la narration est ici linéaire : il n’y a plus de flash-backs. Et ça, mine de rien, ça change pas mal de choses, ça contribue à une impression de rythme meilleur et de narration moins cassée en permanence. Du moins, ce serait le cas sans l’entremêlement de points de vue dont je parlais juste avant.

Les éléments d’intrigue sont également immensément plus clairs que dans La Justice de l’Ancillaire. L’impression de confusion qui régnait dans ce dernier a ici en majorité disparu. On peut, occasionnellement, s’interroger sur l’utilité de certaines scènes, mais elles trouvent, dans un nombre significatif de cas, une explication dans la construction de l’intrigue quelques dizaines de pages plus loin. Attention, cela ne signifie pas non plus que les scènes inutiles ont disparu, bien au contraire : une majorité des scènes en rapport avec le thé, les services à thé (mais pas toutes, dans ce cas), la cérémonie du thé, les repas et les jardins ne servent pas à grand-chose, à part faire du remplissage, plomber le rythme et brouiller l’importance des scènes significatives.

Bilan structure & clarté : la structure est globalement plus facile à suivre que dans le tome 1, et permet un rythme plus fluide. L’intrigue est plus claire que celle de La Justice de l’Ancillaire, même si les scènes inutiles sont encore nombreuses. 

Rythme

Ce second tome est réputé plus intéressant que le premier. Les premières dizaines de pages ne sont vraiment pas rassurantes, pourtant : on retrouve le rythme d’une lenteur géologique et l’obsession pour le thé du tome 1, mais en pire. Je m’explique : il se passe peu de choses, premier point et l’événement le plus trépidant concerne un service à thé, deuxième point. Le rythme commence à monter très lentement à partir de la page 30 environ, puis une série d' »électrochocs narratifs » vont maintenir l’intérêt du lecteur et revitaliser le rythme (qui a tendance à rebaisser à cause d’un certain nombre de scènes à l’utilité douteuse, comme une multitude de scènes de repas, de cérémonie du thé, de bain, etc) tout au long du roman : il y en a un vers la page 60, un autre un peu avant la fin de la première moitié, deux aux alentours de la page 250, et un dernier vers la page 295 (après quoi le rythme ne redescend globalement plus jusqu’à la fin).

Dans l’ensemble, on peut dire que non seulement le tome 2 est sans commune mesure mieux rythmé que le tome 1, mais que tout simplement, il y a un rythme dans l’Épée de l’Ancillaire (à part dans les 50 dernières pages, le rythme était complètement absent du tome 1). Mais bon, je le répète, ça n’empêche pas qu’on puisse parfois s’ennuyer prodigieusement entre deux des « électrochocs » que j’évoquais.

Bilan rythme : sans commune mesure meilleur que celui du tome 1, mais avec de grosses fluctuations (sauf dans les 115 dernières pages, où rythme et intérêt sont constants). Dans l’ensemble, un net progrès par rapport à La Justice de l’Ancillaire

Univers & Thématiques

L’univers est un peu plus développé dans ce tome 2 (ce qui, vu la vacuité du tome 1 dans certains domaines, n’était pas bien difficile…), notamment au niveau des mystérieux extraterrestres Presgers ou des débuts du Radch (et sur les rivaux des Radchaaï, les Notaï). Par contre, on nous assomme toujours de détails soporifiques sur le thé (une véritable obsession chez l’auteure…) ou certains rituels ou tabous Radchaaïs : alors que ce genre de détails aurait parfaitement eu sa place dans un Planet Opera, je m’interroge encore sur la pertinence du fait de leur accorder une telle place dans un Space Opera à cadre militaire (mais non militariste), surtout dans un tome 2 d’une trilogie alors que l’intrigue principale (scission Minanaaï + Presgers) n’avance quasiment pas. Tout ça concourt, malheureusement, à casser le rythme, à brouiller les scènes importantes, bref à ce que certains défauts majeurs d’écriture d’Ann Leckie qui étaient présents dans son premier roman le soient aussi dans le second.

Les thématiques restent dans la lignée du tome 1 : exploitation (frôlant l’esclavage) des masses laborieuses par une poignée d’oligarques corrompus (avec exécution pour l’exemple des leaders syndicaux lors des grèves), aspirations à la liberté et / ou la justice de peuples opprimés par l’impérialisme militaro-culturel Radchaaï, racisme, intolérance et lutte de classes, anti-militarisme, et bien entendu dénonciation du colonialisme à la pointe de la baïonnette  qui, sous prétexte d’apporter la « civilisation », n’est qu’un prétexte pour voler, violer et tuer.

Bilan univers & thématiques : aucun changement, ou presque.

Personnages

Les personnages secondaires ont beaucoup, beaucoup plus d’importance dans le tome 2 que dans le 1. Vous me direz, ce n’est pas difficile, car à part l’Ancillaire (qui se taillait, et de très loin, la part du lion), et à la rigueur Awn et Seivarden, les autres personnages étaient des spectres.

Si Seivarden est cette fois en retrait, il y a un assez grand nombre de personnages secondaires, qui bénéficient d’assez d’attention pour être crédibles (Tisarwat), à défaut d’être toujours intéressants (Raughd étant, et de loin, le personnage ayant le plus de caractère et suscitant le plus d’attention). L’arc avec la sœur d’Awn est succinct (c’est assez surprenant, d’ailleurs) mais rondement mené.

Bilan personnages : en très net progrès par rapport au tome précédent.

Intrigue

On est aussi en droit de se poser la question suivante : quand est-ce que ça commence ? Je rappelle que c’est une trilogie, avec des romans de 400-450 pages (et pas les monstres de Peter Hamilton, par exemple, de 1000 pages et plus) à peine, et que je viens d’achever le tome 2/3. Je n’ai pas le sentiment que l’intrigue principale du cycle (scission Mianaaï + Presgers) ait beaucoup avancé dans le tome 2, personnellement. Il y a bien une intrigue, elle est plutôt bien menée et intéressante, mais elle se suffit un peu à elle-même et n’est que partiellement connectée aux événements du tome 1. Oh certes, on a un meilleur aperçu des forces en présence, mais on aurait pu croire que la montée en puissance de l’intrigue globale du cycle serait nettement plus significative dans ce tome 2. C’est comme ça qu’une trilogie fonctionne : le tome 1 présente l’univers, les personnages et les bases de l’intrigue, le tome 2 fait monter en puissance cette dernière, et le tome 3 boucle les arcs narratifs, en général dans un final en apothéose et / ou tragique. Ce n’est pas le cas ici : on a plus l’impression d’avoir un tome 1 bis qu’un tome 2 répondant à ce schéma.

Ce qui signifie une chose : le tome 3 va probablement être riche et trépidant (enfin bon, dans les limites de ce que sait faire Ann Leckie…), car du coup il va falloir y caser bien plus de choses que dans un tome 3 « normal ».

Enfin, au moins, on apprécie qu’il y ait une intrigue, et que celle-ci ne soit pas quasi-complètement dévoilée par la quatrième de couverture. Cela rend la lecture de ce tome 2 nettement plus motivante que celle du 1.

Bilan intrigue : l’intrigue globale du cycle n’avance pas vraiment, mais il y a une sous-intrigue en lien avec les conditions (sociales) locales qui est plutôt intéressante et en tout cas bien menée. Mais le sentiment est plus d’avoir affaire à un tome 1 bis qu’à un tome 2 classique de trilogie. 

En résumé et en conclusion

Je résume les différences / convergences entre ce tome 2 et le tome 1 :

  • Traduction : pas de changement (ce qui est -malheureusement- logique).
  • Narration : bilan mitigé ; elle est plus fluide du fait de l’absence de flash-back, mais est impactée par une utilisation abusive des Points de vue multiples (donnant une impression de passer du coq à l’âne, parfois sans utilité réelle pour l’histoire). J’ai toujours le sentiment que Leckie, dont c’est seulement le second roman, emploie des techniques pour écrivains plus avancés / doués qu’elle n’arrive pas à maîtriser correctement.
  • Structure & clarté : la structure est globalement plus facile à suivre que dans le tome 1, et permet un rythme plus fluide. L’intrigue est plus claire que celle de La Justice de l’Ancillaire, même si les scènes inutiles sont encore (trop) nombreuses.
  • Rythme : sans commune mesure meilleur que celui du tome 1, mais avec de grosses fluctuations (sauf dans les 115 dernières pages, où rythme et intérêt sont constants). Dans l’ensemble, un net progrès par rapport à La Justice de l’Ancillaire.
  • Univers & thématiques : aucun changement, ou presque, l’univers n’est pas significativement plus développé dans ce tome 2 qu’il ne l’était dans le tome 1 (à part tout ce qui concerne le thé, bien entendu….).
  • Personnages : en très net progrès par rapport au tome précédent. Il y a plus de personnages secondaires, qui sont plus développés et plus intéressants.
  • Intrigue : l’intrigue globale du cycle n’avance pas vraiment, mais il y a une sous-intrigue en lien avec les conditions (sociales) locales qui est plutôt intéressante et en tout cas bien menée. Mais le sentiment est plus d’avoir affaire à un tome 1 bis qu’à un tome 2 classique de trilogie.

Ma conclusion est la suivante : ce tome 2 est incontestablement meilleur que le premier, et ce sur quasiment tous les plans. Cependant, l’intrigue globale du cycle n’y avance pas vraiment (ce qui ne signifie pas que l’intrigue centrée sur les événements locaux est inintéressante, au contraire même), et le rythme fluctuant fait qu’à part dans le dernier quart, on peine à s’attacher aux événements et on finit par lire en diagonale (ce qui est d’ailleurs la seule technique valable pour éviter de faire saigner ses yeux devant le charabia que constitue la traduction très particulière adoptée). Et la question suivante se pose : après deux tomes, sur une trilogie, quand est-ce qu’on rentre dans le vif du sujet, la guerre civile Mianaaï / Mianaaï et les relations avec les extraterrestres Presgers ? Oh certes, ces aspects sont présents, mais 410 pages pour faire aussi peu avancer la chose, je trouve ça assez ahurissant, personnellement. Il faut dire que les scènes sur le thé, sa production, les luttes syndicales du prolétariat pour plus de justice dans ce secteur économique dominé par d’ignobles capitalistes sans-cœur, sa consommation, les services en porcelaine qui servent à cette dernière, ainsi que les repas, les rituels religieux et les bains prennent une telle place…

Vous attendez probablement un conseil de ma part sur le fait d’acheter ou pas le tome 2 (c’est à ça que sert ce blog, après tout) : je suis très partagé, à vrai dire. Je dirais que si vous avez lu le tome 1 (jusqu’au bout, ce qui n’est pas, et de loin, le cas de tout le monde, c’est de notoriété publique), vous pouvez éventuellement donner sa chance au tome 2, sachant qu’il est en net progrès par rapport au 1. Je vous ai donné tous les éléments de comparaison, ainsi que mon avis personnel, pour vous permettre de vous forger le vôtre.

Par contre, si, devant les avis contrastés sur le tome 1, vous attendiez les critiques sur le 2 pour vous décider à commencer le cycle, j’aurais pour vous le conseil suivant : évitez. Si le tome 2 n’est pas inintéressant, il reste seulement au niveau d’un honnête livre de SF, et il est probable que quasiment n’importe quelle autre sortie SF de ce début de printemps sera au moins aussi intéressante (et en tout cas moins exigeante, que ce soit en terme de structure -tome 1- ou de traduction très particulière -tome 1 + 2 -) en terme d’évasion de la réalité quotidienne, de sense of wonder, etc. Tout dépend en fait de ce que vous recherchez dans la science-fiction.

Autre question : et le tome 3 alors ? Là aussi, je suis très partagé. D’une part, entre deux « électrochocs narratifs », je me suis souvent prodigieusement ennuyé à la lecture de L’Épée de l’Ancillaire (même si celle-ci n’a pas été le calvaire qu’a constitué La justice de l’Ancillaire). Pourtant, je constate un net progrès, et je sens que le tome 3, bourré jusqu’à la gueule de révélations et rebondissements comme il ne pourra que l’être, pourrait être une lecture valable. En plus, je me dis qu’avoir lu deux tomes sur trois et abandonner serait un peu contre-productif et peu avisé. Mais honnêtement, dépenser encore une vingtaine d’euros pour ça et m’ennuyer pendant une partie de la lecture me semblerait presque relever du masochisme de ma part. Je ne sais donc pas, aujourd’hui, si je lirai le tome 3. Je pense que oui, mais plutôt en essayant de le gagner gratuitement (du genre dans un concours comme Masse critique sur Babelio) qu’en l’achetant. On verra. Il faut bien que quelqu’un se sacrifie pour la cause pour vous donner un premier avis sur les livres de ce cycle, non ?

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lutin sur Albedo, celle de Blackwolf,

Ce roman est le second d’une trilogie : retrouvez sur Le Culte d’Apophis les critiques du tome 1 et du tome 3.

 

 

 

10 réflexions sur “L’épée de l’Ancillaire – Ann Leckie

  1. Ah! je suis dépitée pour la traduction!!! Pas surprise car comme tu dis s’est logique! Et le contraire eu été une agréable et grosse surprise. Mais, je ne peux m’empêcher d’être déçue!
    Il y a donc du mieux dans ce deuxième tome. Après ta critique – toujours plus percutante que le roman – j’ai bien envie de le lire. Le seul point qui me fasse tiquer consiste à payer 20 € pour un livre que je vais lire en diagonale. Pour le cycle, cela sera plus de 60€ !! Alors que les désaccords en genre et les choix grammaticaux m’écorchent les yeux et l’esprit. La difficulté de la structure narrative ne m’ennuie pas, mais ce point là, si!
    Je suis très embêtée… car je sais que je vais y retrouver les défauts que tu cites.
    Ah! je suis vraiment dépitée!

    Bon, je n’ai pas trouvé l’accord musical… la lecture était trop discordante ?

    Merci beaucoup j’attendais cet article avec impatience.

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    • Merci. Non, pas d’ambiance musicale conseillée sur cette critique, ni probablement sur la prochaine d’ailleurs (il ne faut pas abuser des bonnes choses).

      Personnellement, je conseille aux gens qui hésitent d’attendre la sortie des versions poche, ça ramènera le prix du cycle à moins de 30 euros (et d’ici là, tu auras accès aux critiques des 3 versions françaises des tomes du cycle pour pouvoir t’en faire une idée plus précise). Concernant la traduction, je ne désespère pas, dans quelques années, de voir sortir une intégrale avec une traduction « révisée » (= où tout est accordé au féminin, conformément à la VO).

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  2. Merci pour cette chronique comparative ! N’ayant pas plus été emballé que ça par le premier tome, que j’ai – quand même – fini, je passe mon tour pour la/les suite/s (et te félicite pour ton sens du sacrifice !).

    Aimé par 2 personnes

    • Si tu as apprécié le premier tome, je pense qu’il y a peu de chances pour que tu n’aimes pas le second qui, de l’avis général, est meilleur que le précédent.

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